Cette semaine avec Flair, une histoire érotique d’Anja Feliers

JESSIE

Lorsqu’il a ouvert la porte, il a semblé surpris par le bruit des basses et il a hésité à entrer. Le volume de la musique avait l’air de le perturber. Timidement, il s’est mis à chercher de l’aide du regard. Il a bombé le torse, levé le menton, comme pour se donner du courage, et a fini par avancer dans le café. Quand il s’est mis à scruter les lieux, j’ai compris que c’était lui. Il avait la même tête que sur sa photo de profil.

J’ai fait un clin d’œil à Stéphanie, mon amie et collègue, qui avait elle aussi compris. “C’est lui”, lui ai-je dit, même si c’était inutile. Je me suis levée de mon tabouret et j’ai subtilement essayé d’attirer son attention. Quand nos regards se sont croisés, et qu’il a compris que j’étais son rencard, il a souri. Il s’est frayé un chemin parmi la foule pour venir à ma rencontre.

– “C’est toi”, a-t-il dit une fois qu’il était en face de moi. Sa voix trahissait son soulagement. Je lui ai souri. Puis, je me suis penchée vers lui pour déposer un baiser sur sa joue.

Il m’a regardé d’un air désarmant.

– “Tu es Jessie”, a-t-il insisté.

– “Oui, et toi tu es Jack.”

Il a souri de manière gênée.

– “Et voici Stéphanie, mon acolyte”, ai-je ajouté en lui montrant mon amie.

Jack lui a fait un léger petit signe de la tête et Stéphanie lui a répondu par un clin d’œil sans équivoque.

– “Mon copain s’apprête à nous rejoindre”, lui a-t-elle dit.

– “Ne t’inquiète pas, je ne resterai pas pour tenir la chandelle”, a-t-elle ajouté pour le rassurer.

Jack a acquiescé et n’a pas répondu à Stéphanie. Il s’est à nouveau tourné vers moi.

– “C’est ton arme secrète.”

– “Tu m’as cernée”, ai-je ri.

– “Tu avais peur d’être déçue par ce rendez-vous. Que je te déçoive”, a-t-il constaté.

J’ai nié ses accusations.

– “Jusqu’ici, tu me plais”, ai-je préféré lui dire en toute honnêteté. “Tu es aussi beau que sur ta photo de profil”. J’ai fait un mouvement dans l’air comme si je cochais une case: check.

– “Personne n’est jamais aussi beau en vrai que sur sa photo de profil”, a dit Jack.

Il s’est arrêté de parler et s’est mis à me regarder. J’ai senti ses yeux se poser sur mon corps et la sensation m’a plu. J’ai compris que, moi aussi, je lui plaisais.

– “Peut-être que tu es l’exception à la règle”, a-t-il ensuite ajouté.

J’ai éclaté de rire et je lui ai glissé quelques mots à l’oreille. “C’est une bonne technique de drague. Tu l’utilises souvent ?”

Jack m’a souri, préférant laisser planer le mystère. Ses appréhensions semblaient s’être envolées.

– “Qu’est-ce que tu bois ?” m’a-t-il demandé ensuite.

Son regard s’est attardé sur le mojito à moitié vide qui était posé devant moi.

– “Oui, ai-je acquiescé. Je vais en prendre un deuxième…”

J’ai terminé mon verre en quatrième vitesse pendant que Jack commandait à boire pour nous trois.

L’écran de mon iPhone s’est soudainement allumé.

Je l’ai pris entre mes mains, j’ai regardé le message qu’on m’avait envoyé, je l’ai supprimé immédiatement, et j’ai rangé mon téléphone.

Il fallait que je me concentre sur Jack. Sur Stéphanie. Sur cette soirée. Sur ce que j’étais venue chercher. Sur ce rendez-vous que j’avais organisé uniquement dans le but de cacher mes vraies motivations. C’était difficile. De plus en plus difficile mais aussi de plus en plus clair. J’étais convaincue que tout ça en valait la peine. Que la fin justifiait les moyens. J’avais attendu assez longtemps. J’avais longtemps cherché la solution. Longtemps cherché des alternatives mais, en réalité, il n’y en avait aucune. Ou, du moins, pas celles que j’espérais. Je voulais ce qu’il y a de mieux et je ne me serais pas contentée de moins.

Deux mojitos plus tard, je jetais un nouveau coup d’œil à mon téléphone. Il était temps que je passe à l’action.

– “Il faut que j’aille aux toilettes”, ai-je dit à Stéphanie, juste assez fort pour que Jack puisse m’entendre aussi.

– “Tu feras attention à Jack ?”, ai-je ajouté en souriant.

Je me suis levée, j’ai délicatement attrapé Jack par la taille. Puis, je me suis dirigée vers les escaliers, vers la cave, où se trouvaient les toilettes.

J’ai fermé la porte, je me suis dirigée vers le miroir et j’ai déposé mon sac à main sur l’évier. J’ai sorti mon eyeliner de ma trousse et j’ai dessiné un trait noir sur le dessus de ma paupière.

Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrait à nouveau. Je n’ai pas eu besoin de regarder. Je savais que c’était lui. Comme prévu. Pile à l’heure. J’admirais son sens de la ponctualité.

Sans dire un mot, il s’est glissé derrière moi et a collé son corps contre le mien.

– “C’est là que tu étais”, a-t-il dit.

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