On a interviewé Adèle Exarchopoulos pour ““Rien à foutre””
Qui n’a jamais pris un vol low-cost sans se demander qui se cachait derrière le personnel de bord? C’est un peu la toile de fond de Rien à foutre, un film franco-belge dans lequel l’actrice Adèle Exarchopoulos excelle en hôtesse de l’air un peu paumée.
Texte: Amandine de Harlez Photos: Cinéart
Qui est votre personnage de Cassandre?
« C’est une jeune femme d’une jeunesse contemporaine qui, suite à un deuil, essaie de s’échapper dans un monde qu’elle fantasme. C’est une jeune fille qui est dans sa génération parce qu’elle a envie de vivre chaque jour comme si c’était le dernier, mais en même temps, elle a besoin de beaucoup d’amour. C’est quelqu’un qui se cherche. »
Les réalisateurs ont eu une manière bien à eux de tourner ce film. Comment avez-vous vécu cela?
« J’ai compris très vite que ce serait quelque chose d’expérimental. Ils voulaient que je sois entourée non pas d’acteurs mais de personnages qui jouaient leur propre rôle, leur propre métier dans l’aérien. Ils voulaient que ça se rapproche du réel, du documentaire. Pour incarner ce rôle, je devais suivre une vraie formation d’hôtesse de l’air. »
Quel type de préparation avez-vous eu?
« J’ai rencontré beaucoup de gens qui travaillent pour des compagnies aériennes low-cost et j’ai vraiment suivi une formation d’hôtesse de l’air où j’ai pris quatre vols par jour en conditions réelles. J’allais au Bourget à 7h du matin, avec de vrais passagers. J’y ai découvert la pression derrière ce métier. »
`Hôtesse de l’air, c’était un rêve de petite fille pour vous?
« Pour moi non, mais c’était bien le cas de mes copines de classe par contre. Elles voulaient être vétérinaires ou hôtesses de l’air, moi je voulais être chocolatière. »
Ça a changé votre regard sur ce métier?
« Oui, déjà que je n’avais pas envie de faire ce métier, là j’ai encore moins envie. Ce que je trouve difficile c’est le fait de n’avoir aucune prise sur la réalité pendant plusieurs heures. Si ton enfant a un problème à l’école, tu es en train de décoller, ben tant pis c’est comme ça. J’ai aussi ressenti une grande pression de la hiérarchie, des ventes de boissons ou de parfums pendant les vols. Puis cette idée de masque, de devoir toujours être souriante, rassurante, maquillée, en uniforme. Ça a vraiment changé le regard que j’avais sur ce métier.»
Votre personnage poste pas mal sur Instagram, quel est votre rapport à ça?
« J’utilise Instagram pour faire de la promo de films, pour montrer des marques avec lesquelles je travaille ou pour dénoncer des sujets qui me tiennent à cœur. Pour moi Instagram, c’est un jeu. On a tous les mêmes cartes et on joue différemment. Je vais poster des photos très travaillées où je suis maquillée et, non, je ne me poste pas au réveil quand je vais à l’école avec mon fils et que je n’ai pas les dents brossées. Pour moi, Instagram, c’est la meilleure version de toi et de ton travail. Mais ce n’est pas mon journal intime. Jamais de la vie je ne mettrai mon fils sur Instagram, par exemple. Je ne juge pas ceux qui le font, mais moi j’en suis incapable. »
Comment vous gérez les commentaires positifs ou négatifs?
« Les commentaires font partie du jeu. C’est quelque chose qu’on recherche, je ne peux pas me plaindre de quelque chose que j’alimente, mais oui, des fois, il y a des trucs vraiment méchants et gratuits. Ça ne me viendrait tellement jamais à l’esprit de me créer un compte, d’aller voir des gens que je déteste et leur écrire. Au final, ça me fait plus pitié qu’autre chose. »
Dans le film, il y a des scènes très alcoolisées, vous étiez en conditions réelles?
« On ne boit évidemment que de l’eau mais je suis fière de moi sur ces scènes. Pour nous aider, l’équipe nous a mis dans des décors très réalistes, on était dans une vraie boîte de nuit, il y avait quelque chose d’euphorique. Après il suffit de se mettre dans un état et de s’imprégner de tout ce qui tourne autour. Les réalisateurs sont quand même très forts pour se rapprocher de la réalité. En tournant souvent sans autorisation et en filmant parfois à l’Iphone, on se rapproche vraiment du documentaire.»
Les décors comme l’aéroport de Bruxelles ou Dubaï sont donc tournés « sauvagement »?
« Oui et à Dubaï, quand on était aux pieds de la Burj Khalifa, on a dit qu’on filmait pour un mariage. Ce tournage a vraiment été particulier. En arrivant le matin, on savait quelle situation on allait jouer mais il y avait une grande place à l’improvisation. Dans la scène de la casse, par exemple, j’ai eu un rire nerveux et du coup, on a trouvé que ça ajoutait quelque chose à cette scène plutôt dramatique à la base. »
Du coup, vous avez l’impression de participer plus au film?
« Je suis plus impliquée parce que c’est libre. Je pense que c’est vraiment un film qu’on a fait en équipe mais avec le regard des réalisateurs. Quelqu’un d’autre pourrait raconter l’histoire de Cassandre tout à fait différemment. »
Vous avez été surprise du choix des scènes lors du montage du film?
« En regardant la projection pour la première fois, je ne savais pas du tout comment ils allaient monter toute cette histoire. J’ai reconnu tout de suite leur humanité et leur regard mais j’ai été surprise, oui. C’est comme si on avait fait un film d’adolescent pour une école et que ‘boum’ ça devenait un vrai film. »
Rien à foutre avec Adèle Exarchopoulos, actuellement dans les salles.
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