La réalité virtuelle a le vent en poupe et ses possibilités sont infinies. Armées de leurs nouvelles lunettes Meta Quest 3 VR, nos journalistes sont parties à la découverte de cet univers parallèle fascinant.
Imaginez un endroit où vous pouvez être à 100 % vous-même, et où vous vous sentez instantanément émerveillé·e et bouillonnant·e d’énergie. Une belle musique d’ambiance vous emporte et vous avez le sentiment de pouvoir accomplir l’impossible. Ne cherchez plus, ce monde existe bel et bien. Il suffit de chausser ses lunettes VR (de réalité virtuelle) pour le rejoindre. Ces lunettes-casque que l’on glisse simplement sur ses yeux sont l’outil idéal pour échapper en une seconde à la grisaille, aux pleurs de vos enfants ou à votre belle-famille névrosée. Elles vous donnent aussi l’excuse parfaite pour faire une pause dans la lecture de vos e-mails et abandonner l’actualité anxiogène pour un lieu où tout est calme et tranquille. Fantastique non? D’autant que, depuis plusieurs années, vous avez aussi la possibilité de le rejoindre en compagnie d’autres personnes. La sortie idéale (et souvent hilarante) entre ami·e·s, sans même quitter son chez-soi!
Mais notre évasion va-t-elle progressivement trop loin? Sommes nous en train de perdre l’attention et l’empathie si nécessaires à nos relations avec nos proches, à cause de toutes ces distractions technologiques? Devenons-nous anti-sociaux à force de fréquenter le monde virtuel, et moins satisfait de la vie réelle? Où n’est-ce au fond pas si grave? Quatre de nos journalistes ont cherché des réponses en se plongeant dans un tout nouveau jeu VR. Avec à l’esprit cette question: “Qu’est-ce qu’une telle expérience apporte réellement?”
Arkasha a affronté sa peur via “Walk the Plank”
« Je suis quelqu’un de plutôt rationnel et j’aime me prouver que je peux supporter des situations difficiles. Je n’ai pas le vertige, mais quand j’ai appris par l’équipe qu’une personne sur trois n’osait pas marcher sur la planche de ce jeu, cela m’a intriguée. Est-ce que j’y parviendrais? Ou est-ce que mon réflexe de survie prendrait le dessus? Le jeu se déroule ainsi: on enfile les lunettes et on se retrouve dans un ascenseur qui donne sur une rue citadine animée. Il faut alors appuyer sur un bouton et les portes de l’ascenseur se ferment. On voit les étages défiler, et c’est drôle, car on ressent dans notre corps l’impression de monter. Puis les portes finissent par s’ouvrir en haut d’un gratte-ciel et, face à soi, il y a une petite planche en bois, qu’il faut traverser, avec l’immensité du vide en-dessous. Les organisateurs placent une vraie planche par terre, qu’il faut trouver en tâtant avec son pied, avant de se placer dessus.
Même si ce n’est pas réel, la sensation de peur et l’adrénaline en plongeant les yeux dans le vide, est bien là.
Avec une vue plongeante sur le sol en contrebas, on progresse doucement vers l’extrémité de la planche, en se tenant sur une jambe, en touchant ses orteils ou en faisant un tour sur soi-même. Vous avez beau savoir que ce n’est pas réel, la sensation de peur et l’adrénaline en plongeant les yeux à des dizaines de mètres plus bas, est bien là. Honnêtement, j’étais effrayée de marcher sur cette planche, même si j’avais la certitude qu’elle était seulement posée sur le sol et que ce vide n’existait pas. Mais c’est étonnant de voir à quel point l’intuition peut être forte et comment l’image réussit à manipuler notre cerveau. Du coup, vous ne faites plus totalement confiance au superviseur qui vous guide tout au long du jeu et vous demande de réaliser de petites actions. À la fin, il demande de sauter de la planche, ce qui m’a fait “tomber” (du moins c’est ce que j’ai ressenti) avant de voir apparaître une lumière blanche, à laquelle mon corps a réagi violemment. En retirant le casque VR, la sensation persiste un moment. Je me suis sentie un peu mal, mais les frissons se sont rapidement transformés en un regain de curiosité. J’ai donc réitéré l’expérience, en mode dose d’horreur supplémentaire, où l’on voit des araignées ramper dans l’ascenseur et un clown fou scier la planche, pour finir par être ecrasée après la chute. Je ne suis pas, de base, une joueuse, mais ce moment m’a donné envie de découvrir d’autres expériences VR. J’en veux plus! »
Elien a médité en VR classique
« Le fils de mon amoureux a des lunettes VR et il m’est arrivé à plusieurs reprises de jouer avec lui à des jeux pour enfants, mais je n’avais, par contre, aucune expérience en matière de méditation en réalité virtuelle. Cherchant l’évasion, ce principe m’a vraiment séduite, car il s’agit d’un moyen simple de quitter un quotidien rempli de tracas. C’est exactement la raison pour laquelle je médite. Pas tous les jours, mais régulièrement. Lâcher prise et ne me soucier de rien. Et je préfère toujours me diriger vers des méditations guidées, car j’ai du mal à calmer mon esprit dans le silence. J’habite en ville, dans un quartier bruyant et animé, et cela me distrait facilement lorsque j’essaye de me concentrer. Mais avec ces lunettes VR, c’était totalement différent. J’ai littéralement été éjectée dans un autre monde, loin de la réalité. Uniquement concentrée sur l’instant présent.
Je vois de beaux rayons de lumière colorée qui brillent sur un grand lac puis je rejoins un second univers rempli d’étoiles.
Dans la scène d’ouverture du jeu, de magnifiques rayons de lumière colorée brillent sur un grand lac. J’aime être dans et à proximité de l’eau. Je trouve ce cadre apaisant. J’étais si étonnée par ce que je voyais. Une grande sphère de lumière vers laquelle je devais me diriger et, en suivant ce chemin, rejoindre un second univers rempli d’étoiles. Ce voyage méditatif comprenait également de petits exercices de respiration et des jeux de concentration, qui donnent presque le vertige, mais dans un sens positif. Cela détend profondément. J’étais assise sur une chaise, mais si j’avais été couchée, j’aurais pu m’endormir, peu importe le lieu. C’était tellement apaisant. La sensation que j’éprouve en méditant est comparable à celle d’un moment thalasso.
Il m’arrive de réserver parfois quatre heures au spa, avec un massage profond, mais cette fois il m’a suffit de dix minutes avec ce casque VR pour éprouver la même chose. Cela n’a pas duré longtemps, mais en en reparlant pour cet article, je n’ai qu’une envie, recommencer. Quand j’ai retiré les lunettes, j’ai par contre ressenti un peu de déception. J’ai tendance à souhaiter que ma vie soit digne d’un film et je m’immerge alors complètement dans ce que je trouve passionnant. Me retrouver soudain dans le sous-sol froid de la rédaction et devoir retourner au travail n’était pas évident. J’imagine que la réalité virtuelle peut créer une dépendance, donnant envie de visiter très (trop) souvent cet univers magnifique et échapper à la grisaille du monde réel. Selon moi, la VR est une parfaite évasion à court terme, mais il est dangereux de la considérer comme normale. Je sens déjà que je pourrais m’y plonger chaque jour, afin de m’évader le temps de quinze minutes, vers un lieu doux et paisible. En général, si je souhaite m’acheter un objet, je me fais plaisir, du moins si c’est financièrement abordable. Mais quelque chose me retient d’investir dans ces lunettes VR. Je pense que je préfère profiter de ce que la vraie vie a à offrir, comme le sport et les activités sociales, plutôt que de me plonger dans un univers où je pourrais me perdre. J’adorerais refaire de la VR en groupe ou avec des amis, mais pas au quotidien. Cela me semble trop dangereux. »
Evi s’est essayée au laser game mixte en VR
« Je n’ai pas une grande expérience des jeux vidéos, mais lors d’un team building, j’avais déjà testé la VR avec deux équipes qui s’affrontaient dans un jeu de tir. Nous évoluions alors dans un monde totalement virtuel. En enfilant mon casque pour cette découverte du laser game, je suis surprise de découvrir le monde réel, mais auquel ont été ajoutés des éléments comme un mur ou un tableau d’affichage, derrière lesquels il est possible de se cacher.
Le jeu me donne un regain d’énergie et je me vide la tête, même si c’est assez intense. Après deux petits matchs, on est tous en sueur.
C’est vraiment un mélange de fiction et de réalité, et cela rend le principe d’autant plus cool, puisqu’il peut dès lors se réaliser n’importe où. La team de VR qui nous encadre peut aussi complètement moduler et transformer l’espace où nous évoluons – comme ici, le sous-sol sans âme de la rédaction – pour en faire l’endroit idéal où combattre et s’abriter derrière des rochers qui n’existent pas vraiment. Je suis plutôt compétitive, mais j’adore aussi jouer en équipe. Surtout lorsque Abdel, notre collègue informaticien se joint spontanément au laser game. De quoi illuminer ma journée.
Et d’autant plus quand je le retrouve plus tard à mon bureau pour un problème technique, faisant toujours semblant de tenir un pistolet laser. Hilarant. Le jeu me donne un regain d’énergie et je me vide la tête, même si c’est assez intense. Après deux petits matchs, on est tous en sueur. Une fois fini le second, je suis assez soulagée de retirer mes lunettes et de pouvoir à nouveau entendre et voir le monde réel. La réalité virtuelle est très amusante, mais je n’aurais pas pu y rester toute la journée. C’est vraiment une expérience très intense. »
Ysaline a eu un fou rire en préparant des hamburgers fictifs
« Je suis une gameuse passionnée. Chez moi, je joue principalement à des jeux Nintendo, donc je connaissais déjà le jeu Overcooked, dans lequel il faut délivrer des commandes à des clients fictifs, entre amis ou en solo. Et ce jeu VR s’avère être une sorte d’Overcooked, mais sous stéroïdes! Je fais une partie avec trois de mes collègues, et dès que nous enfilons les lunettes, nous voici propulsés dans une cuisine professionnelle virtuelle, habillés en chefs italiens. Trop drôle! L’objectif? Dans ce jeu en équipe, il faut cuire des hamburgers aussi vite et efficacement que possible avant de les livrer aux clients au comptoir.
Mais les catastrophes arrivent en permanence. On fait tomber des ingrédients, la sauce se répand partout, les assiettes cassent, … Et c’est tellement drôle de voir ses collègues enchaîner les bêtises. Contrairement à Overcooked, vous êtes votre propre avatar et il n’est pas nécessaire d’appuyer sur votre manette pour esquiver, mais juste d’effectuer le geste. Se retrouver vraiment en face des gens qui attendent leur commande et deviennent de plus en plus impatients, puis en colère, donne un shot d’adrénaline d’autant plus fort. Et puis, savoir que c’est mon collègue est aussi rigolo.
Un collègue s’appuie sur le comptoir virtuel, l’envoyant valser. Impossible de stopper ce fou rire.
À un moment, j’oublie même carrément que je suis dans un jeu. J’entends les autres hurler de rire, mais comme les avatars des chefs italiens n’ont pas encore d’expressions faciales, l’effet est assez étrange. Cela n’en reste pas moins assez fou d’avoir le sentiment d’être réellement dans cette cuisine et de ressentir la tension du boulot. Dès que j’enfile le casque, c’est comme si le monde réel disparaissait, et je me transforme en petite fille surexcitée. Nous courrons comme des poules sans tête, c’est génial. Jusqu’à ce qu’un collègue s’appuie sur le comptoir virtuel, l’envoyant valser. Impossible de stopper ce fou rire. Si on me proposait d’y retourner deux heures, je signerais sans hésiter. C’était tellement amusant. Et même un peu addictif. Je me suis même renseignée pour m’acheter mes propres lunettes VR. Elles coûtent 550 euros sans les jeux. On peut jouer avec plusieurs personnes, mais pas rejoindre des parties d’Arena (qui propose des évènements dans lesquels on profite d’un moment de VR avec ses amis, sa famille, etc.), qui nécessitent une licence spécifique. Profiter d’une telle expérience de VR est le team building idéal, ou la parfaite activité à s’offrir avec ses potes. »
Texte d’Arkasha Keysers, Barbara Wesoly et Ana Michelot.
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