Interra, l’asbl qui crée du lien entre migrants et Liégeois
Julie Clausse, 29 ans, Elisa Léonard, 26 ans et Lara Leroy, 27 ans ont co-créé une nouvelle asbl: Interra. Cette ASBL a pour objectif de développer des liens entre personnes migrantes et Liégeois, afin de renforcer le vivre-ensemble.
Si vous vous baladez à Liège, vous croiserez peut-être Linda, une vénézuélienne venue vivre en Belgique. Ce que vous ne soupçonnez peut-être pas, c’est que dans son pays elle était psychologue, profession qu’elle ne peut exercer en Belgique pour cause d’absence d’équivalence de diplôme. Dans les rues pavées de la ville, vous croiserez aussi Hachem, véritable cordon bleu, venant de Syrie. Et Youssouf, qui était coach sportif dans son pays natal. Beaucoup de personnes se retrouvent, après un parcours migratoire souvent chaotique et violent, isolées et sans réseau social en Belgique. Des changements de vie radicaux, mais aussi des carrières, des potentiels, des passions mises entre parenthèses, sous prétexte de frontières. Parenthèses et frontières que l’ASBL Interra compte bien briser.
Les 3 porteuses du projet
La crise de l’accueil
Car Julie l’affirme haut et fort : ce n’est pas une crise des migrants que nous vivons en Europe.
C’est une crise de l’accueil, elle résulte (de l’absence) de choix politiques. De plus, dans l’opinion publique, les migrants sont souvent perçus de manière négative. Selon nous, c’est aussi le manque de rencontre et donc la méconnaissance, qui renforce cette perception.
Un constat alarmant qui a poussé Julie, Elisa et Lara, trois Liégeoises engagées et formées aux questions migratoires à créer Interra. L’ASBL liégeoise organise des opportunités de rencontres entre migrants (arrivés ici depuis moins de 5 ans) et locaux (habitant ici depuis plus de 5 ans) en mettant en valeur les compétences, savoir-faire et passions de chacun.
Se réunir et s’enrichir
Ainsi, à titre d’exemple, Leila organise un atelier réalisation de tresses africaines, Fatima apprend comment faire du henné, Hachem des cours de cuisine et Youssouf organise un jogging dans la Cité Ardente une fois par semaine. « Le prix des ateliers est libre. On accompagne la personne dans la création de cet atelier. On l’aide à trouver une salle, du matériel, un public ». Le public ? C’est vous, les Liégeois qui nous lisez et c’est aussi tous les migrants qui le souhaitent. « L’autre jour, Mohamed m’a raconté à quel point courir avec le groupe de Youssouf lui faisait du bien, lui permettait d’oublier ses problèmes et le manque de ses proches, restés en Irak. Il discute avec les personnes locales aussi, ils se racontent leur journée… Son français s’améliore rapidement. C’est la meilleure manière d’apprendre une langue » souligne Julie.
Un égoboost bienvenu
À terme, le but d’Interra est de donner un maximum d’autonomie aux porteurs d’ateliers. « Les ateliers de Youssouf lui ont aussi permis de rencontrer des personnes intéressées par un coaching personnalisé, ce qui lui ouvre également des perspectives d’emploi. » Car outre leurs repères, c’est aussi leur confiance en eux qui se trouve ébranlée par le parcours migratoire. « Ces ateliers sont aussi des moyens de réaffirmation de soi », souligne Julie. « Ils testent leurs ateliers avec un public, et ça les booste. Après un premier atelier cuisine, l’envie nait chez Hachem d’ouvrir un petit restaurant syrien. Ça développe leur envie d’entreprendre. » Entreprendre, c’est ce que le Venturelab, un incubateur pour les jeunes, les a aidés à faire. Il accompagne les trois liégeoises dans le développement de leur projet et les aide à faire des liens avec ce monde qu’elles connaissent mal.
Aller plus haut
Pour elles, c’est clair, pour construire le vivre-ensemble et tendre vers une société plus inclusive, il est urgent de créer des espaces de rencontre. Développer ces rencontres autour d’un partage de compétences permet à chacun de reprendre confiance en soi, d’améliorer l’apprentissage de la langue, mais aussi de créer des opportunités de logement et d’emploi.
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