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© Corbis

Témoignage: ““Mon ex m’a mise enceinte””

Après une histoire de 5 ans, Angélique, 23 ans, met un terme à sa relation avec son compagnon. Quelques semaines plus tard, elle découvre qu'elle attend un enfant de lui.

"Le test de grossesse était clair: j'allais devenir maman. Maman, mais sans papa, car mon mec et moi venions tout juste de nous séparer. J'ai fait une syncope au boulot, c'est ce qui m'a conduite chez le médecin. Je pensais que c'était à cause de la rupture – c'était violent tout de même, après cinq ans – mais il s'est avéré que j'avais un bébé dans le ventre. Une grossesse, ce n'était pas tout à fait l’image que je me faisais de mon nouveau bonheur...

 

La solution: avorter

J'ai prévenu mon ex, qui n’avait aucune intention non plus d'avoir un enfant. La solution, c'était l'avortement. Sur ce point, nous étions d'accord. Je suis donc allée chez le gynéco, afin de prendre rendez-vous pour une IVG. J'avais 21 ans, j'étais célibataire et j'étais tombée enceinte par accident: j'avais toutes les raisons de demander une interruption de grossesse.

 

Sûre de ma décision, je suis allée avec ma mère chez le médecin, qui m'a dit: 'Vous êtes enceinte de quatre mois et demi. Le monde s'est écroulé. Ce n'était pas 'juste' un fœtus de quelques semaines, c'était 'déjà' un bébé. Un bébé que je ne pouvais plus faire partir.

Je n'arrêtais pas de me répéter: je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas! Mais je ne pouvais plus rien y faire.

 

Deux jours à pleurer

J'avais 21 ans, qu'allais-je faire d'un bébé? Toute seule, en plus! J'étais terrifiée. Je voyais ma vie s'effondrer. J’ai pleuré tout le week-end, sans pouvoir m’arrêter. Mes parents étaient en colère, ils avaient aussi peur que moi. Tout semblait sans issue.

 

En dernier recours, je suis allée voir ma sœur. Elle-même est maman célibataire de trois enfants. 'Tu vas garder l'enfant, m'a-t-elle dit, et tu vas t'en sortir. Tu seras heureuse.' Je ne sais pas comment l'expliquer, mais ce qu'elle m'a dit m'a redonné confiance en moi. Ça a été le déclic.

Cet enfant m'avait choisie pour être sa maman. Je ne pouvais plus faire marche arrière, je devais assumer. C'est là qu'est venu l’émerveillement, la prise de conscience: un petit miracle poussait dans mon ventre.

 

J'étais prête, j'allais y arriver. Une fois le choc passé, mes parents m'ont énormément soutenue. Mes amis ont été là pour moi, ma famille a réagi de façon adorable et s'est montrée aux petits soins. Peu à peu, j'ai pris confiance. Ce n'était pas mon choix à la base, pas mon idéal de vie, mais l'enfant était là, je devais me donner à fond. Jamais, il ne devrait ressentir qu’il n'était pas désiré, jamais il ne devrait penser que je ne l'aime pas. Je n'avais plus beaucoup de temps devant moi, mais les derniers mois m'ont aidée à me préparer à mon nouveau rôle de maman.

 

Du pur bonheur

Ma mère et ma nièce étaient près de moi à l’accouchement. Forcément, il y avait un peu de tristesse, car en général, vous accouchez avec votre amoureux, le futur papa à vos côtés. Le moment fut pourtant incroyablement beau. Ce petit être sans défense qui m'avait été offert, a balayé toute ma peine, toutes mes larmes et tous mes doutes. J'ai pensé: 'Je vais bien m'occuper de toi. Pour toi, je vais essayer d’être la meilleure des mamans.'

 

Aujourd’hui, Mathis a 15 mois et c'est un merveilleux petit bonhomme. Je suis devenue plus adulte depuis que je suis maman. Je suis encore jeune, mais je réfléchis à mon avenir, à notre avenir. Tout ce que je veux, c'est ce qu'il y a de meilleur pour mon petit garçon: un bel avenir, de la sécurité...

Son père ne l'a jamais vu. Je l'ai prévenu que j'avais accouché, mais il n'est pas venu.

Il a une autre copine maintenant, une autre vie. Ce n'est pas grave, je n'ai pas besoin de lui. Si un jour, Mathis veut le rencontrer, je ne l'en empêcherai pas. Je ne lui dirai jamais de mal de son papa. Ça n'a pas marché entre nous, mais au final, il m'a fait le plus beau des cadeaux."

 

 

Interview: Frauke Joossen. Photo: Joost Joossen. Adaptation: Stéphanie Ciardiello. Coordination: Claire Debongnie.

 

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