Grossophobe, Taylor Swift? Son dernier clip divise

Devenu en trois jours seulement l’album le plus vendu de l’année, “Midnights”, le dernier opus de Taylor Swift, fait beaucoup de bruit. Notamment parce que la chanteuse est accusée de grossophobie dans le clip du premier single qui en est sorti, “Anti-Hero”.

Un clip dans lequel elle s’inspire de celui de “Look What You Made Me Do” et se met en scène pour mieux confronter ses démons et ses critiques. Dont certaines viennent du plus profond d’elle-même: candide sur son rapport compliqué à son corps et à l’alimentation, Taylor Swift, qui avait déjà confié s’être affamée en découvrant des paparazzades où elle ne se trouvait pas à son avantage, a voulu montrer le poids de la dysmorphophobie avec laquelle elle doit composer. En l’occurence, en montant dans le clip sur une balance qui, plutôt que de lui annoncer son poids, lui renvoie le mot “fat”, ou “gros·se”, donc, au visage. Un qualificatif qu’une partie de ses fans (et de ses critiques) a du mal à avaler, et qui a créé une polémique en ligne.

Peur de grossir

Le fin mot? Selon les personnes qui lui reprochent l’utilisation de ce terme, il serait la preuve que Taylor est grossophobe, rien de moins. En effet, selon leur logique, puisque la découverte du “fat” sur sa balance contribuerait à la faire se sentir encore plus mal, c’est qu’elle craint de grossir, donc d’être grosse, donc d’être grossophobe. CQFD? Si le caractère manichéen des réseaux sociaux aimerait le penser, dans les faits, c’est un peu plus nuancé. Grossophobe, Taylor? Peut-être... Mais pas au sens où la critique l’entend.

Pour rappel, déjà, quand on parle de “grossophobie”, on décrit le comportement d’une personne qui “éprouve, qui manifeste de l’aversion, de l’hostilité ou envers les personnes grosses, en surpoids ou obèses”. Et si on revient à la racine du terme, cette aversion est causée par une phobie de ces personnes, soit, une peur, donc. Or justement, cette peur est au coeur même de la plupart des troubles du comportement alimentaire et du rapport au corps.

Ainsi que le souligne la journaliste britannique Ali Pantony, elle-même familière des ravages que les troubles du comportement alimentaire peuvent faire sur le mental, “la plupart d’entre nous souffrent en effet malheureusement de grossophobie internalisée, et ça nous est déjà arrivé à tous de monter sur la balance et de se sentir annihilés par le chiffre qu’elle indiquait”.

Un point de vue que nuance Olivia Truffaut-Wong pour “The Cut“. Si la journaliste américaine concède que “bien sûr, Taylor peut parler de son rapport compliqué à son corps”, elle souligne toutefois qu’en tant que “grosse qui a été appelée ‘grosse’ pour la majorité de ma vie, c’est difficile de me rappeler si Taylor Swift a jamais célébré la diversité corporelle. Je ne doute pas qu’elle a été blessée par la grossophobie de notre société ou sa glamourisation de la minceur extrême, mais quand a-t-elle jamais utilisé sa plateforme pour les combattre activement?”.

Il semblerait que face à la controverse suscitée par son dernier clip, la réponse soit “maintenant”, ou du moins, en partie.

La réponse de Taylor Swift

En effet, quelques jours seulement après la diffusion du clip de “Anti-Hero”, c’est désormais une version éditée de ce dernier qui apparaît sur Apple Music. Un détail qui n’a évidemment pas échappé aux Swifties, qui se sont empressés de partager la nouvelle en ligne.

Dans cette version revue et corrigée, le gros plan sur la balance et son “fat” controversé a en effet disparu du clip. Lequel, pour rappel, avait été scénarisé et réalisé par Taylor elle-même. Et si la chanteuse n’a pas encore répondu officiellement aux accusations, il semblerait donc qu’elle ait choisi de le faire de manière subtile, mais efficace. Une modification nécessaire? Si, après plusieurs jours de débat, il semble être acquis que ce qualificatif et ces peurs étaient avant tout dirigés vers Taylor elle-même, ainsi que le souligne la spécialiste des troubles alimentaires Shira Rose, c’était tout de même assez lourd de sa part. “C’est une manière pourrie de décrire son rapport compliqué à son corps. Les gros n’ont pas besoin qu’on leur rappelle que c’est le pire cauchemar de tout le monde de nous ressembler”. Et la thérapeute new-yorkaise de rappeler sur son feed Twitter que “ce n’est pas compliqué de dire ‘j’ai du mal avec mon image corporelle’ plutôt que ‘je suis un gros porc dégoûtant'”.

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