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ON A VU: ““Pleasure””, le film qui dénonce la violence dans l’industrie porno

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

“Pleasure” — nouveau film réalisé par la Suédoise Ninja Thyberg — nous immisce dans les coulisses des géants de l’industrie pornographique, en plein cœur de Los Angeles, en suivant le parcours de Bella, une jeune actrice de 20 ans.

Le synopsis est intriguant. Bella, une Suédoise de 20 ans (interprétée par la stupéfiante et prometteuse Sofia Kappel) débarque à Los Angeles avec un but bien précis: devenir la nouvelle porn star et intégrer l’élite du porno. Elle découvre alors un univers cruel de compétition sanglante et de fausse bienveillance. Un univers où un « non » se prononce au dépend d’une carrière. La jeune femme — ultra ambitieuse, au caractère bien trempé et d’une beauté assez fascinante — se heurtera à des réalités parfois difficiles et violentes.

Redonner le premier rôle aux femmes

Pour réaliser ce film sur une industrie aussi taboue que controversée, la réalisatrice Ninja Thyberg s’est infiltrée sur des tournages de films X pendant plus de 5 ans pour pouvoir en comprendre les rouages. Elle a alors donné aux femmes le premier rôle de son œuvre, pour refléter un monde où elles ne sont pourtant souvent perçues comme des marionnettes aux mains d’une foulée d’hommes. C’était son but : proposer un « female gaze » en réponse au « male gaze » habituel et c’est sans doute ça qui rend cette œuvre si passionnante. Qui sont ces femmes qui apparaissent sur les plateformes pornos ? Comment en sont-elles arrivées à se mettre à quatre pattes devant l’objectif ? Quels sont leurs parcours, leurs rêves et leur motivation ? Ninja Thyberg parvient à humaniser les performeuses qui, une fois derrière l’écran, se muent en femmes-objets. Elle dépeint des portraits de femmes ambitieuses qui puisent leur force dans la solidarité féminine.

Le résultat est touchant, haletant, interpellant et parfois choquant (mention +++ pour le casting et la superbe bande sonore). Certaines scènes sont à la limite du soutenable et vous donneront peut-être envie de vous échapper de la salle obscure. Que penser de la scène de double pénétration anale, où le plaisir semble inexistant, si ce n’est pour le producteur qui voit les dollars se multiplier grâce à des consommateurs en quête de toujours plus de trash.  

Le choc est nécessaire et la mission dès lors réussie. Si la réalité que dénote ce film est déroutante et sans concession, il faut noter que la réalisatrice a enquêté exclusivement dans le milieu américain (les États-Unis détenant près de 90 % de la production professionnelle du porno). Il n’existe pas un porno, mais des pornos et bien sûr, le porno hardcore n’étant qu’une partie de ce monde. Certaines boîtes de production prêtent particulièrement attention au bien-être de leurs performeur·ses et à la notion de consentement. Mais il reste que ce divertissement tellement consommé se fait encore bien trop souvent au dépend des femmes, pour enrichir… des hommes.

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