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FAUT QU’ON PARLE: la pilule du lendemain retirée des plannings familiaux

Barbara Wesoly
La ministre de la santé Maggie de Block a exprimé son refus de voir la pilule du lendemain encore dispensée par d'autres que des médecins ou des pharmaciens. Une décision qui prive les plannings familiaux de ce droit fondamental et dans leur sillage des milliers de femmes.

Maggie De Block n'a visiblement pas été une adolescente de 15 ans, morte de trouille à l'idée que ses parents ne découvrent qu'elle a eu des rapports sexuels avec son amoureux. Elle n'a pas non plus été cette jeune femme qui a besoin de se procurer cette pilule sans être prête à affronter le regard ou les commentaires de son pharmacien habituel. Ni celle qui, fauchée en fin de mois, risquerait de compter sur la chance pour ne pas tomber enceinte, plutôt que sur un traitement fiable mais payant.

 

Une énorme régression

En réduisant la délivrance de la pilule du lendemain a un laconique "la distribution de médicaments ne fait pas partie des missions des centres de planning familial", la ministre pose un acte qui fait l'effet d'une bombe tant il remet en question 50 ans de droits des femmes. Terminé d'accéder gratuitement et dans l'anonymat à cette solution d'urgence. Exit la possibilité de réaliser ce geste intime et parfois compliqué dans un lieu à l'écoute et bienveillant. Plus encore qu'une décision bureaucratique, un choix qui manque profondément d'empathie. Et qui intervient alors que deux propositions de loi visaient au contraire à définitivement protéger ce droit.

 

Bien loin des difficultés des femmes 

La ministre a souhaité rappeler que "l'accessibilité géographique des pharmaciens est assurée, étant donné leur répartition régionale." Un commentaire absurde qui réduit les plannings à une fonction de distributeur de contraceptif, de quartier et de proximité. À mille lieux de la réalité de certaines jeunes filles et femmes qui doivent agir en secret, n'ont pas l'argent nécessaire ou qui, en plus d'un simple cachet, recherchent désespérément des conseils sans jugement. 

La pilule du lendemain offre l'opportunité de retarder l'ovulation plutôt que d'interrompre par la suite une grossesse. Compliquer sa prise, c'est risquer de devoir faire face à de plus nombreux avortements. Et aux difficultés psychologiques qui les accompagnent.

 

Refus d'obtempérer

Du côté des plannings familiaux, c'est l'incompréhension et surtout le rejet d'une décision considérée comme arbitraire et inexplicable. Et qui amène certains à purement et simplement dire non. C'est le cas de la Fédération laïque des centres de planning familial, un groupement de 45 institutions réparties à Bruxelles et en Wallonie, qui affirme sans honte qu'il continuera à distribuer gratuitement la pilule du lendemain. Un engagement courageux, dont on espère qu'il sera suivi par une majorité des autres plannings familiaux belges.

 

Mais qui n'efface pas la colère d'avoir une ministre, qui, en plus de redoutables carences d'altruisme et de sensibilité, manque cruellement de féminisme.

 

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