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Ni chaînes ni maîtres
© StudioCanal

ON A VU: ““Ni chaînes ni maîtres””, le film poignant sur l’esclavage

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Actuellement au cinéma, le film « Ni chaînes ni maîtres » nous replonge dans la sombre réalité des esclaves, dans les années 1750. Il met en lumière le courage de celles et ceux qui ont fuit les plantations au péril de leur vie, pour retrouver la liberté.

Loin des films déjà réalisés sur l’esclavage, “Ni chaînes ni maîtres”, de Simon Moutaïrou, s’intéresse à une partie oubliée de l’Histoire. Celle des « marrons », nom donné aux esclaves qui choisissaient l’évasion de leur plantation pour retrouver la liberté et un avenir loin des fouets et des journées de travail sans fin. Ces derniers se sont opposé à leurs oppresseurs avec force et détermination, une narration qui va à l’encontre de la soumission extrême montrée dans les écrits et documents vidéo que l’on a l’habitude de consulter sur l’asservissement des peuples d’Afrique et sur l’esclavage en général.

Bien sûr, on assiste aussi à l’horrible réalité de cette période et à la cruauté des maîtres, convaincus par l’Église, à l’époque, que les « noirs d’Afrique n’ont pas d’âme ». Le réalisateur affirme : « J’étais partisan d’une certaine frontalité. On n’a jamais entendu le Code Noir dans un film français. On n’a jamais montré les châtiments. Je voulais retranscrire l’horreur de la plantation. Sans fard. Sans concession. » Mais il ajoute avoir voulu en faire un film de « fierté retrouvée » : 

En faire des héros de cinéma, c’était pour moi un geste politique. Ainsi la figure de « l’esclave », symbole de souffrance, est remplacée par celle du « marron », fier et brave.

Le résultat ? Un film bouleversant plein de réalisme, où ceux qui étaient esclaves deviennent maîtres de leur destin. Un récit de survie où l’on tremble à chaque instant pour ces héros que l’on admire pour leur force et leur bravoure. 

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Le résumé

« 1759, sur l’Isle de France, actuelle Île Maurice. Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un “marron”, un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial. »

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Pourquoi il faut voir « Ni chaînes ni maîtres »? 

Il faut voir ce film pour ne pas oublier ce passé si sombre dont sont responsables les pays européens. Il faut se rendre au cinéma pour voir ce long-métrage qui rend hommage à toutes ces personnes trop longtemps exploitées, torturées et déshumanisées qui ont le courage de se soulever. À travers l’histoire de Massamba et de sa fille Mati, on découvre l’histoire des marrons. Beaucoup des faits racontés dans le film correspondent à la réalité historique puisque le réalisateur s’est documenté pendant deux ans pour réaliser « Ni chaînes, ni maîtres ».

Après avoir consulté des spécialistes, il a été dirigé vers l’ouvrage « Le marronnage à l’Isle de France : rêve ou riposte de l’esclave ? », de l’historien mauricien Amédée Nagapen. C’est dans cet ouvrage qu’il a découvert la figure de Madame La Victoire, la chasseuse d’esclaves redoutable jouée par Camille Cottin dans le film. Un personnage qui a bel et bien existé et qui a véritablement été payé par l’État français pour accomplir ses missions. À travers la fuite de Massamba et Mati, traqués par cette dernière et par ses deux fils, on assiste à une quête de liberté, mais aussi à une renaissance. Tous deux renouent avec leurs racines, leur culture et leur spiritualité pour trouver la force en eux de se libérer de leurs chaînes. 

« Ni chaînes ni maîtres », actuellement au cinéma.

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