Flair Book Club: ““Recalé””, une satire sanglante de la superficialité actuelle
Le smartphone greffé à la main, l’avalanche de selfies pour avoir une photo à poster et récolter les likes, la téléréalité... C’est cette société ultra connectée et ô combien superficielle que dénoncent Hojort et Rosenfeldt dans “Recalé”, un roman policier jouissif où la bêtise humaine équivaut à un arrêt de mort.
Le résumé
“Trente secondes à partir de maintenant.” Mirre n’entendait plus le petit clic métallique du chrono-mètre. Combien de temps cela allait-il durer ? Qu’est-ce que l’homme avait dit ? Il allait poser soixante questions. À combien en était-on ? Mirre n’en avait aucune idée. Il avait l’impression que ça durait depuis une éternité. Il essayait encore de saisir ce qui lui était arrivé.
Une star de la téléréalité est retrouvée morte dans une école abandonnée, le crâne perforé par un pistolet d’abattage. L’homme est attaché à une chaise dans un coin de la salle de classe, un bonnet d’âne sur la tête et des feuilles agrafées dans le dos. À en juger par le nombre d’erreurs que recèle la copie, la victime a raté le test le plus important de sa vie. Ce meurtre n’est en fait que le premier d’une série dont les cibles sont toujours des personnalités des médias.
La Brigade criminelle prend l’affaire en charge et l’enquête va mettre le profileur Sebastian Bergman sur la piste d’un justicier obsessionnel indigné par le manque d’éducation des idoles de la nouvelle génération – ces personnifications de la superficialité qui incarnent la déchéance intellectuelle et morale de nos sociétés et la glorification de la bêtise humaine. Dans ce nouvel opus trépidant de la série Bergman – personnage lunaire, coureur de jupons invétéré, antihéros par excellence –, Sebastian et son équipe sont face à un tueur en série à la psychologie perfide, qui menace l’existence même des enquêteurs.
Pourquoi on a aimé
Dans ce dernier opus de la série Bergman, on suit une fois de plus le personnage d’enquêteur antihéros imaginé par Michal Hjorth et Hans Rosenfeldt. Mais nul besoin d’avoir lu les autres tomes de la série pour se passionner complètement pour cette enquête haletante, qui offre une satire sanglante de notre société de l’image et de la vacuité. Le rythme est soutenu, les prémisses, franchement originales, et le dénouement, surprenant à souhait. Un petit bijou de roman policier à la suédoise comme on les aime, qui fait tour à tour frissonner, rire (jaune) et puis qui pose question aussi. Certains de nos comportements en ligne ne seraient-ils pas au fond bêtes à mourir? On vous rassure, pas de serial killer semblable par ici, mais tout de même, Hjorth et Ronsenfeldt arrivent à nous interpeller l’air de ne pas y toucher.
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