Chères vendeuses en période de soldes: vous méritez le prix du courage
Alors que pour certains, la période des soldes est l’occasion de faire une razzia dans les magasins et de remplir encore leur garde-robe, pour d’autres, cela marque un long mois de torture physique et mentale. Chères vendeuses qui allez passer janvier à souffrir en silence en attendant juillet: vous méritez le prix du courage.
On le dit, parce que vous, malheureusement, vous n’allez pas pouvoir le dire. Durant la pause midi, si, ou bien quand vous rentrerez enfin à la maison après une journée éreintante à arpenter le magasin dans tous les sens, mais pas durant les 8h où vous devrez faire face à la horde de sauvages venue s’arracher les bonnes affaires, mettre la boutique sens dessus dessous, et vous parler comme à des moins que rien au passage, comme si vous aussi vous étiez au rabais.
Forcément, on a une pensée spéciale pour vous si vous travaillez dans la fast-fashion, particulièrement prise pour cible en cette période, et dont il est difficile de dire si les magasins ont été vandalisés ou non en fin de journée tant les vêtements ont été retournés, mais à moins d’avoir le privilège de travailler dans une de ces boutiques luxueuses où il faut sonner à la porte pour pouvoir admirer la marchandise, vous devrez toutes et tous faire face aux mêmes clients.
Il y aura la personne qui hausse le ton parce que vous n’êtes pas immédiatement disponible, alors même que vous êtes limite en train de courir avec un portant de vêtements à ranger, celle qui sera agressive et/ou insultante parce que la pièce qu’elle voulait acheter n’est plus disponible et vous ne proposez pas de lui en faire apparaître une là tout de suite par magie, celle qui prendra 10 vêtements en cabine alors que le panneau dit clairement 6 max, et que vu la taille optimiste choisie, elle n’en achètera aucun, celle qui reposera un vêtement dont elle ne veut plus n’importe où, n’importe comment, ou encore celle qui détruira d’une main inattentive la pile que vous venez de soigneusement replier, tout ça pour chercher une taille “S”, alors que s’il y en avait, elle serait en haut de la pile, forcément.
Vous allez devoir subir tout ça, et plus encore, et si pas toujours avec le sourire (il y a des limites...) du moins, en silence, parce que “le client a toujours raison”, même quand il se comporte de manière totalement déraisonnable. Vous allez, plus que d’habitude encore, avoir mal aux pieds, au dos, au poignet à force de plier, plier et replier encore, aux joues à force de garder un sourire forcé pour apaiser les clients prêts à en venir aux mains pour une réduction de 2 euros, et on voulait vous dire qu’on le sait, et qu’on pense à vous. En période de soldes, il n’y a pas que les marchandises qui sont bradées, votre confort de travail se paie de sacrées réductions aussi, et vous méritez le prix du courage. Merci, et bravo.
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