Pourquoi les sextoys dotés d’intelligence artificielle sont tout sauf malins
En 2018, on n’a toujours pas trouvé de remède contre le SIDA, on n’a exploré que 5% des océans et on manque encore de solution concrète pour endiguer le réchauffement climatique. Par contre, on a trouvé comment utiliser l’intelligence artificielle pour créer un sextoy qui fait des fellations parfaites. Le genre de progrès qu’on trouve difficile à avaler.
Bouche pulpeuse légèrement entrouverte sur des dents d’un blanc éclatant, peau de pêche au teint lumineux et unifié... Et c’est tout. Car au fond, Autoblow AI n’a besoin de rien de plus pour plaire puisque la seule utilité de ce sextoy est de faire les fellations les plus réalistes possibles. “Tient dans la main, prend dans la bouche”, donne un visage (partiel) à la sexualité 2.0, et vise selon son concepteur à “parfaire le réalisme d’une expérience sexuelle en solo”. Il est vrai que Madame Cinq-Doigts, aussi disponible soit-elle, est tout à fait incapable de répliquer le sexe oral, et une tarte aux pommes chaude n’offre pas une alternative plus appétissante.
All-you-can-pipe pour 218 euros
Il n’en fallait pas plus pour pousser Biran Sloan à imaginer une version améliorée de l’Autoblow 2. Et quoi de mieux pour une expérience ultra-réaliste que de doter le modèle revu et corrigé d’une intelligence artificielle? Pour répliquer au mieux les sensations d’une véritable fellation, les concepteurs avouent avoir visionné plus de 8 000 minutes vidéos de sexe oral. Gageons qu’ils ont trouvé la tâche très désagréable, mais il fallait bien ça pour proposer les 10 modes différents offerts par l’Autoblow. Plutôt “caresse buccale entière”,”caresse buccale sur la partie intérieure” ou “combo rapide et lent”? Et le tout, pour 218 euros seulement, on n’arrête décidément pas le progrès. Sauf que là, clairement, il faudrait.
Une esclave virtuelle
D’abord, parce que si sur le principe, les robots sexuels offrent la possibilité d’avoir des rapports à des personnes en manque de contact, il ne s’agit là que d’une fausse solution. En réalité, leur utilisation ne fait que contribuer à isoler d’avantage des personnes qui sont déjà isolées de base. Ensuite, en réduisant la femme au statut de simple objet, ces sextoys artificiellement intelligent donnent un dangereux exemple, ainsi que l’explique la chercheuse américaine Kathleen Richardson.
Posséder un robot sexuel est comparable au fait de posséder une esclave. Cela assimile le corps de la femme à un objet, une simple marchandise.
Pour Noel Shakey, membre de la Responsible Robotics Foundation, les robots sexuels représenteraient carrément un danger pour l’humanité. En effet, en rendant le sexe à la fois trop facile et trop abordable, les robots sexuels pourraient modifier en profondeur notre rapport à l’autre, et à terme, changer l’humanité.
L’espèce humaine n’est pas programmée pour avoir des rapports sexuels à la demande, et ces machines pourraient donc modifier notre comportement sexuel, en nous poussant à nous focaliser uniquement sur notre plaisir en mettant tout le reste de côté.
Or “tout le reste”, justement, est extrêmement important. C’est le jeu de séduction, la délicatesse et le respect dont il faut faire preuve pour plaire à l’autre, l’attente, les papillons dans le ventre, le frisson quand on se déshabille. Autant “d’options” qui ne sont pas comprises dans les 10 modes de l’Autoblow AI. Parce que quoi qu’en pensent certains concepteurs, l’intimité, ça ne s’achète pas.
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