La magnifique déclaration d’amour à la Belgique de Charlie Dupont
Charlie Dupont, acteur, réalisateur et producteur belge, a été grandiose hier, lors de sa tribune sur la Belgique, lors de la grande émission de commémoration des attentats du 22 mars sur la RTBF. Un texte rempli d'une infinie poésie, qui ne pouvait mieux décrire ce qui fait toute la beauté de notre Belgique.
"Mon pays n’a pas de superficie, c’est un état d’esprit. Et son symbole est un gamin qui pisse. Un "manneken" qui aurait sauvé Bruxelles en urinant sur la mèche d’une bombe. Tous ceux qui l’ont vu de leurs yeux vous le diront : "l est encore plus petit que ce qu’on imagine"... et sa grandeur est là.
La Belgique, c’est le monde entier en miniature. Le Jiminy Cricket d’un Pinocchio mondialisé. Il en faut peu pour lui faire mal. Mais on se souvient de son cri.
La Belgique meurtrie du 22 mars, c’est un enfant qui pleure. Et le monde entier pleure avec lui. Mais Manneken en a vu d’autres : il a pissé sur les nazis, chanté et déchanté l’Europe, il survit même sans gouvernement, il est wallon, il est flamand.
Il chante Arno, Johnny et Marvin Gaye. Dans les yeux de sa mère, il y a toujours une lumière : celle de René Magritte, Léon Spilliaert, Jan Fabre, des frères Dardenne, de Felix Van Groeningen ou de Jaco Van Dormael. Que les dieux fassent bien gaffe, en Belgique le ciel est bas, à hauteur d’homme. Il n’est pas bleu. Mais son gris est électrique.
Dans le cinéma français, on dit qu’un film sans acteur belge, ça porte malheur. Il paraît qu’on trimbale une "simplicité", une fragilité assumée, dont les Frenchies raffolent. Mais c’est celle de tout le pays!
Mon pays ne fait pas semblant d’être grand, il n’a pas besoin d’être grand : il est beau... d’une beauté fragile qui lui sauve la vie.
Un géant de cristal, digne et humble. Le Belge sait qu’il n’est rien, c’est sa longueur d’avance aux championnats du monde : il fait l’économie de l’arrogance.
Alors quand frappe l’absurdité morbide, le petit pays fait front, comme un géant de cristal, digne et humble, il laisse place au silence. Et puis sa petite vie reprend. Nous sommes forts, parce que nous savons que nous sommes faibles. On ne fait pas la guerre, on est au dessus de ça, comme le monde entier. Barbares, nous pissons sur vos tombes, nous pissons sur vos bombes car d'autres crachent sur vos tombes."
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