Le fémicide enfin condamné par le parlement bruxellois
Tuer une femme parce qu'elle est une femme n'était jusque-là pas une circonstance aggravante dans notre législation, contrairement à plusieurs pays d'Amérique Latine ainsi qu'en Italie. Désormais, les fémicides seront condamnés comme tels. Une proposition de résolution déposée par neuf députés bruxellois a été adoptée à l'unanimité. Elle demandait au gouvernement fédéral de reconnaître la terminologie de fémicide pour désigner les violences à caractère sexiste perpétrées à l'égard des femmes. Soit tous les actes qui peuvent détruire la vie d'une femme comme les viols et les mutilations génitales.
Les viols, mais aussi d'autres crimes
À la base, la proposition se base sur des événements qui ont eu lieu en République démocratique du Congo (RDC). Là-bas, le viol des femmes est considéré comme crime de guerre. Mais le terme fémicide englobe également d'autres réalités: l'esclavagisme sexuel, les mutilations génitales, les stérilisations forcées, l'hétérosexualité forcée ou les violences intrafamiliales et extrafamiliales.
Deux exemples flagrants de fémicide
On peut vous donner deux exemples de fémicide à grande échelle. La tuerie de l'école polytechnique à Montréal, en décembre 1889, où un homme de 25 hommes est entré dans une classe avec une carabine en demandant aux hommes et femmes de se séparer en deux groupes, en annonçant: "Vous n'êtes toutes qu'un tas de féministes, je hais les féministes". Avant d'ouvrir le feu sur elles. On pense aussi à l'affaire Elliot Rodger, un étudiant de 22 ans qui avait tué 6 personnes aux Etats-Unis en mai 2014 en expliquant: "Je suis un gars parfait, mais vous les filles, vous vous jetez dans les bras de brutes stupides... Je vais prendre un grand plaisir à vous massacrer."
Pourquoi c'est important?
Au premier abord, on pourrait se dire qu'il ne s'agit que d'une terminologie, qui n'implique pas de conséquences concrètes. Mais, il faut se rendre compte que si la majorité des homicides touche des hommes sans avoir de lien avec le genre, la majorité des femmes sont tuées parce qu'elles sont des femmes et uniquement pour cette raison. Il existe des auteurs, des causes et des circonstances parfaitement caractéristiques du fémicide (crimes d'honneur perpétrés au nom d'une tradition, violences conjugales, crimes envers des prostitués des stripteaseuses...). Mais les fémicides sont souvent banalisés et assimilés à un simple fait divers.
Et concrètement, ça change quoi?
Grâce à cette nouvelle distinction entre homicide et fémicide, des mesures seront prises pour la protection spécifique des femmes et pour la lutte contre les violences et les inégalités de genre. En plus de cela, l'introduction de ce nouveau terme permet de reconnaître les violences envers les femmes en tant que telles. Les reconnaître, c'est se confronter au problème, le crédibiliser et trouver des solutions. On attend de voir ce que cela va donner en pratique, mais on se dit d'ores et déjà qu'il s'agit d'une belle victoire.
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