ON A VU : ““Blonde””, le film Netflix inspiré de la vie de Marilyn Monroe
Le film « Blonde » inspiré de la vie de l’icône Marilyn Monroe est numéro 1 des programmes les plus regardés sur Netflix depuis sa sortie. Largement romancé par des épisodes de fiction, le film d’Andrew Dominik divise la critique.
Sorti le 28 septembre dernier, « Blonde » connaît un succès fulgurant sur Netflix. Après des semaines de teasing, le film réalisé par le réalisateur néo-zélandais Andrew Dominik attire la curiosité du public qui se lance dans un visionnage de 2 h 45 qui alterne entre plans en couleurs et scènes en noir et blanc. Loin d’être un biopic fidèle à la vie et le parcours de Marilyn Monroe, le film s’inspire seulement de la vie de l’actrice et est une adaptation cinématographique du livre « Blonde » de Joyce Carol Oates. Cette dernière décrit dans son ouvrage la cruauté et le machisme d’Hollywood qui ont peu à peu brisé une actrice adulée de tous. De son enfance difficile entre un père absent et une mère psychologiquement instable à l’apogée de sa carrière, on suit Marilyn Monroe sous les traits de Ana de Armas, entre tourments et violences.
Lire aussi : ON A VU : « Les combattantes », la série qui met à l’honneur les femmes dans l’effort de guerre
Ce portrait-fiction réinvente audacieusement la vie privée tumultueuse de la légende hollywoodienne Marilyn Monroe…ainsi que le prix de sa célébrité.
nous décrit le synopsis de Netflix. En effet, on suit la star dans son milieu familial compliqué puis dans ses relations aux hommes où Marilyn est tour à tour abusée, battue, insultée, objectifiée, rabaissée, et finalement détruite psychologiquement. Si on pense au début du film que ce dernier va être une sorte de manifeste féministe sur la manière dont cette star intemporelle a été victime du sexisme de l’époque, on est très vite envahie par une impression dérangeante.
Notre avis
Bien que le film soit un portrait-fiction, on peine à retrouver des éléments réels de la vie de l’artiste. La plupart des éléments du film sont inventés de toutes pièces, comme (attention spoiler) son ménage à trois avec Cass Chaplin et Eddie Robinson, mais aussi ses avortements forcés, elle qui a en réalité été victime de trois fausses couches. On perd très vite le fil de l’histoire qui dure presque trois heures, occupée à chercher sur le web si tel ou tel passage est réellement arrivé. Mais au-delà de la confusion sur les éléments réels et fictionnels, on regrette également que sa carrière lui soit presque enlevée. Dans le film, Marilyn Monroe doit ses débuts au cinéma à un viol puis voit sa carrière dictée par des hommes, son agent, ses différents maris… Même ses grands succès et ses consécrations ne sont pas montrés comme des exploits artistiques qu’elle a accompli, mais plutôt comme des rôles subis. Son succès semble uniquement reposer sur son apparence et non son talent. Il est tout de même intéressant de voir que la comédienne faisait une distinction entre son personnage de Marilyn Monroe et sa vie quotidienne sous le nom de Norma Jeane, et de se rendre compte que contrairement aux apparences Norma Jeane au fond n’était pas toujours heureuse d’être Marilyn Monroe. On est également bouche bée par la prestation de Ana de Armas qui incarne la star à la perfection et livre une performance grandiose.
Un film qui divise
Si certains voient l’interprétation du réalisateur comme une manière de dénoncer l’oppression subite par les femmes dans les années 50 à travers des scènes très crues, d’autres trouvent le film extrêmement choquant. Beaucoup accusent le long-métrage de faire passer Marilyn Monroe pour une femme hystérique ou atteinte de problèmes psychotiques. D’autres le trouvent réducteur ne représentant pas la grande carrière de l’actrice, la réduisant à ses traumatismes sans mettre en lumière ses victoires et certains dénoncent même une fétichisation du mal-être et de la souffrance de l’actrice comme la top-modèle Emily Ratajkowski. Cette dernière a déclaré au sujet du film : « Je ne suis pas surprise d’apprendre que c’est encore un autre film fétichiste de la douleur féminine même dans la mort. Nous le faisons de très nombreuses manières, mais je veux que cela change. Regardez Amy Winehouse, regardez Britney Spears, regardez la façon dont nous sommes obsédés par la mort de [la princesse] Diana. » Elle poursuit : « Vous savez ce qui est un peu difficile à fétichiser ? La colère. Alors, j’ai une proposition. Je pense que nous devons toutes être un peu plus énervées. Je vais être dans ma « bitch era » 2022. »
Une scène problématique considérée comme “propagande anti-avortement”
La mannequin n’est pas la seule à critiquer le film. Le planning familial américain a également pris la parole pour dénoncer une scène du film accusée de relayer un message anti-avortement. En effet, grâce à des images de synthèse, une scène montre le fœtus de Marilyn Monroe en train de lui parler en disant « Tu ne me feras pas de mal cette fois-ci, n’est ce pas ? » Une scène que l’on a trouvée extrêmement dérangeante à regarder, et qui a fait réagir le planning familial : « Alors que l’avortement est un soin de santé sûr et essentiel, les fanatiques anti-avortement ont longtemps contribué à la stigmatisation de l’avortement en utilisant des descriptions médicalement inexactes des fœtus et de la grossesse. Le nouveau film d’Andrew Dominik, Blonde, renforce leur message avec un fœtus parlant en images de synthèse, représenté comme un bébé complètement formé. » Caren Spruch, directrice nationale de l’engagement dans les arts et le divertissement et de la fédération américaine du planning familial ajoute au micro de « The Hollywood Reporter » : « Le Planning familial respecte la licence et la liberté artistique. Cependant, les fausses images ne servent qu’à renforcer la désinformation et à perpétuer la stigmatisation autour des soins de santé sexuelle et reproductive. Chaque issue de grossesse – en particulier l’avortement – devrait être représentée avec sensibilité, authenticité et exactitude dans les médias. Nous avons encore beaucoup à faire pour que toutes les personnes ayant subi un avortement puissent se voir à l’écran. C’est une honte que les créateurs de “ Blonde ” aient choisi de contribuer à la propagande anti-avortement et de plutôt stigmatiser les décisions de santé des gens. »
Lire aussi :
- ON A VU: « Athena », le film sur une cité française qui enflamme Netflix
- ON A VU : « DAHMER », la série Netflix qui retrace les atrocités commises par le tueur en série
- ON A VU: « Don’t Worry Darling », le film avec Harry Styles
- ON A VU: « Simone, le voyage du siècle », l’incroyable film sur Simone Veil
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici