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FAUT QU’ON PARLE: du refus des radios de diffuser notre publicité pour l’action Vibro

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Ce mercredi, avec votre Flair, vous pouvez recevoir un vibro-masseur pour seulement 4,95 € de plus. Vous n’entendrez pas parler de cette action sur certaines de vos chaînes radio favorites, qui ont préféré boycotter notre publicité. C’est quoi, en vrai, le problème avec le plaisir féminin?

 

Appelons un chat un chat (pour ne pas dire autre chose): le vibromasseur quasi-gratuit, c’est l’action phare de Flair. Le numéro que vous attendez chaque année avec impatience, et que l’on sort juste avant l’hiver, histoire de réchauffer vos soirées sans même que vous ayez à sortir le plaid et les chaussons chauffants. Oh oui, ne nous remerciez pas. Et ce grand moment est enfin arrivé: ce mercredi 20 novembre, vous pouvez demander votre vibro-masseur à votre libraire, et offrir ainsi un petit cadeau de Noël avant l’heure à votre minou pour seulement 4,95 € de plus. Pour marquer le coup et surtout, pour que vous ne loupiez pas ce rendez-vous, la rédaction a concocté une publicité radio. Un spot bon enfant, un peu décalé; où l’on entend une nana visiblement très enthousiaste à l’idée de recevoir son sex-toy.

 

Censure et pruderie


Le hic: certaines chaînes radios que nous avons contactées — et que nous ne citerons pas ici —ont tout bonnement refusé de le diffuser, ce qui est clairement leur droit le plus strict. Le principal argument avancé? Pas de publicité ciblant le bas de la ceinture avant 22h. Ce n’est pas la première fois que la censure nous tape sur l’épaule: nous avions déjà tenté de lancer une campagne montrant deux femmes qui s’embrassaient, en vain.

Si on peut comprendre que ces chaînes souhaitent éviter de heurter les oreilles les plus prudes et ne pas s’attirer d’ennuis inutiles, cet événement pose quand même la question de la place du plaisir féminin et plus globalement, du sexe féminin, dans l’espace médiatique. Difficile de ne pas voir un parallélisme entre cette pruderie mal placée et le tollé suscité récemment par la publicité Nana.

Lire aussi: pourquoi la publicité Nana ne devrait pas être censurée?

La marque de produits hygiéniques a en effet fait polémique après avoir lancé une campagne de publicité mettant en scène une pêche ou un coquillage en guise de vulve et du liquide rouge au fond d’une culotte en guise de — on vous le donne en mille — sang. Minh Giang Do Thi, secrétaire d’instruction au CSA, nous a expliqué avoir recueilli une dizaine de plaintes pour cette publicité. Des plaintes exclusivement féminines (cherchez l’erreur), pour cause d’images dégradante de l’intimité de la femme. “Personnellement, si on avait dû instruire cette publicité (il s’agissait d’une publicité française ndlr), nous l’aurions classée sans suite, car elle ne porte aucunement atteinte à la dignité humaine et féminine. La publicité faisait la promotion du produit: on montre du sang rouge en parlant de produits hygiéniques. C’est logique.” Et dans le cas de notre pub’ à nous alors ? On parle de vibromasseur (rien d’illégal jusque là) et on entend une femme dire “oui, oui, oui” de manière très enthousiaste. Niveau lien “produit-représentation du produit”, tout se tient. Mais alors, c’est où que ça coince? D’où vient cette frilosité des acteurs médiatiques, lorsqu’il s’agit de se réchauffer justement?

 

Cachez ce clitoris…


Le vrai souci derrière ce boycott, ce ne serait pas le tabou qui pèse encore sur le plaisir féminin et la masturbation féminine? Surprise: selon une enquête réalisée par nos soins, 4 femmes sur 5 se masturbent. La plupart affirment que ça leur permet de mieux connaître leur corps, d’avoir plus envie de faire l’amour et même de réduire considérablement leur stress. Plutôt positif tout ça… La masturbation féminine est une réalité et il faudrait arrêter de jouer avec les mots. Au risque de froisser les âmes rose-bonbon-à-paillettes, les femmes ne s’effleurent pas du bout des doigts, voire sans faire exprès avec un pommeau de douche mal orienté #oups. Elles le font consciemment, parce qu’elles en ont envie. Mieux encore: la masturbation n’a rien de choquant, de provoquant, de dégradant. Le plaisir féminin, il ne faut pas seulement le taire, il faut même en parler haut et fort, le crier “encore, encooore”. Pourquoi? Pour que les représentations stéréotypées de la sexualité et des rapports hommes-femmes dans la chambre à coucher évoluent eux aussi. Pour qu’on arrête une fois pour toute de croire que le plaisir féminin est exclusivement psychologique ou phallo-centré et que l’on redonne ses lettres de noblesse au clitoris et à tout ce qui permet de le stimuler. Notre super vibro, par exemple.

Chez Flair, on défend depuis toujours une sexualité libre et assumée. C’est dans notre ADN. On n’a jamais été avare d’articles sur le kiff’ en solo, sur la revendication de ses désirs au pieu, sur la jouissance avec un grand J en couple ou en solo. Cette censure n’est pas grave, elle est même compréhensible, mais elle est dommage. Dommage pour le combat des femmes vers un plaisir plus assumé. Dommage aussi pour toutes ces nanas qui n’auront pas été mises au courant de notre action. Alors, partagez cet article et… rendez-vous demain, en librairie?

 

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