Et si finalement la clé pour être bien dans assiette et avoir une relation amicale avec son corps, c’était d’arrêter d’analyser chaque bouchée et d’être en quête du régime révolutionnaire? C’est le constat que je fais aujourd’hui après 3 mois de régime alimentaire sans nom.
Autour de moi, tout le monde teste des tendances/régimes alimentaires en tous genres. J’ai cette amie qui est en plein sevrage de sucre, celle adepte du jeune intermittent, celle dont les féculents n’ont plus de place dans son assiette le soir, celle qui se lance dans la cure de jus de céleri ou encore celle pour qui manger sans gluten « a changé sa vie ».
Et puis, il y a moi, avec un régime alimentaire qui ne porte pas de nom depuis plus de 3 mois.
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours analysé mon alimentation, cherché des conseils pour mieux manger, testé des tendances food, voué une sorte d’obsession à ce que je mettais dans mon assiette. Non pas spécialement pour maigrir (peut-être un peu) mais surtout pour être bien dans mon corps. Résultat : je n’ai pas une relation saine avec la nourriture. À force d’y penser constamment, je culpabilise trop souvent, je me restreins puis je me fais « trop » plaisir… Bref, vous connaissez la chanson.
L’élément déclencheur
Et puis, il y a eu la crise du Coronavirus. J’ai décidé de passer le confinement à la campagne chez mes parents. Ce qui voulait dire: manger comme eux. C’est-à-dire: une alimentation variée, maison et de saison tantôt équilibrée tantôt moins (du moins selon les papesses de la santé). À ma grande surprise, après deux mois de confinement, je ne suis jamais sentie aussi bien dans mon corps et mon rapport avec la nourriture a complètement changé. Étant obligée de manger ce qu’il y avait dans mon assiette, j’étais plus centrée sur “est-ce que j’ai encore faim pour me resservir” que sur “est-ce qu’il est raisonnable que je mange ça”. “C’est exactement ce qui est intéressant avec cette expérience. Pour la première fois depuis longtemps, vous vous êtes focalisée/recentrée sur les sensations alimentaires de votre corps et vous n’avez pas mangé avec la tête. Analyser, contrôler, faire des choix avec sa tête quand il s’agit de manger, c’est en fait quelque chose d’aberrant mais c’est ce que la société nous pousse à faire » explique d’emblée Wendy Mahy – psychologue et coach afin d’aider les femmes à se libérer de leurs compulsions alimentaires et leurs complexes physiques.
Alors,
La clé d’une relation saine à la nourriture, c’est d’arrêter d’y penser 24/24? Doit-on forcément adopter un nouveau régime alimentaire pour se sentir mieux? Notre corps ne devrait-il pas être le seul guide à suivre? Sommes-nous à ce point déconnecté de notre corps que nous n’arrivons plus à l’écouter?”
L’avis de la spécialiste
En réalité, sauf si l’on souffre de problèmes de santé, il n’y a aucune raison de bannir certains types d’aliments de son assiette. Au contraire, plus on catégorise les aliments « bons », « mauvais », « font grossir », « ne font pas grossir »… plus on va être obsédé par ceux que l’on ne peut pas manger avec pour conséquence que les aliments “interdits” semblent toujours meilleurs. C’est la même chose avec les régimes alimentaires, en en choisissant un exclusivement (végétarien, sans sucre, sans gluten, sans lactose...), on choisit un clan, on rentre dans une case et on prend le contrôle de son alimentation. Mais plus on contrôle, plus on perd le contrôle. Au contraire, un mangeur libre, celui qui se lâche les baskets avec tout ça et qui sait s’écouter, se sentira libre.
La métaphore du couple
Pour schématiser le rapport que nous devrions avoir avec l’alimentation, prenons la métaphore du couple. Quand on est en couple, on n’a pas envie d’être avec quelqu’un qui analyse tout ce qu’on fait, qui constamment nous contrôle, nous donne des règles strictes… c’est la même chose avec le corps. Ce que ce dernier a besoin, c’est d’être respecté, d’être écouté, que l’on réponde à ses besoins et que l’on soit bienveillant avec lui.
Comment changer l’emprise sur son alimentation?
- Il est, d’abord, primordial de prendre du recul avec les modes et régimes alimentaires. Non pas les éviter mais ne pas les prendre pour argent comptant. Les découvertes scientifiques en matière d’alimentation ne cessent d’évoluer. Lorsqu’une nouvelle étude sort, celle-ci est vulgarisée et c’est là où se pose le problème. Bien souvent, c’est tout ou rien, on caricature les résultats. Exemple : le gluten a changé – il est moins digeste = il faut le bannir complètement. Non! Oui, on peut essayer pour soi et diminuer le gluten mais ça ne sert à rien de se l’interdire du jour au lendemain.
- Ensuite, pour savoir ce qui est bon pour soi ou non, il faut utiliser le goût. Lui seul peut vous guider vers les aliments qui vous conviennent et ceux qui ne vous conviennent pas.
- Apprendre à connaitre ses sensations de faim est le troisième point essentiel. Le problème, c’est que la satiété ne se ressent pas, ce qui se ressent, c’est la disparition de la faim. Pour arriver à satiété, il faut utiliser le rassasiement et le rassasiement justement se base sur le goût. Quand on a très faim et qu’on mange exactement ce dont on a envie, les premières bouchées sont sensationnelles. Ensuite, plus on avance dans le repas, plus l’aliment devient un aliment comme un autre. Quand on commence à être lassé de ce dernier, cela veut dire que l’on en a assez mangé et que le corps n’en a plus besoin.
- Il faut aussi travailler sur ses croyances alimentaires et arrêter d’avoir peur de manger certains aliments. Il faut réintroduire petit à petit les aliments « bannis » en se rendant compte qu’on ne va pas prendre 3 kilos en mangeant une glace, un morceau de chocolat ou une pizza.
Retenez que personne – aucune étude, aucun médecin, aucun diététicien, aucun psychologue – ne peut et ne sait vous dire ce que vous devez manger ou non. Votre seul guide, la seule personne à écouter, c’est votre corps. Informez-vous, oui mais surtout écoutez votre corps, respectez-le et focalisez-vous sur votre goût.
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