ON A VU: ““Master of None””, saison 3, qui décrypte le calvaire de la FIV
Master Of None a rempilé pour une troisième saison déjà disponible sur Netflix. Une saison qui ne se concentre cette fois plus sur Aziz Ansari (par ailleurs soupçonné de harcèlement) mais bien sur sa meilleure amie Denise.
En 2018, dans la vague du mouvement #MeToo, le comédien américain d’origine indienne Aziz Ansari avait été mis en cause par une jeune femme pour des faits de harcèlement sexuel. Star des deux premières saisons de Master of None, il s’était alors éclipsé de nos écrans. Les réalisateurs ont donc eu l’intelligence de produire une troisième saison sans son acteur principal (qui n’y fait qu’une brève apparition); cette fois, c’est Denise, incarnée par Lena Waithe, qui tient l’affiche de cette saison. Un troisième opus qui revient sur le passage délicat, parfois douloureux et souvent riche en émotions du passage à l’âge adulte, fil rouge de la série. Lors des cinq épisodes à durées variables — tous bouleversants — on suit le destin amoureux de Denise, autrice à succès et Alicia (Naomi Ackie), qui rêve de devenir décoratrice d’intérieur. Un couple en proie à diverses épreuves de la tromperie aux divergences de points de vue quant au désir d’enfant.
https://www.youtube.com/watch?v=1OXkN5_JJjA
Pourquoi on a aimé ?
Pour la justesse des interprétations : les actrices sont juste épatantes. Pour la justesse du propos aussi : décalquer ce qui se glisse dans les esprits des jeunes adultes est un jeu compliqué et pourtant ici, nombre d’enjeux de cet âge charnière sont abordés, du désir d’enfant d’abord timide, aux difficultés à s’engager, en passant par les rêves de carrières, les ambitions refroidies aussi. On remarquera aussi — mais faut-il encore le remarquer au final ? — le fait que le tandem star de l’histoire soit un couple de lesbiennes, Noires au demeurant. Alors certes, on rigole moins durant cette saison et la légèreté cède sa place à de nombreux silences, volontairement pesants, mais jamais Master of None ne se sera tant plongé dans la profondeur de ses personnages et de ses propos.
Le sujet tabou de la FIV enfin abordé
Ce qui est particulièrement marquant dans cette saison, c’est sans aucun doute la manière dont est abordé le sujet de la Fécondation In Vitro (FIV) : sans vouloir vous spoiler, la procréation médicalement assistée est montrée dans son plus simple appareil, sans fioritures, sans idéalisation. Une séquence est particulièrement maline: celle où l’on voit l’une des actrices essayant de s’insérer une première seringue dans le gras du ventre, la peur au ventre, après avoir déchiffré tant bien que mal la notice. La scène est longue, montrant bien le calvaire de la marche à suivre. Ne sont pas masquées non plus les interminables attentes chez les médecins, les examens et les sondes jamais agréables, les échecs, les désespoirs et les injustices (certaines assurances américaines ne remboursant pas des soins aux femmes homosexuelles). Une série nécessaire pour en finir avec ce tabou vécu par de nombreux couples/femmes.
Master of None, disponible sur Netflix.
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