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ON A VU: ““Le consentement””, le film sur l’affaire Matzneff

Adapté du livre autobiographique de Vanessa Springora, “Le consentement” raconte l’emprise qu’a eue l’auteur Gabriel Matzneff sur l’auteure alors qu’elle n’avait que 13 ans.

Nous sommes à Paris, dans les années 1980. Vanessa Springora, alors âgée de 13 ans, fait la rencontre de l’écrivain Gabriel Matzneff lors d’un dîner mondain organisé par sa mère qui ne tarit pas d’éloges à l’égard de sa fille, passionnée par la littérature. L’auteur de 49 ans tombe sous le charme de l’adolescente et décide alors de la manipuler afin de l’attirer dans ses draps.

Réalisé par Vanessa Filho, le long-métrage décrit la descente aux enfers de Vanessa Springora qui, des années après s’être échappée des griffes de son prédateur, a raconté dans un livre comment ce pédocriminel, qui a fait un tas d’autres victimes, a détruit sa vie.

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Ce qu’on en a pensé

Loin de son rôle de Jeff Tuche, Jean-Paul Rouve, crâne rasé, est glaçant dans le rôle de Gabriel Matzneff. Ses scènes avec Kim Higelin, qui interprète avec brio la jeune Vanessa Springora, sont extrêmement dérangeantes et malaisantes. L’atmosphère du long-métrage, de manière générale, est lourde, pesante.

FAUT QU’ON PARLE: des propos de Laetitia Casta sur le harcèlement

Laetitia Casta joue la mère de la journaliste. Une mère qui, en connaissance de cause, présente cet homme à sa fille et tente ensuite timidement de la dissuader de le revoir. Tout le monde connaît les préférences sexuelles de Gabriel Matzneff. Les médias, qui encensent son œuvre, préfèrent fermer les yeux sur ses pratiques. Des pratiques dont lui-même ne se cache pas. Dans ses carnets noirs, il raconte la passion qu’il a entretenue avec la jeune Francesca, une autre de ses victimes. Dans “Les moins de seize ans”, il évoque le tourisme sexuel, clame ouvertement son amour pour les corps de ces jeunes garçons qui se prostituent en Asie.

Pourtant, autour du pédophile, tous s’accordent à penser qu’il faut dissocier le génie de ses valeurs morales. Seule la journaliste Denise Bombardier avait osé, lors d’un passage télévisé repris tel quel dans le long-métrage, dénoncer cet homme adulé par le monde politique et culturel.

Comment s’en sortent-elles, ces petites filles, après coup? Moi je crois qu’elles sont flétries et la plupart d’entre elles, peut-être pour le restant de leurs jours.

,avait-elle déclaré avant d’ajouter que, s’il n’avait pas été un auteur célèbre, Gabriel Matzneff aurait dû rendre des comptes à la justice.

Lui se défend en disant qu’il n’a jamais abusé de qui que ce soit, qu’il a couché avec des jeunes qui vendaient leurs corps ou avec des jeunes filles mineures, certes, mais toujours consentantes. Et, c’est cette notion de consentement qui est questionnée dans le film...

Difficile à regarder

Longtemps encore après les faits, Vanessa Springora avoue avoir du mal à se considérer comme une victime. Car, elle est tombée amoureuse de cet homme, elle rêvait aussi de sentir sa peau contre la sienne. Et, c’est ce qui rend les pratiques de Gabriel Matzneff encore plus pernicieuses... Le long-métrage critique l’époque, la société, qui n’a jamais tenté d’empêcher cet homme qui faisait ouvertement l’apologie de la pédophilie. Au contraire, tous·tes l’ont encensé.

Ce n’est qu’en 2020, suite à la sortie du livre de Vanessa Springora, puis des témoignages de plusieurs victimes, dont Francesca Gee, qu’une enquête pour viols sur mineur·e·s de moins de 15 ans a enfin été ouverte. Elle a été classée sans suite. Aujourd’hui, il y a prescription. Et Gabriel Matzneff, impuni, coule toujours des jours heureux à Paris...

Qu’est-ce que cela révèle de l’époque actuelle? Quel message cela renvoie à ces victimes qui, enfin, ont eu le courage de prendre leur plume pour dénoncer leur bourreau ? Peut-on tout passer sous silence, sous prétexte d’un quelconque talent ?

“Le consentement” est un film sombre, souvent difficile à regarder mais important, car il suscite un tas de questions, de réflexions, il vous bouscule, il ne vous laisse pas indemne. Et, surtout, il met en lumière le récit de Vanessa Springora qui mérite d’être entendu, à défaut d’avoir obtenu le soutien de la justice.

“Le consentement”, le 11 octobre au cinéma.

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