ELLES NOUS INSPIRENT: 7 filles ultra-talentueuses qui font carrière dans le digital
Le digital n’a jamais été aussi présent dans nos vies qu’en 2018. Ce qui n’empêche pourtant pas les femmes de rester minoritaires voire trop souvent absentes dans les domaines des technologies, de la programmation et du développement web. Alors, on profite de la Semaine Numérique du 22 octobre au 2 novembre, pour parler des parcours inspirant de ces 7 filles passionnées, qui ont dépassé les clichés et le sexisme, pour se lancer dans la carrière de leur rêve.
57% pour des diplômés européens sont des femmes. Un chiffre qui fond comme neige égalitaire au soleil quand on parle des métiers digitaux. Elles ne sont ainsi que 25% à réaliser des études liées aux nouvelles technologies et à peine 13% à travailler dans ces domaines. En cause, les idées préconçues et les stéréotypes mais aussi un univers encore résolument masculin qui fait peur. Quand il n’est pas carrément excluant et machiste vis-à-vis des filles qui rêvent de se lancer à l’assaut du codage ou de web. Mais, alors que l’on estime que 9 jobs sur 10 nécessiteront d’ici 2020 des connaissances en programmation, il est temps de rendre aux femmes la place digitale qu’elles méritent et d’offrir à celles qui osent , s’affirment et réussissent, une vraie visibilité. Parce que le monde en général et numérique en particulier, a tout à gagner de la diversité et surtout d’une foule de talents supplémentaires. Et qu’il est temps de reprogrammer les mentalités.
Camille, 28 ans, web designeuse et développeuse front end* dans une agence de communication
Camille, 28 ans, web designeuse et développeuse front end* dans une agence de communication
“J’ai toujours eu un feeling avec les arts numériques et j’ai vite été frustrée de ne pas avoir les compétences nécessaires pour réaliser ce que je voulais. À la création de mon premier site web, quand j’étais ado, j’étais fascinée par ces lignes de codes lues et interprétées par la machine. Depuis, c’est la passion qui me guide et me pousse à dépasser sans cesse ses limites. J’ai suivi un cursus en publicité puis une formation en web design et développement front end*. Aujourd’hui, je travaille chez Hungry Minds, une boîte de communication dans laquelle je prépare les sites web avant leur développement. Cela va de l’arborescence à l’habillage graphique, en passant par les scénarios d’utilisation, l’interface, l’ergonomie, les interactions… Tout ce qui rend un site beau et agréable à utiliser. Être une femme est un plus dans ce milieu. Nous sommes peu nombreuses, cela donne l’opportunité de se démarquer auprès d’un employeur. C’est un métier où il faut constamment se remettre à jour et se donner les moyens d’y arriver. Quitte à y passer quelques nuits blanches!»
*éléments du site que l’on voit à l’écran et avec lesquels on peut interagir.
Laurence, 30 ans, manager dans une entreprise de conseil en technologie et informatique. Et gagnante du prix ICT Young Lady of the Year 2018, récompensant une femme s’étant distinguée dans le domaine des technologies
Laurence, 30 ans, manager dans une entreprise de conseil en technologie et informatique. Et gagnante du prix ICT Young Lady of the Year 2018, récompensant une femme s’étant distinguée dans le domaine des technologies
Qu’est ce qui vous a attirée vers le numérique?
“À 23 ans, je voulais une carrière internationale, me permettant d’apprendre tous les jours. La technologie répondait à toutes mes attentes. C’est un domaine bouillonnant, toujours en évolution. Je bosse depuis sept ans chez Capgemini, une entreprise de services digitaux. J’ai pu travailler à Bruxelles, Rotterdam, Paris et New York. J’ai eu différents rôles: manager de projets, analyste, testeuse, architect business, programm manager et aujourd’hui manager commerciale. J’écoute les besoins des clients et cherche la manière dont notre entreprise peut les aider au mieux dans leurs défis numériques.”
Pourquoi est-ce important qu’il y ait plus de filles dans le domaine du développement?
“La diversité est une chance. Des applications de reconnaissance faciale qui ne sont pas à même de détecter les visages de gens de couleur est inacceptable. Des applications de santé qui ne prennent pas en compte les cycles menstruels sont un manquement pour la moitié de la population. Dans chaque équipe de développement, il faut une diversité pour avoir un design complet et pouvoir répondre aux besoins du plus grand nombre. Mes collègues féminines sont de plus en plus nombreuses. Leur talent est à couper le souffle et j’admire leur courage et leur ténacité. Le défi pour les entreprises est de garder ces talents.”
Que dites-vous à celles qui hésitent à se lancer?
“Qu’elles auront tout le soutien nécessaire. Le talent n’a pas de genre, de couleur ou de préférence sexuelle. Dans un monde qui va vite, tous les talents sont nécessaires pour répondre aux défis qui nous attendent, qu’ils soient sociétaux ou environnementaux. Il faut avoir le courage de réaliser ses rêves, même si ce n’est pas simple.”
Solange, 28 ans, étudiante en développement web
Solange, 28 ans, étudiante en développement web
“Quand j’étais en secondaire, la filière informatique n’était pas valorisée en comparaison des sciences, des maths ou de la littérature. À l’époque, je n’avais même pas accès à internet de chez moi. Un jour, j’ai eu un déclic en découvrant le film Les figures de l’ombre. J’y ai découvert que les premières informaticiennes étaient des femmes. C’était ça que je voulais faire. Je terminais un master en restauration d’œuvres d’art, j’ai donc réalisé un virage à 180 degrés et commencé une formation de développeuse web. J’ai été passionnée dès les premiers cours. Je ne sais pas encore vers quel métier je souhaite me diriger. Il existe tellement de langages et d’applications. Je suis convaincue que le codage est porteur d’avenir et d’emploi. Il n’y a aucune raison pour que les femmes n’en soient pas partie prenante!”
Julie, 37 ans, créatrice de Girleek, une plateforme digitale féminine et cofondatrice de l’ASBL MolenGeek, visant à rendre accessibles à tous les technologies et l’entrepreneuriat
Julie, 37 ans, créatrice de Girleek, une plateforme digitale féminine et cofondatrice de l’ASBL MolenGeek, visant à rendre accessibles à tous les technologies et l’entrepreneuriat
«Après un master en Finance de marché et des postes en tant que webmaster, j’ai créé Girleek en 2011, une plateforme abordant les nouvelles technologies par et pour les femmes. Tous les thèmes y passaient, de la coque de smartphone à paillettes à la dernière app’ pour gagner du temps. Le projet a évolué, se spécialisant dans l’organisation d’évènements de networking et proposant de courtes vidéos sur les startups et les technologies novatrices. J’aime ce mélange de structure et de créativité que permet le digital. Girleek est une passion plus qu’un business. Mon job principal, lui, consiste à faire grandir l’association MolenGeek, dont je suis co-fondatrice. L’ASBL propose une “coding school” pour apprendre aux futurs entrepreneurs les langages informatiques et leur permettre de développer techniquement leur projet. Chez MolenGeek, nous atteignons quasi la parité hommes-femmes. Avoir des filles développeuses est un plus, notamment par leur vision et leur utilisation des technologies. Là où un homme aura tendance à accorder plus d’importance à la technique et à la performance, une femme s’intéressera plus à l’utilisation et à l’objectif. Et les femmes ont une réelle plus-value à apporter au secteur.”
Anne-Laure, 33 ans, créatrice de Codettes, un service personnalisé en création de sites web
Anne-Laure, 33 ans, créatrice de Codettes, un service personnalisé en création de sites web
“Après avoir étudié le journalisme j’ai commencé à travailler pour une start-up, partageant ses bureaux avec des entreprises liées au domaine du numérique. J’étais entourée de développeurs et ils m’ont donné envie d’en savoir plus. J’ai également découvert le site Skillcrush, qui incitait les femmes à apprendre à coder. J’ai alors décidé de me former au codage et au web, en parallèle à mon travail. Une fois que je me suis sentie prête, je me suis lancée en tant qu’indépendante complémentaire avant de sauter le pas et de fonder Codettes. J’y développe des sites web sur-mesure pour des marques. Je pense vraiment que le fait d’être une femme au sein d’un monde encore très masculin permet de sortir du lot. On marque les esprits et les gens que l’on rencontre ne nous oublient pas.”
Sarah, 29 ans, développeuse au sein d’une start-up
Sarah, 29 ans, développeuse au sein d’une start-up
“C’est un domaine dans lequel je n’aurais jamais imaginé m’épanouir. J’avais choisi la Philologie romane et suivi des cours du soir de bibliothécaire documentaliste. Puis j’ai entendu parler d’une formation d’un an en développement web et je me suis lancée dans l’aventure, avec l’idée d’ajouter une corde à mon arc. J’ai accroché à la programmation, rencontré des gens et découvert un métier en mouvement constant dont les domaines d’applications sont incroyablement nombreux. On peut aussi bien travailler dans une banque que dans la pub, dans l’e-commerce que dans l’humanitaire. Actuellement, je suis full-stack developper dans une start-up, c’est à dire que j’y réalise du front end (la partie graphique), comme du back end (le côté plus logique). Permettre l’accès à l’information et combler les besoins des utilisateurs est ce qui me plaît le plus. Je suis la seule femme de mon équipe. Mais dans mon précédent boulot, nous étions trois développeuses. C’est dommage que les filles hésitent à se lancer. Aujourd’hui, des noms comme Bill Gates et Steve Jobs parlent à tout le monde et sont connus de tous, mais l’histoire a son lot de femmes qui ne se sont pas posé la question de leur légitimité. Comme Grace Hopper, la reine du software, au parcours très inspirant. L’intelligence, la passion et les compétences n’ont rien à voir avec le fait d’être un homme ou une femme. Il suffit d’avoir un ordinateur, une bonne connexion internet, et de se retrousser les manches.”
Loubna, 37 ans, coordinatrice de la plateforme Women In Tech et fondatrice du Women Code Festival
Loubna, 37 ans, coordinatrice de la plateforme Women In Tech et fondatrice du Women Code Festival
Pourquoi faut-il qu’il y ait plus de filles dans le digital?
“Car nous représentons 50% des compétences et de la productivité mondiale. Une étude a démontré que si l’on avait autant de femmes que d’hommes dans le secteur digital, le PIB européen augmenterait de 16 milliards! On dépasse le principe d’égalité des genres et de monde meilleur pour atteindre un enjeu économique de taille. Sans parler de la richesse créative que les filles peuvent apporter. D’où l’importance de les aider à y prendre leur place et défendre leur vision du monde. En utilisant la technologie comme outil pour entreprendre, pas seulement comme une fin en soi. Women in Tech a lancé le mouvement Time’s Up Go Digital sur les réseaux sociaux. Nous mettons en avant des femmes belges ayant créé leur startup dans la technologie. Nos projets féminins liés au numérique rencontrent un énorme succès et les filles répondent présentes en masse!”
Comment amener les femmes à être plus impliquées dans les domaines de la technologie?
“En sensibilisant dès l’enfance les filles et les garçons, pour combattre les préjugés qu’ils peuvent déjà avoir quant aux rôles prédéfinis de chacun. En leur enseignant l’histoire de la technologie pour leur montrer que ce monde s’est construit avec les hommes, et aussi avec les femmes.”
D’autres super geek girls
Digital Wallonia, la plateforme pour le développement du numérique en Wallonie a également lancé la Wallonia Wonder Women, une campagne pour encourager les filles à choisir des carrières scientifiques et digitales. Via 12 vidéos publiées à raison d’une part semaine, l’agence présente des histoires de filles aux parcours connectés remarquables. De quoi être d’autant plus inspirée et tentée par les nouvelles technologies.
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On se lance où?
La Belgique fourmille de belles adresses ou notamment apprendre la programmation, sans parler des possibilités de se former en ligne. En voici quelques-unes:
À l’école
- 19 Coding School a été créée avec le soutien pédagogique des Ecoles 42, parmi les meilleures en matière de formation digitale. Cet établissement qui vient d’ouvrir propose des cours gratuits pour 150 étudiants chaque année. Atypique, cette anti-école de haut niveau fonctionne sans professeurs ni diplôme, 24h sur 24, 7 jours sur 7.
- La MolenGeek Coding School. L’incubateur de startups propose une formation aux nouveaux métiers digitaux et particulièrement au développement web et numérique. Elle est ouverte aux jeunes en recherche d’emploi entre 18 et 25 ans.
- BeCode. Basés à Bruxelles, Liège et Charleroi, les trois établissements Becode ont été ouverts par des passionnés de technologie et offrent des cours de jour gratuits et ouverts à tous.
- La Wild Code School. Ici, on mise sur l’expérience pratique comme base d’apprentissage: cinq mois pour se former en réalisant des projets pour de vrais clients.
- Digital Wallonia. L’Agence Wallonne du Numérique propose et relaie de multiples formations et ateliers pour enfants, adolescents et adultes et recense tous les évènements en rapport avec les nouvelles technologies.
Chez soi, en autodidacte
- OpenClassrooms. Une école en ligne aux cours certifiants, développés en partenariat avec des universités ou des entreprises de technologie comme Microsoft ou IBM.
- Code Academy . Un site gratuit et très complet proposant des exercices notamment autour de langages Web HTML et PHP. En anglais, il compte 45 millions de membres et a été recommandé par Barack Obama, himself.
- Elephorm. Une excellente source de vidéos pour se former aux métiers digitaux, aussi bien le codage que la vidéo ou la 3D. Bémol: certains de ses cours et tutoriaux sont payants.
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