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Amir évoque avec nous le deuil de sa maman: ““Toutes nos perspectives se modifient quand on perd un parent””

C’est un Amir bousculé par le deuil, la guerre et le monde qui l’entoure, que l’on retrouve sous le feu des projecteurs. Avec un album (C Amir) brut, authentique, sur lequel il nous dévoile des facettes jusqu’ici insoupçonnées du chanteur et de l’homme qu’il est.

Nous avons rencontré l’artiste dans le cadre du NRJ Live lors duquel il a présenté son album en avant-première à quelques chanceux·ses.

Vous avez disparu de la scène médiatique après avoir appris la maladie de votre maman. Vous avez fait votre retour sur Instagram pour nous annoncer son décès. C’est la 1re publication sur votre page, comme un nouveau départ. Vous avez le sentiment qu’un enfant, quel que soit son âge, doit réapprendre à vivre, renaître après avoir perdu un parent?

« Je ne m’en étais pas rendu compte. Durant la période de sa maladie, j’ai effacé tout ce qu’il y avait sur mon compte. J’ai disparu. Je n’étais plus capable de me retrouver dans cette position de figure publique, en représentation, alors qu’on traversait le pire avec ma famille. Quand elle est partie, il a fallu que j’annonce son décès. Ce post est donc le premier sur ma page. Je n’avais pas fait le lien mais c’est vrai que ça symbolise une forme de renaissance en tant qu’orphelin. Toutes nos perspectives se modifient quand on perd un parent. Ma mère était un personnage central de ma vie. C’est une très grande perte. »

Votre nouvel album s’appelle C Amir, qui est aussi l’anagramme de son prénom, Carmi. Vous avez conçu ce disque comme un hommage à votre maman?

« Je savais que je lui rendrais hommage sur cet album parce que mes chansons sont le prolongement de qui je suis et que sa disparition m’a fortement impacté. C’était inévitable. Et puis, j’ai regardé son prénom, Carmi, et le mien, Amir. J’ai réalisé qu’on avait quasiment toutes les mêmes lettres. Je me suis dit ‘Ma mère, c’est moi. Cet album, c’est moi’. Le choix du titre a été immédiat. J’ai ajouté cette faute, ‘C Amir’, parce que j’estime qu’il y a eu une erreur de calcul. Je n’aurais pas dû me retrouver sans elle. »

J’ai longtemps projeté une image idéalisée de ma personne. Je ne montrais que ce qui allait bien. Je ne parlais pas de mes failles, de mes fêlures. 

Vous dites que c’est votre album le plus personnel, mais n’est-ce pas ce que disent tous les artistes?

« En tout cas, pour la première fois, j’ai fait sauter les barrières. Je crois que, par le passé, même si c’était inconscient, j’écrivais des chansons en faisant très attention à ce que les autres allaient en penser. J’étais plus lisse que ce je ne suis réellement. Je projetais une image idéalisée de ma personne. Je ne montrais que ce qui allait bien. Je ne parlais pas de mes failles, de mes fêlures. »

C’est vrai qu’on vous a toujours collé cette étiquette de mec solaire… Un peu à tort?

« Non. Aujourd’hui, plus encore que jamais, je réalise à quel point la vie est temporaire. Je veux en faire quelque chose de bien, de bon. Je n’aime pas le côté sombre. Je ne l’aurais jamais choisi. Mais, les événements ont fait que j’ai connu la tristesse. Ce qui ne veut pas dire que je suis devenu quelqu’un de très triste. Mais, j’ai revu mes priorités et j’ai réalisé que se poser 1 million de questions avant de faire une chanson était superflu. Je savais aussi que, ma thérapie, ce serait de faire cet album qui est un condensé de vérité. »

Sur le titre Mal agir, vous évoquez ces pensées noires qui vous ont envahi après le décès de votre maman.

« Ce sont des pensées qui m’ont traversé l’esprit une demi-seconde mais, en les chantant, je leur donne une place, je les assume. Ça me permet de réaliser leur gravité. Quand on est très très mal, on n’a peut-être pas la démarche active de vouloir se flinguer, mais on se dit ‘si par hasard il nous arrivait quelque chose, ce ne serait peut-être pas si grave.’ C’est dur à porter une grosse peine, une grosse déception de la vie, de Dieu. Cette chanson raconte le désarroi, le manque de moyens qu’on a quand ça arrive. »

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Heureusement, il y a les enfants. Vos 2 garçons vous ont-ils aidé à vous relever?

« C’est la force première. C’est grâce à eux que j’ai retrouvé le courage, l’envie. Ça commence par les enfants, ça continue avec la musique. »

Et puis, il y a l’amour, que vous chantez avec beaucoup de justesse. La relation de vos parents a-t-elle fait de vous un grand romantique?

« Je les ai toujours trouvés exemplaires. C’était un couple très réaliste. Ils n’en faisaient pas trop mais ils s’aimaient puissamment et ça s’est ressenti quand mon père a su qu’il allait perdre ma mère. Il était à fleur de peau. Il a compris que sa vie ne serait plus du tout la même. Complémentaires s’inspire de leur histoire mais je leur ai dédié une chanson qui me transporte à un endroit où, évidemment, je n’aurais jamais pu être: leur 1er slow. C’est un moment où je les imagine intouchables et joyeux. »

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Avec du recul, pensez-vous que le chagrin, la souffrance peut aussi nous faire grandir d’une certaine façon?

« Je ne pense pas que ce soit la meilleure façon d’apprendre dans la vie. Ce que je crois, c’est que, quand la souffrance nous tombe dessus pour la 1re fois, on se demande comment on va survivre. Une fois qu’on a survécu, on sait à quoi s’attendre. Ça ne rendra pas les prochaines souffrances plus faciles mais ça nous armera peut-être davantage à les affronter. »

Sur Ma belle, vous citez Victor Hugo qui écrivait « La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste ». Vous pensez qu’on peut être heureux d’être malheureux?

« Je pense qu’on peut être heureux d’avoir été triste. Se complaire dans la tristesse, ça me paraît quand même conceptuel comme approche. Sauf peut-être si la tristesse est bien dosée. Qu’elle nous permet de prendre du recul, de calmer l’euphorie de la vie… Tes questions sont très philosophiques mais, je me laisse cueillir (sourire). »

Sur une note moins philosophique – quoique – cet album, c’est celui de vos 40 ans. Qu’est-ce qu’il représente pour vous ce cap?

« C’est juste un chiffre. Même si, plus on vieillit, moins le chiffre est sympa. Cet album est plus mûr, plus franc que ses prédécesseurs mais ce n’est pas dû à mon âge. C’est dû aux événements personnels et collectifs que nous avons vécus. »

Parmi ces événements bouleversants, il y a eu le massacre du 7 octobre en Israël, que vous évoquez sur Supernova. C’était impensable pour vous de ne pas vous exprimer sur ce sujet?

“ Tout à fait impensable. Pour tout vous dire, l’écriture de cet album devait débuter le 8 octobre 2023. On avait fixé la date des mois auparavant. Le 7 octobre, il se passe ce qu’il se passe. On décide de maintenir le rendez-vous. On se réunit. On était 8. On était livides. Tout le monde était choqué. Peu importe nos origines. On a réalisé qu’il y avait trop de peine, trop de brouillard, qu’on avait besoin de digérer tout ça et on est rentrés chacun chez soi. On s’est retrouvés 3 mois plus tafd. L’événement du 7 octobre était tellement marquant, lié à la musique (l’attentat a eu lieu au sein d’un festival musical, ndlr), qu’il fallait que je dénonce ce qui s’était passé au travers d’une chanson. Des centaines de personnes ont perdu la vie alors qu’elles étaient amoureuses, ivres, heureuses. C’est tellement traumatique de passer de l’euphorie au cauchemar. »

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Vous concluez l’album sur un message de paix. Le monde ne l’est pas encore, en paix, mais vous, vous l’avez retrouvée cette paix intérieure?

« Je suis plus serein car je me suis libéré de plein de choses. Cette chanson, La paix, je l’ai écrite dans le but de voir le public la chanter avec moi, d’en faire un instant de prière, pour que la paix nous pardonne et revienne parmi nous. C’est un cri d’espoir, peut-être un peu utopiste. »

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Après avoir présenté son album lors d’un NRJ Live, Amir sera en concert le 13 décembre 2025 à Forest National (Bruxelles). Infos: Ticketmaster.be.

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