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FLAIR BOOK CLUB: ““Terrible”” une BD magnifiquement cruelle

Julie Braun
Julie Braun Journaliste

Ne vous laissez pas attraper par ses couleurs et dessins doux: cette BD pour les grands est aussi cruelle que les contes d’autrefois.

Une nouvelle BD magnifique et étonnante qui revisite le folklore russe vient de paraître: “Terrible, L’enfant, la jeune fille et la sorcière”, de Gaël Henry. Celui-ci a répondu à une courte interview.

Le résumé

Une adolescente perd son petit frère et part à sa recherche dans une forêt à la fois fascinante et terrifiante. Elle y croise de grandes figures du folklore russe: la terrible sorcière Baba Yaga (qui a aussi inspiré Miyazaki notamment pour Le Voyage de Chihiro), Vassilissa la naïve, l’immense Loup gris, la sage Poupée… et un beau prince, bien sûr.

Je voulais explorer les thèmes plus sombres et complexes qui se cachent souvent derrière les histoires pour enfants

Gaël Henry

Et en 3 mots-clés?

#conte

#cruauté

#sorcière

Pourquoi on a aimé cette magnifique BD?

Dans “Terrible”, l’auteur rend joliment hommage aux légendes russes tout en réinterprétant pour nous le mythe de la sorcière. Ce n’est pas un conte linéaire où l’héroïne se bat et finit par sauver le monde. Son personnage n’est pas lisse. Et de rencontre en rencontre, elle apprend d’étonnantes leçons, parfois cruelles. Le récit est long (c’est un gros album de 144 pages) et nous emporte profondément dans son univers. En plus, la fin est bluffante!

À qui “Terrible” va plaire?

Aux fans des films du Studio Ghibli pour le dessin et l’univers. Mais aussi à ceux qui aiment les jolies bandes dessinées. Aux gens passionnés par le folklore russe. Et à tous ceux et toutes celles qui ont envie d’être surpris·es par un récit qui ne craint pas d’être… terrible.

3 questions à l’auteur

Gaël Henry est un jeune dessinateur et illustrateur (né en 1989). Diplômé en 2010 de l’Académie de Tournai en section Bande Dessinée, il a, depuis, voyagé un peu partout à travers le monde. Il a publié “Alexandre Jacob”, “Tropique de la violence” et “Kill Any Wong” (découvrez plus d’infos sur ces albums sur le site de Sarbacane) et “L’Ours de Ceausescu” (découvrez plus d’infos sur cette BD sur le site de Steinkis). Voici un extrait de l’interview qui accompagne le communiqué de presse de son dernier album:

Qu’est-ce qui vous a inspiré l’écriture de cette histoire?

Ça fait un certain temps que je pensais à écrire mais je n’arrivais pas à franchir le pas. J’ai donc commencé par une observation simple : ‘Qu’est-ce que j’aime lire et qu’est-ce qui me touche le plus en tant que lecteur (BD et roman)?’ J’ai dressé une petite liste et j’ai constaté que je suis souvent attiré par des épopées, des réinterprétations ‘modernes’ de différentes mythologies...

Je me suis alors plongé dans la lecture de nombreux ouvrages sur les contes traditionnels. Lorsque j’ai découvert une anthologie du folklore russe et scandinave, la présence centrale et fascinante de Baba-Yaga ainsi que les superbes illustrations de Bilibine m’ont plongé dans un monde riche et varié (Contes russes, traduits par Luda aux Éditions Seuil Jeunesse, ainsi que Contes russes et populaires d’Afanassiev), j’ai immédiatement su que j’avais là toute la matière pour mon futur projet... »

Quelles références aux contes/œuvres littéraires pouvons-nous retrouver dans votre bande dessinée?

Tout d’abord, l’histoire est divisée en 3 chapitres, qui font référence (plus ou moins explicitement) à 3 contes: Vassilissa la-très-belle, L’Oiseau de feu et Grande-Sœur et Petit-Frère. J’emprunte des personnages et/ou éléments narratifs à chacune de ces histoires. Le début de l’aventure fait également référence à Alice au Pays des Merveilles. L’héroïne, à la recherche de son petit frère (il porte un t-shirt avec un lapin blanc), traverse une grotte qui la transporte dans un monde mystérieux…

Comment avez-vous abordé l’écriture et le développement des personnages dans cette BD destinée aux adultes tout en puisant dans les contes pour enfants?

Dans ma courte carrière d’auteur de bandes dessinées, j’ai jusqu’à présent exploré des thématiques résolument adultes telles que la politique et le social. Je n’ai pas du tout les codes de la jeunesse. C’était une des conditions avec mon éditrice, je ne voulais pas me limiter par des aspects éthiques ou moraux propre à la jeunesse pendant le processus d’écriture. Sinon, j’avais peur de me retrouver coincé et de dénaturer mon propos! Avec “Terrible”, j’ai souhaité retourner à l’essence même du conte, cruel et adulte. Je voulais explorer les thèmes plus sombres et complexes qui se cachent souvent derrière les histoires pour enfants. Et c’est aussi ce qui me plaisait, ce contraste entre la douceur du dessin et la dureté de l’histoire.

Sous ses airs mignons, rappelant le conte pour enfant, le dessin illustre une histoire sombre qui touchera probablement plus un public adulte...

“Terrible, L’enfant, la jeune fille et la sorcière”, de Gaël Henry, éd. Dupuis.

Découvrez plus d’infos sur cette bande dessinée, ici.

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