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© melanie deziel - unsplash

Flair Book Club: ““Le Bal des folles””, l’enfer des femmes démentes au 19ème siècle

Barbara Wesoly

Nos sociétés ont loin d’avoir toujours été tendres avec les femmes. Sans parler d’être justes. Et le “Bal des folles” l’illustre avec une effroyable sincérité, en suivant le quotidien de ces femmes internées pour psychose et hystérie à l’hôpital de la Salpêtrière au 19ème siècle.

Avoir subi un choc psycho-traumatique, être en dépression, avoir perdu un être cher, été abusée dans l’enfance. Ou, plus trivialement, vouloir travailler pour gagner son indépendance, aller à l’encontre des idées prônées par la société (masculine), rire ou parler un peu fort, avec un peu trop d’écho. Autant de raisons qui pouvaient au 19ème siècle, conduire les femmes françaises aux portes de la Salpétrière, plus célèbre hospice de Paris, où se retrouvaient toutes celles considérées comme hystériques, démentes et psychotiques. La majorité du temps amenées par un homme de leur famille, père, frère, mari, pour y être privées de leur liberté et internées, sans possibilité de fuite aucune. C’est ce passé douloureux et noir que raconte le livre de Victoria Mas, mais aussi le film de Mélanie Laurent, sorti dans la foulée en 2021.

Le résumé

1885. Après avoir révélé à sa grand-mère qu’elle entre en relation avec des esprits, Eugénie est amenée de force par son père à l’hôpital de la Salpêtrière. Les femmes qui y sont internées sont les cobayes de thérapeutes masculins. Notamment le fameux docteur Jean-Martin Charcot, qui a mené des recherches sur l’hystérie et qui est considéré comme un pionnier de la neurologie. Comme chaque année à cette période se tient aussi à la Salpêtrière “le bal des folles”, évènement mondain où, le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille en compagnie de ces internées, considérées avec excitation, crainte et curiosité malsaine.

En trois mots clés

#Hymne à la liberté
#Femmes
#Récits de vie

Pourquoi on a aimé

Parce qu’avec autant de pudeur que de puissance, Victoria Mas nous ramène deux siècles en arrière, à une époque, comme hélas tant d’autres, où il ne faisait pas bon d’être femme. Où celles qui y naissaient ne disposaient ni du droit de se défendre, ni de celui de s’assumer et certainement pas de celui d’être anticonformiste ou incomprise. Lorsque les portes de l’hôpital se referment derrière Eugénie, on s’y retrouve barricadée avec elle. Rencontrant ces écorchées vives, ces blessées de l’existence et ces révoltées, considérées bien souvent à tort comme névrosées ou psychotiques et traitées comme des cobayes scientifiques de médecins masculins autant que comme animaux de foire observés avec curiosité et jugement.

Ca va plaire à qui?

Aux passionné·e·s d’histoire, aux féministes, à ceux et celles qui aiment les récites de vie, à toute personne souhaitant comprendre l’ampleur du terme “sexe faible”, dont ont été affublées les femmes au fil des siècles.

Le bal des folles, de Victoria Mas, éditions Albin Michel.

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