S’aimer soi-même est la chose la plus importante qui soit. Mais, comment une personnalité met-elle en œuvre cet amour de soi dans sa propre vie? Nous avons posé la question à l’humoriste belge Sarah Lélé.
Avez-vous confiance en vous?
“Oui. Depuis toujours. J’ai commencé à faire de la scène à 14 ans. Je m’étais fixée un objectif – faire du stand-up – et je me concentrais uniquement là-dessus sans me soucier du regard des autres.”
Malheureusement, l’humour n’est pas un atout féminin. Ca n’a jamais aidé une meuf d’être drôle.
Y a-t-il tout de même eu des périodes dans votre vie où vous aviez moins d’amour propre?
“A l’école, c’était dur… mais je ne m’en suis rendue compte qu’avec du recul. J’ai fait des trucs que je n’aimais pas du tout juste pour faire comme les autres. Genre: boire de l’alcool aux soirées, alors que je détestais ça. Je n’ai d’ailleurs plus bu une goutte d’alcool depuis ma rhéto. J’étais pas une ado stylée. J’avais mes blagues mais, personne ne les comprenait. Malheureusement, l’humour n’est pas un atout féminin. Ca n’a jamais aidé une meuf d’être drôle. Les garçons de 16 ans, ils n’aiment pas les meufs drôles.”
Si un homme est complexé parce que je suis plus drôle que lui, je lui dis juste au revoir. Et si je finis ma vie seule, qu’il en soit ainsi!
Les mentalités ont-elle changé?
“MA mentalité a changé, pas celle du monde. Si un homme est complexé parce que je suis plus drôle que lui, je lui dis juste au revoir. Et si je finis ma vie seule, qu’il en soit ainsi! Avant, j’essayais d’être moins drôle, de me taire. Mais, ma répartie m’a toujours rattrapée.”
Quel rapport entretenez-vous avec votre corps?
“Qui est capable de dire qu’il s’est toujours senti bien dans sa peau? Moi, personnellement, je ne me suis jamais sentie bien dans ma peau. Mais, vers l’âge de 16 ans, j’ai accepté que mon physique ne serait jamais ma force. Je suis en paix avec ça. Les critères de beauté ne sont plus primordiaux pour moi. J’ai d’autres vertus que je trouve bien plus importantes.”
Lesquelles?
“Mon intelligence, ma répartie, mon humour. Les mots m’ont permis de retomber sur mes pattes. Mon humilité aussi, ma retenue. J’apprécie ces qualités qui, à l’inverse de la beauté, ne fluctuent pas. Toute ma vie, on m’a dit que j’étais moche parce que j’étais noire et ronde alors bon, à un moment, je me suis dit: ‘T’sais quoi, tu ne vas pas mettre tous tes pions sur ton physique et tu vas essayer de faire rire.’ J’y pense encore quand je suis sur scène. Je me dis qu’il faut que je parle sinon le public va analyser mon apparence. Donc, je fais des blagues en me disant, qu’avec un peu de chance, ça permette aux gens de ne pas s’appesantir sur mes défauts physiques.”
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Est-ce qu’il vous arrive encore, malgré tout, de vous comparer aux filles sur Instagram qui répondent à tous les stéréotypes de beauté?
“Pas du tout. Je me dis: ‘Cette go est belle gosse. Bravo à elle!’ Je sais que je ne joue pas dans la même cour de récré. Moi, je n’ai que mes blagues et mon cerveau alors, si ça ne vous plaît pas, désolée, mais on se reverra dans un autre monde.”
Avez-vous des complexes?
“Tout le monde a des complexes, même les filles hyper jolies. On pense toujours que l’herbe est plus verte ailleurs. En dehors de mes complexes physiques, j’ai des défauts au niveau de ma personnalité aussi. Je suis hyper impatiente et mon assurance, ma confiance en moi, peuvent parfois être confondues avec un manque d’humilité ou de l’arrogance. Alors que pour moi, l’arrogance, c’est avoir besoin de descendre les autres pour se sentir valorisé. Moi, je ne me compare jamais aux autres mais toujours à celle que j’étais hier. Il m’est arrivé, par exemple, de me trouver nulle sur scène et qu’on soit venu me rassurer en me disant: ‘Mais, non, t’étais vachement mieux que les autres humoristes’. Mais, ça, moi, je m’en fous. Mon exigence, elle est envers moi-même.”
Vous prendre un bide sur scène peut-il affecter votre confiance en vous?
“Non. Pour le moment, je joue beaucoup à Paris et donc, des bides, je m’en prends beaucoup aussi. Si j’avais dû être triste ou fâchée à chaque fois que je m’étais pris un bide, je serais paralysée à l’idée de monter sur scène. Donc, si je me prends un bide, je passe vite à la blague suivante et, quand j’ai le temps, j’essaie de comprendre pourquoi la vanne n’a pas marché.”
Sarah Lélé jouera son spectacle, La mauvaise éducation de Sarah Lélé, le 29/3 au festival Namur is a Joke, le 1¼ au Bunny Comedy Club (Tournai), le 13/4 au Stade Roi Baudouin et le 17/4 à la Comédie en Ile (Liège). Infos: odlive.be
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