Flair Book Club: ““Jours sans faim””, le livre qui raconte l’anorexie comme nul autre
Il serait présomptueux d’imaginer qu’un livre suffise à comprendre une maladie mentale, aux origines aussi personnelles que multiples. Mais avec “Jours sans faim”, Delphine de Vigan soulève une part du voile de la souffrance de l’anorexie et la raconte, avec une honnêteté bouleversante.
Son édition originale était signée Lou Delvig, pseudonyme pour lequel Delphine de Vigan opta à l’époque. Un choix qui se comprend aisémment tant ce premier ouvrage va loin. Loin dans sa sincérité, et sa mise à nu. Une autobiographie qui mêle profondeur et pudeur, comme l’auteure sait si bien le faire et qui ne le rend que plus fort. Plus brutal aussi. Comme elle l’affirmait avec clairvoyance dans “D’après une histoire vraie”, l’un des superbes romans qu’elle a signés depuis, “la réalité se permet parfois d’être bien plus terrifiante et violente que la fiction”.
Le résumé
“Cela s’était fait progressivement. Pour en arriver là. Sans qu’elle s’en rende vraiment compte. Sans qu’elle puisse aller contre. Elle se souvient du regard des gens, de la peur dans leurs yeux. Elle se souvient de ce sentiment de puissance qui repoussait toujours plus loin les limites du jeûne et de la souffrance. Les genoux qui se cognent, des journées entières sans s’asseoir. En manque, le corps vole au-dessus des trottoirs. Plus tard, les chutes dans la rue, dans le métro, et l’insomnie qui accompagne la faim qu’on ne sait plus reconnaître. Et puis le froid est entré en elle, inimaginable. Ce froid qui lui disait qu’elle était arrivée au bout et qu’il fallait choisir entre vivre et mourir.”
Laure a 19 ans, elle est anorexique. Exangue, squelettique et à bout de forces, elle finit par accepter l’hospitalisation suggérée par un médecin bienveillant, quelques semaines plus tôt. Dans une clinique parisienne, sa route l’amène à croiser des patients aux multiples pathologies, anorexiques comme elle, mais aussi boulimiques, présentant une obésité morbide ou une maladie gastrique chronique. Des rencontres auquelles se couplent la plus importante, celle d’elle-même. Ce retour à la vie, après s’être anesthésiée par le jeun pour ne plus souffrir, ne plus ressentir.
En 3 mots-clés?
#Autobiographie
#Profondeur
#Introspection
Pourquoi on a aimé
Parce que, premier livre ou pas, Delphine de Vigan possédait déjà ce talent fou de raconter le vrai et le sensible en tout, de mêler sentiments, biographie et poésie. De rappeler que conter la réalité peut aussi être dénué de tout voyeurisme et ne laisser place qu’à l’intensité et la profondeur. Parce que, que l’on ait souffert de cette maladie, qu’on n’en ait un jour effleuré la surface via un proche atteint ou que l’on ne la connaisse que de loin, la douleur et son poids capable de tout submerger, peut trouver un écho en chacun·e. Et parce que cette jeune femme qui renoue avec l’envie d’être et d’exister, est certainement l’un des plus beaux récits d’espoir qui soit.
À qui ça va plaire?
Aux amoureux·ses d’histoires vraies, de livres qui prennent au cœur. Aux féru·e·s de belles plumes, qui reconnaitront en Delphine de Vigan, l’une des plus talentueuses autrices actuelles. À ceux et celles qui aiment les ouvrages dont on sort transformé, ayant recueilli une jolie dose d’humanité.
Jours sans faim, Lou Delvig – Delphine de Vigan, J’ai Lu.
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