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L’interview self-love de Solann: ““On m’a longtemps répété que je n’étais pas dans la norme””

S’aimer soi-même est la chose la plus importante qui soit. Mais, comment une personnalité met-elle en œuvre cet amour de soi dans sa propre vie? Nous avons posé la question à la chanteuse Solann.

Avez-vous confiance en vous?

“Oui. Mais, cela n’a pas toujours été le cas. Je ne suis pas certaine que ce soit d’ailleurs tout à fait acquis. Mais, faire ce métier, recevoir tous ces témoignages d’amour du public, ça aide, ça donne l’impression de faire quelque chose qui compte un peu.”

Avec l’amour du public, viennent aussi les messages de haine qui peuvent parfois briser cette confiance en soi.

“J’ai la chance d’avoir très peu de retours négatifs. Même si, quand j’ai sorti Rome (un hymne féministe, ndlr) des masculinistes se sont invités dans mes DM pour me menacer. C’était assez rude. Vous savez, j’ai été harcelée par un homme pendant 7 ans et, comme la justice ne m’a pas aidée, j’ai fini par déménager. Aujourd’hui, je ne veux plus fuir, me taire parce que j’ai reçu des messages de haine. Chanter, je ne sais faire que ça de toute façon. Alors, j’ai peut-être toujours un peu peur du regard des autres mais, en tout cas, j’ai eu le déclic de me dire que ces avis négatifs ne comptent pas à l’échelle de milliards de gens qui vivent sur un petit caillou au milieu de l’espace.”

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Sur l’un de vos morceaux, Mayrig, vous dites: ‘Grâce aux écouteurs, je vais bien’. Quand avez-vous compris que la musique renforçait votre amour propre?

“Je devais avoir 4,5 ans. J’ai toujours été très solitaire, timide. Je regardais le sol, je ne voulais pas qu’on me remarque. Me réfugier dans la musique est devenu un automatisme. Chez mes grands-parents, maternels et paternels, il y avait un piano. J’aimais y jouer. Vers 10 ans, j’ai commencé à écrire des chansons, ça m’aidait à prendre du recul sur les choses, même si ça ne réglait pas forcément le problème. Quand j’écris, je suis apaisée, moins aveuglée par mes préoccupations du moment.”

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Cette différence, que vous avez longtemps voulu cacher, est aujourd’hui votre plus grande force. Le public aime votre singularité. C’est une belle revanche?

“J’aimerais vous dire que j’ai voulu faire ce métier pour des raisons plus nobles mais, parfois, oui, on a juste envie de prendre une revanche sur le passé. Aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’on me permet enfin d’être moi. J’ai moins envie de me cacher. Je pense être sur le bon chemin même si je sais qu’il sera long. Certains jours, j’ai l’impression d’avoir fait 3 pas en arrière.”

Avant la chanson, vous avez fait du mannequinat. De quelle façon votre expérience dans le milieu de la mode a-t-elle impactée votre amour propre?

“Ca ne m’a pas franchement aidée. J’avais l’impression de n’être qu’un cintre. On scrutait constamment mon corps. On fait des réflexions aux mannequins sur ce qu’elles devraient changer et c’est rarement positif. Quand j’ai débuté dans le mannequinat à 18 ans, j’avais les cheveux très longs – encore plus longs qu’aujourd’hui – et on m’a demandé de les couper très courts. Ca a été un choc. J’ai changé d’apparence du tout au tout. Ce n’est pas facile à un âge où l’on tente tant bien que mal de s’accepter.”

Sur Petit Corps, vous parlez de ce rapport complexe à votre image.

“J’ai toujours eu un rapport très compliqué avec mon corps. Je suis naturellement fine mais je ne souffre pas de trouble alimentaire. Je mange tout à fait normalement. Pourtant, toute ma vie, on m’a répété que j’étais malade, que j’avais un problème. C’est fatigant.”

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Je sais que je ressemble à un coton-tige, que je n’en impose pas beaucoup physiquement, alors, je me suis qu’en devenant monstrueuse, je prendrais enfin de la place.

Avant de publier votre 1er album, Si on sombre ce sera beau, vous avez sorti un EP intitulé Monstrueuse. C’est comme ça que vous vous voyez?

“On m’a tellement répété que j’avais un physique particulier, que j’étais bizarre, que je n’étais pas dans la norme. Je me suis dit que j’allais aller dans leur extrême: ‘Vous trouvez que j’ai une tête d’alien, je vais appeler mon EP Monstrueuse’. Je sais que je ressemble à un coton-tige, que je n’en impose pas beaucoup physiquement, alors, je me suis dit qu’en devenant monstrueuse, je prendrais enfin de la place. Après, bien sûr, il y a d’autres significations. Dans les contes, par exemple, j’ai toujours préféré les monstres. Je les trouve plus intéressants, plus complexes que les héros.”

Avoir confiance en soi, c’est aussi avoir confiance en son instinct. Vous l’écoutez?

“Je l’écouterai toujours quitte à avoir l’air ridicule, à passer pour une meuf bizarre. Il m’a sauvé la vie 2 fois.”

Qu’est-ce que vous vous dites aujourd’hui quand vous vous regardez dans le miroir?

“Que je suis fière de moi, de mon travail, de ce qui se passe. J’ai un regard assez doux sur moi.”

Si on sombre ce sera beau, de Solann. En concert le 20/3 au Reflektor (Liège), le 23/8 aux Solidarités (Namur), le 12/11 au Théâtre le Manège (Mons), le 13/11 à La Madeleine (Bruxelles). Infos et rés.: ici

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