Benoît Mariage: ““Le rôle était pour François Damiens””
On pourrait dresser un parallèle entre ces gamins africains qui rêvent de réussir sur le terrain et les jeunes filles qui rêvent de devenir actrices ou mannequins...
"Tout à fait, c'est la même histoire. L'attraction de la lumière, de l'argent... Pas mal d'ados de pays pauvres s'identifient aux stars du foot ou des médias, des gens comme eux, issus du peuple, qui ont réussi. Même pour les parents, c'est la seule voie envisageable pour faire vivre la famille."
Après "Le monde nous appartient" et "Je suis supporter du Standard", c'est le 3e film belge à parler de football en moins d'un an... Une nouvelle tendance?
"Je ne pense pas (rires). Mais ce ne sont pas vraiment des films sur le football. Moi qui suis amateur de foot, rien ne peut remplacer l'intensité et la dramaturgie d'un match. Par humilité, on ne s'y frotte pas. Mais on peut parler du foot via des tas d'angles. Dans notre cas, l'idée du film est née après avoir vu un documentaire sur des joueurs ivoiriens parachutés dans un club flamand. On a creusé l'idée, j'ai rencontré un agent de joueurs hors de tous clichés, j'ai planché sur l'aspect dramatique, les rêves de ces gamins qui misent tout sur le foot pour sortir de la misère... C'est une fable contemporaine sur la société de consommation, la fascination pour l'argent... Et puis, j'aimais aussi l'idée d'envoyer Ben en Afrique (sourires)!"
Les gens le reconnaissaient-ils en Côte d'Ivoire, où vous avez tourné le film?
"Pas dut tout, ils ne savaient absolument pas qui il était! C'était même assez drôle, car il y avait une chaise à son nom sur le tournage et il ne savait jamais s'y asseoir, elle était toujours occupée. Il en a eu marre, il a pris un feutre et a écrit dessus 'DANGER'. Du coup, les gamins l'appelaient Monsieur Danger! (Rires)"
C'est la 3e fois que vous le dirigez sur un long métrage. Quels sont les avantages et inconvénients à bosser entre amis?
"Ben a aimé le scénario, mais je crois que le fait que ce soit moi qui le dirige l'a poussé à dire oui tout de suite... Je ne sais pas s'il l'aurait fait avec un autre réalisateur. Il faudrait le lui demander. L'avantage quand on se connaît bien comme nous c'est qu'il faut moins se parler, on se comprend tout de suite, il a comme une évidence. Par contre, il faut justement faire attention à ça, ne pas croire que tout est acquis."
Vous songiez d'office à lui en rédigeant le scénario?
"Forcément, quand on connaît la gouaille de Ben, on se dit que le rôle était écrit pour lui. En fait, au départ, j'avais envie de travailler avec François Damiens. Après deux longs avec Ben, j'avais envie d'alterner. Mais par rapport à la relation paternelle qui se lie entre le personnage de Ben et le joueur africain, François était encore trop jeune. Entre le joueur et lui, ça aurait plus donné une relation entre frères, entre potes. Ça collait mieux avec Ben."
Ce personnage est un peu le prolongement de ceux qu'il jouait dans "Les Convoyeurs attendent" et "Cowboy"...
"Oui, ce sont chaque fois des hommes qui vont vers des prises de conscience personnelle. Je ne sais pas parler de tout, je décline des thèmes qui me sont proches... Je radote malgré moi (rires). Promis, je vais aborder d'autres thèmes la prochaine fois!"
Pourquoi pas un portrait de femme?
"Ça me titille, j'avoue. Un de mes amis m'a fait remarqué que je ne faisais jamais de film charnel, d'histoire d'amour... Pourtant, je pense avoir une part féminine assez développée. J'adore par exemple les portraits de femmes dans les films de Jane Campion. J'espère y parvenir un jour!"
"Les Rayures du zèbre", dans les salles à partir du 5 février 2014 Retrouvez aussi l'interview de Benoît Poelvoorde dans Flair du 05/02/14
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