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© Laetizia Bazzoni.

Témoignage: ““J’ai 32 ans et j’assume mes cheveux blancs””

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste
Les cheveux poivre et sel ne sont pas uniquement réservés aux détenteurs de la carte sénior. Malgré le tabou qui pèse encore sur cette dépigmentation des cheveux, Elise, 32 ans, a décidé d'assumer sa crinière grise. Un choix qu'elle vit comme une libération.

"J'ai commencé à avoir des cheveux blancs très jeune, dès l'âge de 19 ans. C'est un héritage de ma maman! Au début, je n'assumais pas du tout; j'ai directement commencé à me faire des colorations, tous les mois et pendant 10 ans. Mais à 31 ans, mon copain en a eu marre de me voir me colorer les cheveux davantage par obligation sociale que par coquetterie. Il m'a dit: 'Mais pourquoi tu ne laisses pas tes cheveux au naturel?' L'idée m'a complétement horrifiée. Je l'ai pris pour un fou.

Des cheveux gris au début de la trentaine? J'allais ressembler à une sorcière! J'ai refusé catégoriquement et j'ai continué les colorations.

Mais l'idée a fait son petit bonhomme de chemin dans mon esprit, d'autant qu'après des années de coloration, mes cheveux étaient devenus extrêmement secs et abimés. Je me suis demandée si j'allais encore faire subir ça à mes cheveux pour le restant de mes jours. J'ai commencé à chercher des photos de filles aux cheveux gris sur Internet et je me suis rendu compte que ce n'était finalement pas si moche que ça. Du jour au lendemain, j'ai arrêté les colorations.

 

Transition et "bicolorité"

C'était début 2016. Ça n'a pas été facile; même les coiffeuses étaient horrifiées de découvrir tant de cheveux gris sur une jeune femme. Certaines coiffeuses rameutaient carrément leurs collègues pour leur montrer le 'phénomène'. En général, les coiffeurs ne comprennent pas la démarche. Au début, le plus difficile était de se retrouver avec les racines blanches et le reste des cheveux colorés. Cela donne un air négligé assez difficile à assumer. 

Et puis, la pression sociale est difficile à gérer aussi: quand on prend une décision aussi atypique, tout le monde se permet de faire des commentaires, alors que tu ne demandes rien à personne.

J'ai essuyé beaucoup de critiques, notamment de la part de collègues qui me demandaient si je n'étais pas trop jeune pour avoir des cheveux blancs. La palme revient tout de même à celui qui m'a dit: 'Si tu continues, ton copain va finir par te tromper.' Mais à côté de ça, plusieurs hommes me complimentent et aimeraient que leur femme assume également. Ils n'aiment pas les voir se colorer les cheveux chaque mois. En tous cas, mon Chéri m'encourage. Je reçois aussi beaucoup de soutien de la part des membres d'un groupe Facebook qui rassemble des femmes dans le même cas que moi.

 

Quand le naturel dérange

Ce qui est fou, c'est que j'ai une collègue qui se colore les cheveux en bleu, rose... toutes les couleurs de l'arc-en-ciel y passent. Tout le monde a l'air de trouver ça plus normal que le fait que j'assume ma couleur naturelle.

Je trouve dingue qu'on en arrive à un point où le naturel dérange. Cela prouve que nous entretenons un rapport à la vieillesse très tabou. Si plus de jeunes femmes assumaient leurs cheveux blancs, le tabou s'amoindrirait et les gens finiraient par trouver ça joli.

Finalement, les trentenaires aux cheveux blancs sont moins rares que ce que l'on ne l'imagine. J'ai bon espoir en l'avenir. Nous entrons dans un période où le naturel a le vent en poupe, dans tous les domaines, y compris dans celui de la beauté. Pour le moment, mon choix reste assez marginal, mais cela va changer."

 

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