Témoignage: ““Il menait une double vie””
"Jean, l'homme qui a fichu toute ma jeunesse en l'air, est mort, il y a quelques semaines. Sur son épitaphe, il était écrit: 'un homme fantastique, un père incroyable et un compagnon aimant.' À la lecture de ces quelques mots, j'ai eu tout simplement envie de vomir. Je me suis retrouvée dans une rangée d'une centaine de personnes venues lui dire adieu. Au milieu de tous ces gens, j'étais juste une anonyme, une simple 'copine' du défunt, au même titre que plusieurs autres. Car, apparemment, j'étais loin d'être la seule avec qui il trompait sa femme. Il a fallu qu'il décède pour que je le réalise. Quant à elle, elle ne se doute absolument pas de ce qui a bien pu se passer entre son homme et moi. Pour elle, j'étais juste "la voisine".
Seule pour affronter la douleur
J'ai connu Jean quand j'avais 17 ans. A l'époque, je venais de rompre et j'avais le cœur brisé. Cet homme qui avait 11 ans de plus que moi est arrivé à point nommé pour m'offrir le soutien dont j'avais besoin à ce moment critique de ma vie. Peu de temps après le début de notre relation, j'ai découvert que j'étais enceinte. Après 4 mois, les médecins m'ont annoncé que ma grossesse était extra-utérine et que je devais avorter. Cette fois, Jean n'a pas été là pour moi. Il a prétendu qu'il avait besoin, lui aussi, de temps pour encaisser le choc. Je me suis donc retrouvée toute seule à l'hôpital, prête à perdre mon bébé déjà mort à l'intérieur de mon ventre.
Vivre dans le secret
Deux mois plus tard, ma mère m'a appris qu'au même moment, la femme de Jean était tombée enceinte. Contrairement à mon bébé, le sien était viable. Jean m'a donc fait comprendre qu'il souhaitait se recentrer sur sa relation avec sa femme. Après cette annonce, il m'a encore envoyé deux messages dans lesquels il me demandait comment j'allais et puis plus rien. Et comme si le chagrin et l'humiliation ne suffisaient pas, Jean n'a rien trouvé de mieux que de s'installer en face de chez moi. Son enfant, je le voyais donc tous les jours. Et le pire, c'est que j'ai même reçu des menaces du père de Jean: si je racontais quoi que ce soit à sa femme, il me jurait de faire de ma vie un enfer. Dans notre village, tout le monde était au courant de sa double-vie. Tout le monde, sauf sa femme. Lorsque son enfant était encore tout petit, on se voyait encore lui et moi. C'est à ce moment qu'il m'a expliqué qu'il devait se marier. Il disait que c'était à cause du bébé. Mais il en est vite né un second.
Comment a t-il osé?
Il y a quelques années, il est tombé très gravement malade: cancer. Bien que tout le village ait été parfaitement au courant de son comportement, les gens se sont largement mobilisés pour le soutenir dans son combat. Ça m'a beaucoup choquée. Je ne comprenais pas qu'un tel goujat puisse susciter de telles marques de sympathie, alors que moi, je devais souffrir en silence. Quelques mois avant sa mort, il a souhaité me parler. Il voulait mourir en paix. J'ai accepté de l'écouter, mais à l'intérieur de moi, je n'en pensais pas moins. Comment pouvait-il encore oser espérer que je lui pardonne? Franchement, je n'en sais rien.’
Et si...
Sa mort m'a évidemment fait beaucoup de peine. Je l'ai détesté, c'est vrai. Mais pas au point de souhaiter qu'il parte. Même après tout ce qu'il m'a fait subir, il ne méritait pas de mourir. Ce que je ne saurai jamais, c'est ce qui se serait passé si mon enfant avait vécu. Serions-nous devenus un couple à part entière? L'aurait-il quittée pour moi? Ou serais-je restée la pauvre fille de l'ombre? La maîtresse? Celle qu'on cache? Cette réponse, je ne l'ai pas et je ne l'aurai jamais. Ce qui me fait le plus de peine dans tout ça, c'est de voir ses deux enfants jouer de l'autre côté de la rue. Surtout l'aîné, forcément. Tout ce que j'espère, c'est que je vais finir, moi aussi, par avoir un bébé avec un homme fantastique, qui m'aime et qui n'aura besoin que d'une seule femme dans sa vie: moi."
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