FLAIR BOOK CLUB: 5 sorties littéraires à lire sans tarder

Rêves de montagne – Jon Krakauer

Le résumé: 

Fou d’alpinisme, Jon Krakauer offre ici le récit de douze aventures en montagne, de l’ascension du sommet de l’Eigeraux cascades de glace mais aussi sur les parois d’un canyon du Colorado, livrant au passage sa vision personnelle – et quelque peu critique – de Chamonix, la” capitale mondiale de l’alpinisme “.

On le suit de l’Alaska à l’Himalaya et des Rocheuses aux Alpes, comme si on vivait les ascensions en direct à ses côtés grâce à son don précieux pour la restitution de l’atmosphère d’un lieu, et de rendre sensibles à ses spécificités tout en traçant sur le vif le portrait des personnes (souvent fascinantes) qu’il rencontre chemin faisant.

On a aimé: 

1. La multiplicité des lieux abordés. Chaque chapitre est comme un mini-livre en soi et une invitation au voyage et à l’aventure.
2. Les incroyables destins qui sont mis en lumière par l’auteur. Lequel, comme dans chacun de ses livres, rappelle que la réalité dépasse toujours la fiction, même (ou surtout ?) sur les toits du monde.
3. Le regard que porte le livre sur la passion et jusqu’où on est prêts à aller pour l’assouvir. Certains prendront ses protagonistes pour des fous, d’autres les admireront ou les jalouseront, mais ils ne laisseront personne indifférent.

Maman pour le dîner – Shalom Auslander

Le résumé: 

Editeur de son état, Septième Seltzer coule des jours heureux à New York avec sa femme et leur fille. Jusqu’au jour où son frère aîné l’appelle pour lui annoncer la mort de leur mère, qu’il n’a pas revue depuis des années.

Ce n’est pas tant que Septième soit effondré, – sa mère était un monstre d’égoïsme et de méchanceté –, mais les Seltzer appartiennent à la communauté cannibale des États-Unis et, selon la tradition, les enfants doivent manger le corps de leur mère au cours d’un repas de fête.

Une coutume aussi ridicule qu’archaïque à laquelle Septième refuse de se plier. Mais est-ce aussi simple ?

On a aimé: 

1. L’humour mordant qui se dégage de chaque page. Rédiger un roman qui parle de deuil et de cannibalisme et parvenir à faire ricaner les lecteurs tout du long ? Le défi était de taille, mais Shalom Auslander le relève haut la main.
2. Ce que le roman dit du poids des traditions et de la difficulté de se défaire d’obligations qui pèsent parfois sur nous depuis l’enfance. Mais aussi sur le droit qu’on a de se défaire du lien avec ses parents si il est source de souffrance.
3. La réflexion que suscite le roman sur la théologie, notre rapport à la religion et à ses coutumes parfois incompréhensibles pour le commun des mortels. Et pourquoi, pour celles et ceux qui les suivent, elles ont toute leur importance.

Freud à Bloomsbury – Henriette Michaud

Le résumé: 

James Strachey et sa femme Alix partent à Vienne en 1920 se former auprès de Freud à la psychanalyse et à la traduction. L’entente avec le fondateur est immédiate. Il leur confie des textes à traduire et discute avec eux du choix des termes. De retour à Londres, le couple achève la traduction et vingt ans plus tard, en 1946, l’aventure reprend.

Après la mort de Freud, son fils Ernst souhaite une édition complète de référence et pressent James Strachey et Leonard Woolf, seuls à la hauteur de cette tâche pharaonique. A soixante ans, James, devenu un psychanalyste renommé, accepte de tout abandonner pour s’y consacrer, mais pas sans Alix. Ce sera la Standard Edition en 24 volumes, achevée en 1966. Le rêve de Freud est exaucé : il est devenu un auteur anglais.

On a aimé: 

1. La découverte d’un aspect caché de la vie d’un des noms les plus célèbres de la médecine moderne, qui se dévoile ici en anglophile confirmé, mais pas que.
2. Le formidable destin du couple formé par les Strachey, exemplaire notamment par le rôle primordial joué par Alix à une époque où les femmes étaient encore bien trop cantonnées au foyer.
3. L’impression fugace mais agréable d’être plus intelligent-e ou du moins plus instrit-e après avoir fini de lire le livre.

Les Imparfaits – Ewoud Kieft

Le résumé: 

2060, Cas est un jeune homme qui a grandi dans un monde où l’intelligence artificielle s’est immiscée dans tous les domaines de la vie et Gena, une IA qui assiste Cas dans toute ses décisions, en est l’exemple parfait. Dans cette société hypercontrôlée, la caste des « Imparfaits » refuse l’assujettissement aux algorithmes, et le jour où Cas disparaît sans laisser de trace, c’est à Gena qu’on demande des comptes… Comment a-t-elle pu le perdre de vue ? Et pourquoi n’a-t-elle pas réussi à dissiper son malaise ?

On a aimé: 

1. Le futur à la fois très et pas si lointain décrit à merveille par Ewoud Kieft. Dans un monde où algorithmes, trackings et autres cookies font partie intégrante de notre quotidien, est-on finalement si éloignés de la société de Cas et des siens ?
2. La manière dont l’auteur nous questionne sur la quête de perfection absolue de notre société. Est-ce que ça rend vraiment heureux? Et surtout, que reste-t-il de notre humanité une fois tous les défauts abolis ?
3. Le rappel léger (et délicieux) de sagas dystopiques telles que « Hunger Games » ou « Divergente ». Si vous avez aimé les lire, vous allez adorer découvrir « Les Imparfaits » !

Herr Gable – Jean-Baptiste Lentéric

Le résumé: 

Dévasté par la mort de son épouse Carole Lombard, Clark Gable décide de s’enrôler dans l’US Air Force. Sitôt sa formation d’artilleur aérien achevée, il embarque pour l’Angleterre. À bord d’un B-17, il participe à des missions de bombardement au-dessus de l’Allemagne nazie et de la France occupée. Adolf Hitler, grand cinéphile, ordonne de capturer l’acteur qu’Eva Braun et lui vénèrent. Cette mission hors normes est confiée au capitaine Florian Weiter, l’un des meilleurs tireurs d’élite de la Wehrmacht.

On a aimé: 

1. La découverte d’un pan ultra méconnu de l’Histoire, et la possibilité d’en apprendre encore sur la Deuxième guerre mondiale, à commencer par l’obsession maladive d’Hitler pour Hollywood.
2. Le gros plan sur Clark Gable, héros romantique par excellence de l’âge d’or du cinéma, que l’on découvre ici dans son meilleur rôle, celui d’une tête brûlée au cœur brisé akalui-même.
3. Le rythme haletant du roman, où il est parfois difficile de démêler fiction et réalité, comme dans tout bon récit d’aventure – et celui-ci est particulièrement réussi.