Voici l’histoire vraie de la première avocate d’Italie qui a inspiré la série ““Lidia fait sa loi””
Sortie le 15 février dernier, la série italienne « Lidia fait sa loi » cartonne depuis plusieurs jours sur Netflix. L’histoire de cette jeune avocate prête à tout pour pouvoir exercer à une époque où les femmes n’en ont pas le droit est inspirée de faits réels.
Dans cette série de six épisodes, on suit Lidia diplômée de droit et du barreau, devenue la première avocate d’Italie, et choisie par la mère désespérée d’un garçon accusé de meurtre à tort pour le défendre. Après le meurtre d’une danseuse d’opéra extrêmement talentueuse et promise au fils d’un marquis, ce garçon dont les sentiments pour la jeune femme étaient connus de tous, est désigné comme le coupable idéal qui aurait tué celle qu’il aime parce qu’elle ne l’aimait pas en retour. Lidia Poët va donc accepter cette affaire et tenter de prouver l’innocence de son client par tous les moyens jusqu’à ce qu’elle reçoive un courrier de la cour d’appel de Turin déclarant son admission au barreau illégale sous prétexte qu’elle est une femme. Lidia va alors tout mettre en œuvre pour continuer d’exercer en travaillant par exemple comme assistante dans le cabinet de son frère Enrico, et en préparant en secret son appel à cette décision injuste.
Lire aussi : ON A VU : “La jeune fille et la mer”, l’histoire vraie qui fascine sur Netflix
Une histoire vraie qui a marqué les droits des femmes en Italie
Issue d’une famille de huit enfants dans le village de Perrero en Italie, Lidia Poët grandit proche de son grand frère Enrico, qui exerce le métier d’avocat. Si elle obtient d’abord un diplôme d’enseignante, elle s’inscrit ensuite à la faculté de droit de Turin où elle obtient son diplôme en 1881 après avoir mené une thèse sur le statut de la femme dans la société italienne et sur le droit de vote des femmes. Elle exerce ensuite le droit, avant de réussir les examens pour devenir avocate et demander à rejoindre le barreau de Turin. Sa demande fait office de grande première dans le pays où jamais une femme n’avait demandé à rejoindre le barreau. Aucune interdiction ne figure sur l’accès des femmes à ce métier et sa demande est donc acceptée, elle devient la première femme inscrite à l’ordre des avocats en août 1883. Mais très vite, la nouvelle fait grand bruit et le procureur général du roi d’Italie s’oppose à cette décision auprès de la cour d’appel de Turin, la cour d’appel lui donnera raison. Sous prétexte qu’elle est une femme, Lidia Poët ne peut pas exercer le métier d’avocat. Les arguments avancés par le procureur du Roi sont les différences juridiques entre les hommes et les femmes. À l’époque, les femmes n’ont pas le droit de témoigner dans certains procès alors comment l’une d’elles pourrait-elle être avocate ? Les différences biologiques sont également évoquées, le cycle menstruel des femmes les empêcherait d’être aussi ferme et stable qu’un homme lors des procès. Sans oublier que la présence de femmes pourrait être une distraction. Face à cette décision de justice, Lidia Poët soumet à la Cour de cassation un recours où elle invoque la loi d’égalité entre les citoyens et les citoyennes. Mais c’est en vain, puisque la Cour maintient sa décision, en avançant un argument nouveau. Lidia étant célibataire, elle n’a pas d’autorisation maritale pour exercer ce métier, ce qui clôt le débat.
Une femme à la détermination plus forte que tout
Comme dans la série, après s’être vue refusée le droit d’être avocate, Lidia choisit de continuer à exercer le droit aux côtés de son frère Enrico. Elle s’engage en particulier dans la défense des femmes, des mineurs et des personnes marginalisées. Elle sera l’une des premières à défendre le droit de vote pour les femmes. Pendant la Première Guerre mondiale, elle s’engage comme infirmière et recevra ensuite une médaille de reconnaissance pour son dévouement. Un an plus tard, la loi Sacchi qui stipulait qu’une femme avait besoin de l’autorisation maritale pour exercer un travail, abolit cette règle. Les femmes ont désormais accès aux fonctions publiques exceptées l’armée, la politique et la magistrature. Lidia Poët peut donc être reconnue comme avocate. Elle entre au barreau à 65 ans en 1920. Deux ans plus tard, elle devient présidente du comité en faveur du vote des femmes à Turin. Elle se battra pour les causes qu’elle pense justes jusqu’à la fin de sa vie. Morte à 94 ans, elle repose aujourd’hui au cimetière de San Martino avec l’épitaphe « Première avocate italienne ».
Lire aussi:
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici