Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…

Rencontre avec Ben Mazué: ““Après 40 ans, ton rapport au temps change””

C’est un Ben Mazué heureux de voir le soleil briller après des mois de grisaille qui nous raconte Famille, un album qui parle de lui, mais surtout de nous.

Et dire que certain·e·s personnes ont la chance de se lever chaque jour au soleil. Mais, comme vous le chantez sur votre album: “Famille, je suis resté dans ce pays pour toi”.

“C’est tout à fait vrai. La plupart des gens habitent là où ils habitent parce que c’est aussi là où leur famille habite même s’ils seraient peut-être plus épanouis, plus heureux ailleurs. A l’inverse, il y a des gens qui partent à cause de leurs proches. J’ai passé pas mal de temps à La Réunion où j’ai rencontré des expatriés qui avaient quitté un environnement nocif pour eux.”

Comme vous, j’ai 2 garçons et j’ai pleuré en écoutant Cécile Gagnant. Peut-être que je n’ai pas tout à fait fait le deuil de la petite fille que je rêvais secrètement d’avoir. Et vous?

“Je ne sais pas. J’ai l’impression que j’ai écrit cette chanson parce qu’il était temps que je le fasse. On ne va pas se plaindre. Parce qu’on a des enfants et, que ce soient des garçons ou des filles, ça ne compte évidemment pas beaucoup. Mais, il y a quelque chose de l’ordre de l’imaginaire, du fantasme de quelque chose qu’on ne vivra jamais. Parce que mes enfants sont grands, que si j’avais un autre enfant maintenant, il y aurait moins cette notion de fratrie. Même si, en vrai, je trouve ça marrant quand le petit dernier arrive 10 ans plus tard. Ma mère m’a toujours dit que ça avait été très facile pour elle d’avoir des enfants, qu’il suffisait que mon père enlève ses chaussettes… Du coup, elle a eu des enfants quand elle en voulait et elle n’en a pas eu quand elle n’en voulait pas. Mais, elle m’a avoué que ça lui aurait plu d’avoir un enfant imprévu, que ça avait un autre charme, que c’était une autre façon d’aimer.”

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Sur C’est l’heure, vous questionnez votre rapport au temps qui passe. Vous le mesurez aux enfants qui grandissent?

“Peut-être. Quand tu regardes des photos de tes enfants qui datent d’il y a 2 ans, tu te dis que c’est fou la vitesse à laquelle ils grandissent, que l’enfance passe vite. Même si, quand tu es enfant, tu ressens les choses différemment. J’ai l’impression que l’école primaire a duré une éternité. Alors que 4 ans dans une vie d’adulte, c’est rien. C’est un job que tu as aimé et fini par quitter. Après 40 ans aussi, ton rapport au temps change. Tu te dis qu’il est temps de profiter, d’accepter la vie telle qu’elle est. On dit qu’il faut cueillir l’instant présent et c’est comme si, tout à coup, ça m’avait frappé, que j’avais enfin compris le sens de ce qui, jusqu’ici, n’était qu’un précepte. Me dire qu’il me reste peut-être peu de temps sur cette Terre me permet de vivre les choses avec beaucoup plus de joie, d’urgence.”

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Dans La valse de mamie, vous racontez la routine d’une dame de 97 ans. Ça vous fait peur d’un jour être à sa place?

“Au contraire. Je trouve ça très rassurant de savoir qu’il existe des gens capables de se dire qu’ils ont fait leur temps. Quel bonheur! Ça veut dire qu’on peut aller vers la mort sans peur, qu’on peut s’accomplir jusqu’au bout. Moi, si la mort me fait peur, c’est parce que j’ai l’impression que j’ai encore des trucs à vivre et que j’ai l’impression que cette impression ne me quittera jamais. Alors que, peut-être que si?”

Quand ils·elles sortent un nouvel album, les artistes disent souvent que c’est leur œuvre la plus personnelle. Vous, c’est l’inverse. Il y a moins de vous et plus de nous sur ce disque?

“Pendant des années, j’ai articulé mes albums autour de la somptueuse histoire d’amour que je vivais. Autour de cette histoire, il y avait les enfants, la vie mais surtout l’amour conjugal. Ici, je parle de ma famille. Pas seulement les oncles, les frères, les grands-parents, mais tous ceux qui m’entourent. Et, cet entourage fait de moi celui que je suis. Donc, en fait, peut-être qu’il s’agit tout de même de mon disque le plus personnel.”

©Philippon

Et il est, en tout cas, toujours question d’amour…

“Parce que l’amour conjugal me passionne, me fascine, m’inspire. Mais, je ne parle plus forcément du mien. Lancer mon podcast, Amour Jungle (dans lequel il décortique le courrier du coeur de ses fans avec des expert·e·s, ndlr), m’a obligé, d’une certaine manière, à me tourner vers les autres, à analyser les dysfonctionnements de leurs relations. Mais les leviers sont les mêmes, j’écris sur les émotions qui me traversent.”

Il y a une forme d’accomplissement dans le fait de vivre une histoire qui dure depuis longtemps.

Le but d’une vie, c’est de la partager avec la même personne, comme vous le chantez sur Pour en arriver là?

“Ce qui est sûr, c’est que quand quelqu’un me dit qu’il est marié avec sa femme depuis 53 ans, je le félicite. Ce n’est peut-être pas une finalité en soi, mais il y a une forme d’accomplissement dans le fait de vivre une histoire qui dure depuis longtemps. Je trouve ça beau de se tenir la main jusqu’au bout, peu importe les blessures qu’on a pu se causer et ce qu’on a eu à vivre chacun de notre côté.”

Famille, de Ben Mazué. En concert le 10/10 au Cirque Royal de Bruxelles et le 14 mars 2026 à Forest National. Infos: ticketmaster.be

Lire aussi:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires