FLAIR BOOK CLUB: ““Vous ne connaissez rien de moi””, dans la peau d’une femme tondue en 1944
Dans son roman au titre percutant « Vous ne connaissez rien de moi », l’auteure Julie Héraclès fait la lumière sur une part de l’Histoire peu évoquée dans les livres, celle de l’histoire, de la vie, du ressenti de ces femmes qui, pendant l’Occupation, ont eu des relations avec des soldats allemands.
Que ce soit en cours d’Histoire à l’école ou bien dans les nombreux livres qui existent sur le sujet, celles et ceux que l’on surnommait « les collabos » ne sont que très peu évoqués. Se trouvant du mauvais côté des récits, ils sont bien souvent des personnages secondaires dans les romans historiques, ou bien ils tiennent le rôle des méchants de l’histoire. Mais on aborde encore moins le sujet des femmes et des hommes d’ailleurs, ayant vécu une histoire d’amour ou juste une relation avec l’ennemi.
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Dans les manuels d’Histoire, des photos nous montrent comment celles-ci étaient traitées par les résistants et les villageois à la fin de la guerre. Lynchage, torture, tonte en public, c’est finalement tout ce que l’on sait d’elles, au point de les nommer « les tondues ». Mais personne ne s’est aventuré à chercher comment elles ont vécu ces années de guerre, pourquoi elles en sont arrivées à aimer ceux qu’elles auraient dû haïr. Julie Héraclès vient répondre à toutes ces interrogations à travers son héroïne Simone.
Le récit s’inspire d’un véritable cliché pris par Robert Capa le 16 août 1944 à Chartres d’une femme tondue le visage incliné vers son nourrisson au milieu de la foule. Une photo qui figure sur la couverture du livre. Si l’histoire est une fiction, les événements de cette journée se passe dans l’ordre chronologique dans lequel ils se sont déroulés.
Le résumé
« Aujourd’hui, vous m’avez rasé le crâne, vous m’avez marquée au fer rouge et maintenant vous m’insultez comme une chienne. Mais vous ne me détruirez pas. Vous n’aurez pas cette étincelle qui me pousse à continuer, envers et contre tout. Car, aujourd’hui, encore plus qu’hier, je suis forte d’un trésor inestimable. Un trésor que beaucoup d’entre vous passerez toute une vie à chercher et n’obtiendrez jamais. J’ai aimé. Et j’ai été aimée. »
Et en 3 mots-clés ?
#guerre
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Pourquoi on a aimé ?
Le sujet de ce livre est dur, complexe et propice à la controverse, pourtant, il nous a tout de suite intéressé. Peut-être parce que c’est le parcours d’une femme qui en représente beaucoup d’autres, peut-être parce que le sujet est presque tabou. Et très vite le récit nous a emporté, on a eu envie de suivre l’adolescence de cette jeune fille naïve et rebelle qui n’a jamais voulu rentrer dans les cases, et qui peu à peu a commencé à idéaliser cette Allemagne nouvelle, au peuple déchaîné derrière son fürher Hitler. Mais c’est finalement une suite d’événements, de déceptions, d’envie de vengeance, de mauvaises rencontres, de passion pour la langue allemande, qui l’amène à travailler en tant que traductrice pour les nazis pendant l’Occupation, sans jamais se douter réellement des atrocités dont ces derniers sont responsables. C’est ce travail qui la mènera jusqu’à Otto, celui qui bouleversera son destin…
À qui ça va plaire ?
À toutes les personnes qui aiment les livres traitant de cette période sombre de notre Histoire et qui permettent de mieux en comprendre les différents enjeux. À celles et ceux qui aiment les récits s’apparentant à des journaux intimes et surtout à celles et ceux qui ont toujours voulu en savoir plus sur ces nombreuses femmes tondues et humiliées à la libération.
“Vous ne connaissez rien de moi”, Julie Héraclès, Editions JC Lattès, 20,90 €.
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