ANNIE ERNAUX : les 5 livres du prix Nobel de littérature à lire absolument
L’écrivaine française Annie Ernaux vient de recevoir le prix Nobel 2022 de littérature, l’occasion de faire une petite sélection des ouvrages à ne pas manquer dans sa bibliographie.
« Le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle », voilà ce qui a valu à Annie Ernaux de se voir décerner un prix Nobel de littérature. Une consécration que l’écrivaine a qualifié de « très grand honneur », mais aussi de « responsabilité ».
À 82 ans, Annie Ernaux est décrite par le jury du prix Nobel comme quelqu’un qui « croit en la force libératrice de l’écriture. Son travail est sans compromis et écrit dans un langage simple, épuré. Avec beaucoup de courage et une grande acuité (...) elle a réalisé quelque chose d’admirable et de durable. » En effet, son œuvre comprend de nombreux ouvrages qui sont bien souvent autobiographiques et qui racontent également la société de l’époque. On vous a sélectionné les cinq livres incontournables d’Annie Ernaux.
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1) Les années
Publié en 2008, ce livre a obtenu successivement le prix Marguerite Duras, le prix François Mauriac de la région Aquitaine, le prix de la langue française et le prix Strega européen. Une farandole de récompenses pour un livre qui mêle à merveille une histoire personnelle, celle de l’auteure, et l’histoire d’une époque. « Les années » aborde la thématique du temps qui passe et celle des souvenirs en revenant sur 60 ans de vie.
Le résumé
“La photo en noir et blanc d’une petite fille en maillot de bain foncé, sur une plage de galets. En fond, des falaises. Elle est assise sur un rocher plat, ses jambes robustes étendues bien droites devant elle, les bras en appui sur le rocher, les yeux fermés, la tête légèrement penchée, souriant. Une épaisse natte brune ramenée par-devant, l’autre laissée dans le dos. Tout révèle le désir de poser comme les stars dans Cinémonde ou la publicité d’Ambre solaire, d’échapper à son corps humiliant et sans importance de petite fille. Les cuisses plus claires, ainsi que le haut des bras, dessinent la forme d’une robe et indiquent le caractère exceptionnel, pour cette enfant, d’un séjour ou d’une sortie à la mer. La plage est déserte. Au dos : août 1949, Sotte ville-sur-Mer”. Au travers de photos et de souvenirs laissés par les événements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l’après-guerre à aujourd’hui. En même temps, elle inscrit l’existence dans une forme nouvelle d’autobiographie, impersonnelle et collective.
2) Mémoire de fille
Suite à son prix Nobel, Annie Ernaux a répondu plusieurs fois à la question : « Quels sont les livres qui définissent le plus votre œuvre ? » Elle a répondu : « Les années » et « Mémoire de fille ». Annie Ernaux dans ce livre, revient sur sa jeunesse, sur cette nuit de 1958 qui a marqué sa mémoire.
Le résumé
“J’ai voulu l’oublier cette fille. L’oublier vraiment, c’est-à-dire ne plus avoir envie d’écrire sur elle. Ne plus penser que je dois écrire sur elle, son désir, sa folie, son idiotie et son orgueil, sa faim et son sang tari. Je n’y suis jamais parvenue.” Annie Ernaux replonge dans l’été 1958, celui de sa première nuit avec un homme, à la colonie de S dans l’Orne. Nuit dont l’onde de choc s’est propagée violemment dans son corps et sur son existence durant deux années. S’appuyant sur des images indélébiles de sa mémoire, des photos et des lettres écrites à ses amies, elle interroge cette fille qu’elle a été dans un va-et-vient entre hier et aujourd’hui.”
3) Passion simple
Avant de consacrer un livre à la nuit de sa première fois, Annie Ernaux avait déjà abordé ses relations intimes dans le livre « Passion simple », sorti en 1996. Elle y décrit le désir sous sa forme la plus intense, un sentiment qui bouleverse tout sur son passage.
Le résumé
“À partir du mois de septembre l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi.”
4) Journal du dehors
Annie Ernaux aime utiliser son expérience personnelle pour faire une chronique de la société de l’époque, raconter ce qui l’entourait à ce moment-là, comment les gens vivaient, pensaient. Dans « Journal du dehors », elle se concentre sur l’extérieur, sur ces gens qui l’entourent sans qu’elle ne les connaissent.
Le résumé
” De 1985 à 1992, j’ai transcrit des scènes, des paroles, saisies dans le R. E. R. , les hypermarchés, le centre commercial de la Ville Nouvelle, où je vis. Il me semble que je voulais ainsi retenir quelque chose de l’époque et des gens qu’on croise juste une fois, dont l’existence nous traverse en déclenchant du trouble, de la colère ou de la douleur. “
5) L’événement
Sorti en 2001, le livre « L’évènement » a fait beaucoup parler de lui récemment en raison de l’adaptation cinématographique que la réalisatrice Audrey Diwan a proposé. Un film choc qui dépeint la vie de ces jeunes femmes pour qui avorter voulait dire risquer sa vie et voulait aussi dire risquer la prison. Un récit aussi dur que nécessaire où Annie Ernaux dévoile un pan très personnel de son existence qui nous rappelle l’importance du combat pour le droit à l’avortement.
Le résumé
“Depuis des années, je tourne autour de cet événement de ma vie. Lire dans un roman le récit d’un avortement me plonge dans un saisissement sans images ni pensées, comme si les mots se changeaient instantanément en sensation violente. De la même façon entendre par hasard La javanaise, J’ai la mémoire qui flanche, n’importe quelle chanson qui m’a accompagnée durant cette période, me bouleverse. »
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