Julia Reynaud nous parle de sa BD ““Le Bel Alex””
La jeune Julia Reynaud vient de sortir sa première BD, « Le bel Alex ». Une histoire d’amour qui interroge notre rapport au corps et notre société pleine d’injonctions sur notre physique. Jusqu’où est-on prêt à aller pour l’autre ? Nous l’avons interviewée.
Dans cette BD, tu racontes une histoire d’amour et dénonces les injonctions que les femmes reçoivent. Ce sont des sujets qui te tiennent à cœur depuis longtemps?
« Oui, les relations intimes sont un des thèmes sur lesquels j’ai pas mal travaillé, et notamment comment, entre des étrangers qui ne se connaissent pas, l’intimité peut se créer. J’ai lu beaucoup sur l’amour contemporain et j’ai notamment été marquée par le livre d’Eva Illouz, ‘Pourquoi l’amour fait mal’. Elle y compare les hommes et les femmes dans leur manière de chercher un partenaire. Ça m’a beaucoup fait réfléchir. »
Et en matière de rapport au corps?
« Dans ma BD, ce que je voulais vraiment monter, c’est une certaine absurdité de normes de beauté qui semblent finalement très arbitraires. Elles servent juste à vendre des produits. Dans un des passages de la BD, un personnage découvre sur lui quelque chose qu’il n’avait jamais remarqué ou considéré comme un défaut, avant qu’on crée une crème pour lutter contre. On est dans une marchandisation des complexes. »
Et avec les réseaux sociaux, c’est encore plus pervers qu’avec la publicité ou la presse.
« Oui, la publicité nous cible, mais ensuite, nous, par nos complexes, on devient aussi vendeur par nos amis. Avec les réseaux sociaux, le phénomène est encore plus inquiétant, il nous transforme en produits ambulants. »
Comme c’est un homme qui reçoit toutes ces injonctions, on est encore plus interpelé·e, c’était le but recherché?
« Je ne voulais surtout pas écrire une thèse, je voulais garder le focus sur l’histoire d’amour. Mais je trouvais que l’inversion des genres était une manière efficace de montrer combien les injonctions sont ridicules. »
Et des hommes liront aussi plus facilement l’album.
« Oui, aussi ! Quelques mecs sont déjà venus me dire que l’album leur avait fait du bien. »
Les complexes naissent aussi par les commentaires de la belle Alex.
« Elle transmet le discours de la société, en réalité, elle est plus flemmarde que méchante. »
Tu as remporté le prix Raymond Leblanc de la jeune création en 2020 (prix tremplin de 20.000 euros), ça t’a ouvert des portes?
« J’ai eu la chance de le remporter 1 an après mon Master BD à Saint-Luc. Je ne sais pas si j’aurais pu être publiée chez Casterman sans ça. J’étais ravie, car un des premiers romans graphiques que j’ai lu c’est Blanket, de Craig Thompson, paru chez Casterman, et qui m’a beaucoup influencée. »
Tu lis beaucoup de bandes dessinées? Tu en as des incontournables à conseiller en ce moment?
« ‘Merel’ de Clara Lodewick, que j’ai adorée. ‘La promotion’ de Victor Pellet, réalisé au crayon de papier, qui arrive à restituer la lumière de manière incroyable. Et ma dernière vraie claque, c’était ‘Rusty Brown’, de Chris Ware, grand Prix du festival d’Angoulême l’an passé. »
Feuilletez les premières pages de « Le bel Alex », de Julia Reynaud, sur le site de l’éditeur.
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