Rencontre avec Chase Stokes: ““L’amour peut vous transformer en la meilleure version de vous-même””
Chase Stokes (John B dans Outer Banks) est à l’affiche de l’adaptation du premier volet de la saga Marked Men, réalisée par Nick Cassavetes (N’oublie jamais). Nous avons rencontré l’acteur à Amsterdam.
On vous retrouve ici dans un registre très différent de celui d’Outer Banks. Vous aviez envie d’explorer autre chose?
« Oui. Quand on joue dans une série aussi populaire qu’Outer Banks, le risque est qu’on vous identifie éternellement à ce rôle. C’est arrivé à un tas d’acteurs avant moi. Surtout aux acteurs de séries pour ados. Outer Banks arrivant à sa fin (la saison 5 sera la dernière, ndlr), c’était important pour moi de montrer que je suis capable de jouer d’autres types de personnages. À l’heure actuelle, et encore plus dans le milieu du cinéma, on a tendance à vouloir vous enfermer dans des cases. Je n’ai pas envie qu’on me colle cette image de gamin des plages aux cheveux soyeux. Après, ça ne veut pas dire que je vais accepter n’importe quel rôle sous prétexte qu’il est différent, je me fie très fort à mon instinct. Je veux raconter des histoires qui me touchent, dans l’espoir qu’elles touchent aussi le public. »
Vous évoquez votre image. Votre perception de vous-même a-t-elle changé depuis que vous êtes connu?
« Tout a changé. Je suis devenu plus réservé, plus secret. Je fais très attention à ce que je choisis de partager, parce que tout le monde a un avis sur ce que je fais, sur mon apparence. Ce serait facile de vous dire que je me fiche complètement du regard des autres, mais ce serait aussi vous mentir. Je suis quelqu’un de sensible. Je ressens très fort les choses et je pense que c’est d’ailleurs pour ça que je suis devenu acteur, parce que je suis très connecté à mes émotions. »
Votre métier d’acteur vous aide à mieux analyser ce que vous ressentez?
« Oui. Quand j’étais gamin, j’étais très émotif, j’ai vécu des choses traumatisantes. J’étais l’aîné de ma fratrie. Je devais prendre soin de mes frères et soeurs et je ne m’autorisais pas à montrer le moindre signe de faiblesse car, si moi je n’allais pas bien, alors ma fratrie perdait son roc. Jouer la comédie a donc été très thérapeutique parce que cela m’a permis d’explorer ces émotions enfouies et de me montrer plus vulnérable. »
Qu’est-ce que vous vous dites quand vous croisez votre reflet dans le miroir?
« Cela dépend des jours. Ce matin, j’ai dû me remotiver un peu car je n’ai pas beaucoup dormi la nuit dernière et je me sentais très fatigué. Dans ces cas-là, je me rappelle à quel point je suis chanceux d’être fatigué parce que je voyage partout à travers le monde, parce que je vis mon rêve. Avoir confiance en soi, c’est un voyage sans fin. Je vois un thérapeute une fois par semaine pour éviter les jours sans. »
Pour pouvoir donner aux autres, il faut d’abord être un peu égoïste »
Dans Marked Men, vous interprétez Rule, un tatoueur qui tombe fou amoureux de Shaw, une amie de longue date. Avant de s’engager, Rule veut d’abord régler ses soucis personnels. Il faut s’aimer soi-même avant de pouvoir aimer quelqu’un d’autre?
« C’est ma règle n°1 dans la vie. Pour pouvoir donner aux autres, il faut d’abord être un peu égoïste. Si tu ne prends pas le temps de te connaître, de découvrir le monde et toutes les émotions qui t’habitent, comment pourrais-tu être la meilleure version de toi-même pour ton partenaire? Si ton esprit est ailleurs, tu ne pourras jamais être là à 100 % pour l’autre. C’est important de grandir ensemble mais, avant d’y arriver, il faut avoir grandi seul. »
Vous avez, vous aussi, plusieurs tatouages. Quel est celui qui a le plus d’importance pour vous?
« Sur l’épaule droite, j’ai un tatouage qui dit ‘ Love, Joan ’ qui est la signature que ma grand-mère a laissée sur la dernière carte qu’elle a envoyée avant de mourir. Mon dernier tatouage, je l’ai fait ici, à Amsterdam, et c’est un ongle qui s’enfonce dans ma peau. Je ne comprends toujours pas bien pourquoi j’ai fait ça (sourire). »
En s’engageant avec Shaw, Rule doit apprendre à ne plus être influencé par ses potes, à résister à la tentation de ne plus coucher avec d’autres femmes juste pour les impressionner. C’est un vrai sujet pour les hommes?
« La masculinité toxique est un gros problème dans la société actuelle. Les hommes ont tendance à prétendre qu’ils sont quelqu’un qu’ils ne sont pas pour se donner un air badass. Lorsqu’il tombe amoureux, Rule, qui se laissait influencer au début du film, laisse tomber sa carapace et commence à prendre les bonnes décisions. Je crois foncièrement que l’amour peut vous transformer en la meilleure version de vous-même. »
Je suis très connecté à ma part de féminité.”
Vous avez été élevé par des femmes. Pensez-vous que cela a eu un impact sur l’homme que vous êtes aujourd’hui?
« Un impact énorme. Je suis très connecté à ma part de féminité. J’ai été élevé par ma mère et ma grand-mère et j’ai découvert la vie à travers le point de vue de femmes fortes. Elles m’ont appris à me sentir bien dans mes baskets, à me sentir à l’aise dans des contextes où la plupart des hommes ne l’auraient pas été. Elles m’ont aussi appris à exprimer mes émotions et à ne pas tout garder pour moi. Les femmes sont tellement puissantes. Tellement plus que les hommes! Elles portent la vie, elles n’ont pas peur d’aborder des sujets de conversation plus difficiles, elles assument le fait de ne pas toujours être au top. Voilà ce qu’elles m’ont appris. »
Rule vous ressemble un peu en cela, non?!
« Nick Cassavetes (le réalisateur, ndlr), qui est quelqu’un de très intelligent, de très émotif, m’a vraiment permis de montrer une facette de Rule plus vulnérable, oui. Je pense que c’est important de montrer aux jeunes que faire tomber ses barrières pour son ou sa partenaire est la plus belle chose que l’on puisse faire par amour. Je pense que le temps que nous avons sur cette Terre doit être passé à créer des souvenirs avec l’être aimé. Vous avez beau penser que vous êtes heureux parce que vous êtes célibataire, que vous n’avez aucune responsabilité, que vous avez le temps de faire un tas de trucs géniaux, quand la fin arrivera, ce dont vous vous souviendrez, les souvenirs que vous chérirez, ce sont ceux que vous aurez partagés avec votre partenaire de vie, pas ceux que vous avez vécus en solitaire. »
Trouver l’amour, c’est le but d’une vie selon vous?
« Vous savez, mon père est parti quand j’étais très jeune. Ma mère s’est ensuite remariée avec mon beau-père et ils ont fini par divorcer. Donc, je pense que ce passif a forcément dû influencer ce besoin très fort de stabilité chez moi. Et puis, je suis un amoureux de l’amour. Il n’y a rien de plus beau que de tomber amoureux. Même si l’amour peut vous briser, il vous sauvera toujours. »
Rule a dû mal à mettre des mots sur ce qu’il ressent pour Shaw. C’est votre cas aussi?
« Non. Je suis tout l’inverse. J’ai même tendance à parfois en dire trop. Ce qui m’a parfois mis dans le pétrin. J’ai la chance d’avoir une partenaire (la chanteuse Kelsea Ballerini, ndlr) qui est dans le même cas que moi. On se dit tout ce qu’on ressent, quitte à parfois réaliser qu’on en a parfois trop dit. Alors, on retire ce qu’on s’est dit et on apprend à faire mieux la prochaine fois. On est vraiment dans la communication. »
Le film est tiré d’un livre. Avoir la matière d’un bouquin, ça aide à capturer l’essence d’un personnage?
« J’ai eu la chance de parler avec l’autrice (Jay Crownover, ndlr) qui m’a rassuré en me disant que mon interprétation de Rule n’arriverait jamais à convaincre tout le monde car ceux qui ont lu le livre se sont faits une vision bien précise de ce à quoi il ressemble. Dans le bouquin, par exemple, Rule a une crête qu’il teint en bleu, puis en violet. Moi, je n’ai rien fait à mes cheveux. Je me suis dit que, pour que le public aime ma vision de Rule, il fallait que je l’aime moi d’abord et que j’y crois. Un peu comme je l’ai fait avec John B, dans Outer Banks. Au départ, ce personnage, ce n’était que quelques lignes sur un scénario et, en le transposant à l’écran, je l’ai fait évoluer. Je lui ai apporté un peu de moi et il m’a apporté un peu de lui. En tout cas, Jay, l’autrice, a approuvé les changements qui ont été faits pour le film. On n’a pu garder qu’un tiers de son histoire et c’est normal quand on adapte un bouquin qui fait autant de pages. »
La saison 5 d’Outer Banks sera la dernière. Comment le vivez-vous?
« C’est dur. Parce que c’est ma zone de confort. Avec tous les autres acteurs de la série, nous avons traversé tellement de choses. Nous n’étions personne et nous sommes soudainement devenus les acteurs d’une série à succès sur Netflix. On a vécu la pandémie ensemble, on était en quarantaine ensemble. Et quand la série est sortie et que notre vie a basculé, on était là les uns pour les autres. On a grandi ensemble, en tant qu’artistes, en tant qu’êtres humains dont le quotidien a pris une toute autre tournure. Donc, forcément, que tout s’arrête, ça fait peur. C’est comme enlever sa tétine à un enfant. On n’a pas envie, mais c’est nécessaire, parce qu’il faut bien grandir un jour. C’est un magnifique chapitre de notre histoire qui se termine, mais qui nous a ouvert aussi de nombreuses portes pour la suite. Toutes les bonnes choses ont une fin. On savait que la série ne pourrait pas durer éternellement et, surtout, on ne veut pas prendre le risque de faire la saison de trop. Si on fait 3 saisons de plus, mais que les gens s’ennuient, ça ne vaut pas le coup. La série mérite de s’arrêter sur une belle note. Donc, c’est terrifiant, mais c’est aussi magnifique et ça va me permettre de découvrir encore davantage le monde du cinéma. »
De quoi rêvez-vous aujourd’hui?
« Raconter de belles histoires! Que ce soit au cinéma, ou à la télé, peu importe. Aujourd’hui, la télé offre aussi de très belles opportunités. »
Marked Men: Rule + Shaw, actuellement au cinéma.
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