La rédac’ de Flair a accompagné les bénévoles de la Croix-Rouge
Mardi 3 décembre, la rédaction de Flair a donné un coup de main aux bénévoles de la Croix-Rouge de Bruxelles. Une soirée qui s’est avérée une vraie claque, mais aussi et surtout une aventure humaine bouleversante, à laquelle on vous encourage de participer.
Mardi dernier, on a voulu se mobiliser et participer à une maraude, à la rencontre des sans-abris qui dorment dans les rues de la capitale. À 18h30 tapante, on se retrouve dans le local de la Croix-Rouge, avec une première mission: préparer les sandwichs qui seront distribués aux sans-abris ce soir-là. C’est parti! Manon étale les tartines, je pose les tranches de fromage et de dinde, Laurane referme les sandwichs et Julie les emballe. Bon travail d’équipe! Au total, on a concocté une centaine de tartines, mais aussi préparé les fruits, les gaufres, une bonne centaine de kits d’hygiène (dentifrice, brosses à dent, savon, rasoir…) et chauffé 8 litres de potage, tandis que les autres bénévoles faisaient l’inventaire des différentes couettes, sacs de couchage, chaussettes, etc. à distribuer aux sans-abris. Des dons privés mais aussi d’entreprises. D’ailleurs, Roularta, le groupe média de Flair, a participé à une collecte organisée par notre rédaction. Des dizaines de sacs remplis de vêtements ont pu être donnés à la Croix-Rouge.
Nous nous sommes ensuite répartis en petits groupes de quatre, pour partir à différents endroits de Bruxelles (certains dans le secteur Saint-Gilles — Flagey, d’autres encore dans l’hypercentre de Bruxelles ou encore sur les lignes de métro Madou—Porte de Namur—Trône). Quelques règles nous sont données avant le départ, comme s’agenouiller pour se mettre à la hauteur des sans-abris en guise de respect ou encore, ne pas réveiller ceux qui dorment mais vérifier qu’ils respirent encore. Triste réalité, lorsque l’hiver s’installe dans notre pays.
C’est parti!
Vers 20 heures, on se met en route, à bord d’une camionnette. Il faut être au taquet et repérer les sans-abris aux abords des routes, bien cachés la plupart du temps, pour se protéger du vent glacial. On repère une tente, près de la gare de Bruxelles-Chapelle: on embarque les sacs pour préparer du thé, du café ou un sandwich aux deux sans-abris qui s’y trouvent. On discute aussi: Marisa travaillait dans le social à l’époque. Une dépression, quelques ennuis administratifs et la voilà à la rue. Elle est bien décidée à en sortir, elle a d’ailleurs déjà regroupé la somme nécessaire à une garantie locative, mais sans travail, toit ou téléphone, il lui est quasiment impossible de retrouver un logement. Elle nous demande comment nous allons, si cela fait longtemps que nous sommes bénévoles. Après avoir discuté une vingtaine de minutes avec eux, nous reprenons la route, après leur avoir promis qu’on reviendra les voir le mardi suivant, s’ils y sont toujours, car « avec le bruit du train toute la nuit, on aimerait bouger » nous expliquent-t-ils.
Constance, la bénévole que nous accompagnons, connaît bien la rue et ses habitants. Certains sans-abris la reconnaissent, elle connaît leur repaire, leurs cachettes pour éviter que le froid leur glace les membres. Un rituel s’installe: on leur sert du thé, du café, avec un maximum de sucre pour la plupart. On rencontre Julien ‘from the moon’, on discute lecture avec Marcel, qui nous raconte être passionné par la seconde Guerre Mondiale, avec Samuel, plongé dans un dessin d’enfant qu’il a repêché dans une poubelle, avec un Italien, tout juste la trentaine, venu en Belgique pour ouvrir un restaurant. Difficile parfois de ne pas se laisser submerger par l’émotion, devant toute cette gratitude, ces sourires, ces regards bienveillants et ces “merci”, alors qu’on ne fait finalement pas grand-chose. Difficile aussi de laisser derrière soi les plus mal-en-point. La Croix-Rouge n’a pas le droit de donner de médicaments aux sans-abris, on ne peut que les diriger vers d’autres organisations où ils pourront trouver les soins nécessaires. « On est là pour créer du lien, leur apporter du soutien » nous répètent les volontaires, qui connaissent l’importance de ne pas se laisser complètement immergés par les histoires personnelles des sans-abris.
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Après avoir passé trois heures à sillonner les rues et les stations de métro, nous revoilà de retour au local, toutes reconnaissantes d’avoir passé une soirée si simplement humaine, toutes animées par l’envie de faire plus souvent un geste envers les sans-abris, de les voir aussi. Car en allant à leur rencontre, en brisant cette espèce de barrière bizarre qui se hisse entre deux êtres humains lorsqu’il est question d’injustice sociale, on réalise à quel point cette barrière est fragile et insensée. On réalise aussi à quel point les sans-abris sont parfois invisibles à nos yeux. On passe à côté d’eux sans leur adresser ne serait-ce parfois qu’un regard, comme s’ils faisaient partie du décor de notre quotidien. Aller à leur rencontre, c’est leur redonner un peu de dignité et nous redonner, à nous, un peu d’humanité.
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