À VOIR: ““On ne peut plus rien dire””, le court-métrage choquant sur le racisme
Le racisme, de l’histoire ancienne ? Cette étudiante en école de cinéma a décidé de faire un film pour montrer à quel point ces discriminations sont hélas toujours autant d’actualité dans notre société. La jeune femme les subit elle-même chaque jour en raison de sa coupe afro.
À 19 ans, lorsque Néhémie Lemal décide de changer de coiffure et se met à porter la coupe afro, elle ne s’attend pas à ce que cela suscite autant de violence verbale et de gestes racistes. « Les gens me tirent les cheveux pour savoir si c’est des vrais ou me demandent de prendre des photos avec eux comme si j’étais une bête de foire » explique la jeune femme. Cette française ne pensait pas que pareille xénophobie était encore d’actualité dans son pays.
Le déni
Étudiante à Lyon, elle reçoit pourtant au quotidien des remarques ou des insultes telles que « sale singe » ou « sexy banania ». Ses amis et sa famille refusent de voir ce qu’elle affronte au quotidien et lui conseillent de changer de coiffure pour ne plus se faire ennuyer. Ses proches ne comprennent pas ce qu’elle vit, ne veulent pas voir cette injustice, trop dure à accepter et préfèrent rester dans le déni. Néhémie se sent seule face à tous et « fuit » comme elle le dit, en abandonnant sa coupe afro. Mais un an plus tard, elle décide de ne plus se cacher et de ressembler à celle qu’elle a envie d’être et non celle que les autres cautionnent.
L’afro n’était pas un choix politique à la base c’était juste pour moi, j’aime cette coiffure c’est tout
Le racisme continue, tout comme les remarques incessantes…mais Néhémie s’accroche et décide de les affronter. Un jour, elle apprend qu’une de ses connaissances à la recherche d’un appartement s’est vu refuser un logement sous le prétexte : « Nous n’acceptons pas les garants noirs ». Ce n’est pas cette phrase qui choque le plus Néhémie, mais la réaction de ce jeune homme qui a rit en entendant cela.
Un film pour lever le voile sur ce racisme devenu ordinaire
Elle se dit alors qu’il faut agir contre ce racisme face auquel on ne s’insurge plus, tellement il est devenu banal. « Jusqu’où allons-nous accepter tout ça ? Jusqu’où allons-nous essayer de changer ce que nous sommes pour nous faire accepter ? », songe-t-elle. C’est le déclic qui pousse Néhémie à faire son court-métrage : On ne peut plus rien dire, en référence à cette expression très souvent employée par les gens racistes lorsqu’on les met face à leurs propos.
19 min pour parler à ses proches
Son film est tourné uniquement avec des membres de sa famille. Et ce, car c’est à eux qu’elle veut s’adresser avant tout. Les images sont touchantes et nous offrent le portrait d’une famille unie et bienveillante qui pour protéger Néhémie, préfère fermer les yeux sur cette violence. Sa mère par exemple lui demande plusieurs fois « Tu es sûre que ces gens ne te regardent pas avec insistance parce qu’ils te trouvent belle ? » Un amour maternel qui occulte toutes les remarques blessantes et les propos racistes pour ne voir que le bon côté des choses et rassurer sa fille. Ses frères et sœurs eux affirment ne pas vraiment avoir été victimes de racisme mais livrent des témoignages poignants qui prouvent le contraire. Le but du film était de mettre les membres de sa famille face à leur déni et c’est réussi. Ce n’est jamais d’un ton accusateur ou teinté de reproches mais toujours de manière douce, que la jeune fille expose sa douleur et l’injustice qu’elle ressent chaque jour.
Un combat de tous les jours
De par ses cheveux naturels, Néhémie est devenue la cible de nombreux individus qui voient en cette coiffure quelque chose de dérangeant. Il ne s’agit pourtant au départ que d’une décision esthétique pour Néhémie, « L’afro n’était pas un choix politique à la base c’était juste pour moi, j’aime cette coiffure c’est tout » or cette coupe est finalement devenue l’origine d’un combat engagé. L’occasion de lutter contre ce racisme que beaucoup pensent éteint mais qui continue d’exister et de persécuter. En visite à Bruxelles pour la projection de son court-métrage au bar The Judgy Vegan, elle anime le débat post-visionnage et éveille les consciences en partageant son vécu et ses idées. Un moment d’échange fort où Néhémie l’avoue elle-même « Moi aussi je dis sûrement des choses racistes sans m’en rendre compte, sans même en avoir conscience, parce que le racisme est internalisé, il est inscrit dans notre société même si on ne le voit pas et c’est en ouvrant les yeux qu’on peut le combattre ».
Rendez-vous sur son compte Instagram afin de connaître les prochains lieux de projection de son film. En espérant qu’il soit aussi largement diffusé que possible.
https://www.instagram.com/p/BwchH9GAAaI/
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