Comment devenir allié.e de la lutte anti-racisme?
Suite à l’assassinat infâme de George Floyd, par un policier américain, il est plus que jamais nécessaire de se lever contre le racisme ambiant: parce que ne pas être raciste, ce n’est pas assez. Mais comment devenir des allié.e.s de la lutte anti-raciste? Éléments de réponse avec le compte Instagram @SansblancDerien.
Le 25 mai dernier, George Floyd, homme afro-américain, meurt lors de son interpellation par un policier blanc nommé Derek Chauvin, dans le Minnesota, aux Etats-Unis. L’homme est menotté et plaqué au sol sur le ventre par ce policier, qui exerce alors une pression prolongée avec son genou sur son cou, jusqu’à ce qu’il décède, asphyxié. Les images insoutenables ont circulé sur les réseaux sociaux et provoquent actuellement d’importantes émeutes aux États-Unis, ainsi que de nombreux débats sur les bavures et le racisme existant dans les équipes policières. Cette sordide histoire nous apprend qu’il est essentiel d’aller plus loin dans la lutte anti-racisme. Ne pas être raciste ne suffit plus lorsque des vies sont retirées. Le compte Instagram de sensibilisation sur l’antiracisme et la blanchité @SansBlancDerien (qu’on vous invite à suivre) a posté une publication super intéressante sur la lutte anti-racisme, en partenariat avec Betel Mabille, chargée de formation et militante afro-féministe décoloniale. Elle y explique comment devenir allié.e.s de ce combat.
Qu’est-ce qu’un.e allié.e?
Si vous êtes une personne blanche, vous avez ce qu’on appelle des privilèges: vous ne subissez pas d’oppressions racistes. Mais vous pouvez vous associer aux personnes qui en sont victimes pour combattre ensemble le système. Vous devenez alors, dans le jargon militant, « allié.e » de cette lutte. Vous ne vivez pas les discriminations, mais vous en avez conscience et vous souhaitez mettre des choses en places pour les éradiquer.
Prendre conscience de ses privilèges
Si vous voulez devenir un.e allié.e, la première chose à faire, c’est de prendre conscience de vos privilèges. “La prise en compte de ses privilèges peut être une étape longue et douloureuse. En effet, ce n’est pas évident de remettre en question l’entièreté du monde qui nous entoure et son fonctionnement. De plus, cela entraîne aussi des questions sur sa position dans la société. Suis-je arrivé.e là où j’en suis uniquement grâce à mes compétences? Peut-être pas” souligne Betel Mabille. Car oui, les privilèges, c’est aussi ce qui nous permet d’accéder à des positions hiérarchiques auxquelles d’autres personnes, de couleur noir, par exemple, n’ont pas droit malgré des qualifications égales. Devenir allié.e, c’est donc se battre pour renoncer à ses privilèges. Et ils sont nombreux: ne pas risquer de se faire harceler dans les lieux publics, utiliser des produits conçus pour nous, avoir des gens qui nous ressemblent au travail, etc.
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Faut-il se taire?
Ce qu’explique également Betel Mabille, c’est qu’être allié.e consiste souvent à apprendre… et se taire. Car si la question du racisme suscite souvent de vifs débats, les personnes blanches n’ont pourtant qu’un aperçu théorique de ce qu’est le racisme, là où les victimes possèdent la théorie… et surtout, le vécu. Il est impossible qu’une personne blanche ait la même compréhension du racisme qu’une personne racisée. Ainsi, être allié.e nécessite de ne pas prendre toute la place dans les discussions, les débats, les manifestations…
La position d’allié.e est une position de retrait. Les personnes racisées ne sont que trop peu représentées dans la sphère publique, la position d’allié.e serait donc d’ouvrir des portes, mais par la suite de se retirer”
explique la militante. Car se mettre sous le feu des projecteurs pour combattre le racisme, en tant que personne blanche, reviendrait finalement à reproduire les rapports de domination que l’on tend justement à combattre. Dans la même idée, il n’est pas nécessaire de soutenir moralement les personnes racisées: il faut être dans l’action. Il ne faut plus être “non-raciste” mais être activement anti-raciste et affronter les injustices raciales, même lorsque c’est inconfortable. “Être complice, c’est sortir de sa zone de confort. C’est prendre part à des débats qui vont être douloureux car personne n’attend d’une personne blanche qu’elle remette ses privilèges blancs en questions”.
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