Crime d’honneur: une star pakistanaise assassinée par son frère
Qandeel Baloch était un pseudonyme. En réalité, elle s'appelait Fauzia Azeem et elle avait 26 ans. Suivie par des dizaines de milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux, la jeune femme était souvent comparée à Kim Kardashian. Maquillée et coiffée comme une star, elle posait dans des tenues jugées “scandaleuses” par ses compatriotes les plus conservateurs.
Life has taught me lessons in a early age...My Journey from a girl to a SELF DEPENDENT WOMEN was not easy.#Qandeel pic.twitter.com/Mwyn4UC32z
— Qandeel Baloch (@QandeelQuebee) July 14, 2016
Libre et sans tabous
Au-delà de sa beauté renversante, Qandeel profitait de sa notoriété grandissante pour faire passer des messages de liberté. Adulée par une partie de la jeunesse pakistanaise pour sa liberté de ton et son culot, elle était aussi bombardée d’insultes et de menaces par de nombreux compatriotes.
Pour casser les codes, briser les tabous et faire évoluer les esprits, Qandeel provoquait les symboles, les hommes politiques et surtout, la rigidité des religieux conservateurs.
Saint-Valentin, strip-tease et selfie
En février dernier, lorsque la fête des amoureux est jugée “trop occidentale” par le président pakistanais, Mamnoon Hussain, Qandeel lui répond avec une photo d'elle en robe rouge et très décolletée. Quand l'Inde et le Pakistan s'affrontent lors d'un championnat de cricket, la belle promet un strip-tease en cas de victoire de l'équipe nationale. Mais si le Pakistan a finalement perdu, cette “proposition indécente” éminemment provocatrice a choqué jusqu’au sein de sa propre famille.
Plus récemment, Qandeel a posé aux côtés d’un important dignitaire religieux de son pays. Ce selfie, a priori banal, a suscité une telle polémique que l’homme a été suspendu du comité religieux auquel il appartenait. Aujourd'hui, Abdul Qavi appelle la société pakistanaise à se rendre aux funérailles de Qandeel.
Son frère ne regrette rien
Arrêté samedi dernier par la police pakistanaise, Muhammad Wasin, le frère de Qandeel Baloch a déclaré qu’il avait tué sa sœur “pour l’honneur après de récentes vidéos choquantes, postées pour la plupart sur Facebook”.
Dénonçant le “comportement intolérable” de sa soeur, le jeune homme a déclaré ne pas regretter son geste.
Bien sûr que je l’ai étranglée. Je lui ai donné un comprimé, puis je l’ai tuée. Je n’éprouve aucune gêne pour ce que j’ai fait.
Les crimes d’honneur en Europe...
Selon Amnesty International, “la plupart des crimes d’honneur sont perpétrés dans les pays musulmans ou au sein des communautés d’immigrés musulmans. Le paradoxe, c’est que l’Islam ne préconise pas la peine de mort pour inconduite liée à l’honneur et beaucoup de dirigeants islamiques condamnent cette pratique”. Pourtant, nombre d’entre eux ferment les yeux sur cette pratique.
Dans les pays occidentaux, les crimes d’honneur se produisent généralement au sein des communautés d’immigrés. Parmi elles, de nombreuses femmes se retrouvent isolées, en marge de la société.
Le plus souvent incapables de parler la langue du pays d’accueil, elles se retrouvent dans un engrenage infernal car elles sont aussi privées de toute aide juridique de l’Etat ou ne connaissent pas leurs droits.
...et en Belgique
En 2007, Sadia Sheikh, 20 ans, est assassinée par son frère dans leur maison familiale de Charleroi. Née en Belgique, la jeune femme refusait un mariage arrangé au Pakistan, le pays natal de ses parents. Sadia avait quitté le giron familial pour suivre des études de droit et vivre avec son amour, Jean, un Belge de son âge.
Lors de son procès, Mudusar, le frère de Sadia, avait expliqué la préméditation de son crime. Il reprochait à sa soeur d’avoir souillé l’honneur de la famille en vivant une vie “dissolue”. À l'issue du verdict, les parents de la jeune victime ont, eux aussi, été reconnus coupables de ce “complot familial”. Même tacite, l'aval de l'entourage familial est extrêmement fréquent pour les crimes d'honneur.
Important à savoir
Entre 2004 et 2008, une estimation officieuse de la police fédérale a identifié 17 crimes d’honneur ou tentatives de crimes d’honneur en Belgique. Il a aussi été établi que, dans la majorité des cas, la mise à mort de la victime est le résultat de plusieurs années de violences en tous genres.
Vous vous trouvez dans une situation similaire ? Vous connaissez quelqu’un victime de violences liées à l’honneur ou menacée de mariage forcé?
Pour connaître vos droits ou secourir une amie, appelez sans plus attendre:
- La police au numéro 101.
- Ou le réseau mariage et migration au numéro gratuit: 0800/90.901
- Consultez le site Mon mariage m’appartient.
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Pour plus d’infos, cette brochure de la police locale de Mons vous aide à comprendre et à vous défendre.
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