ON A VU: « Women Talking », le film féministe primé aux Oscars
Le film « Women Talking » a reçu l’Oscar de la Meilleure Adaptation lors de la 95e cérémonie des Oscars. On s’est rendu en salle pour découvrir cette fiction qui nous plonge dans une communauté religieuse où les femmes décident de reprendre leur vie en main.
On a d’abord pris notre ticket de cinéma poussée par la curiosité, intriguée par cette histoire qui se déroule dans une colonie isolée du monde. Dans « Women Talking » réalisé par Sarah Polley, on découvre au fur et à mesure des scènes un groupe de femmes soudé, meurtri, et déterminé à ne plus subir les violences que les hommes leur infligent. Ensemble, elles vont pour la première fois faire entendre leur voix pour décider ce qu’elles veulent réellement faire de leur destin.
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Le résumé
Dès les premières minutes du film, une phrase s’affiche à l’écran : « Ce film est le fruit d’une imagination féminine ». Pourtant, il n’en est rien, cet avertissement n’est qu’un clin d’œil à ce que dénonce le film, la silenciation et la décrédibilisation de la parole des femmes. Ce film est l’adaptation du roman éponyme de Miram Toews. Un ouvrage inspiré de faits réels, de la vraie histoire d’une communauté mennonite de Bolivie dont les femmes de tous âges étaient victimes de viols perpétués par des hommes de la communauté entre 2005 et 2009. Comme on le voit dans le long-métrage, les agresseurs utilisent un puissant sédatif habituellement utilisé sur les bovins de la communauté pour droguer les femmes et abuser d’elles. Le lendemain, seuls les saignements, les plaies et les hématomes restent, elles ne se souviennent de rien. Longtemps, elles croient ce que tout le monde raconte, que ces traces sont l’œuvre du diable, de mauvais esprits. Mais un jour elles prennent un de ces hommes sur le fait et décident que plus jamais elles ne laisseront cela arriver.
Pourquoi on a aimé ?
Pour le jeu des actrices qui est exceptionnel: elles nous arrachent tour à tour des éclats de rire et des larmes en incarnant leur personnage à la perfection. On découvre tout au long du film et de la grande réunion qu’organisent les femmes de la communauté pour décider de leur sort, leurs histoires personnelles, leurs traumatismes… On est hypnotisée par la justesse des pensées d’Ona incarnée par Rooney Mara, la générosité d’Auguste, la sagesse des anciennes, la rage de se battre qui anime Salomé jouée par Claire Foy et la douleur qui pousse Mariche à être autant en colère. Toutes vont s’organiser pour décider si elles vont : rester et ne rien faire, rester et se battre ou partir. La narratrice prononce une phrase magnifique : « Nous ne savions à peine lire ni écrire, mais ce jour-là, nous avons appris à voter. » Et surtout à dire l’indicible, à s’exprimer sur ce qu’elles ne veulent plus subir et qu’elles ont tant tu. « De là où je viens, on ne parlait pas de nos corps. Alors quand un tel événement se produisait, on n’avait pas de mots pour en parler. Et sans mots, il n’y a que le silence. Et dans le silence, la véritable horreur. » Avec cette citation, le titre du film prend tout son sens. Enfin, on entend, on écoute les femmes parler et elles font leurs propres choix. Un manifeste féministe à voir absolument !
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