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Rencontre avec François Civil: ““On a tous eu un 1er amour qui nous a bouleversés””

François Civil est à l’affiche de L’Amour Ouf, l’un des films les plus attendus de cette fin d’année. Un film d’amour, empreint de violence, d’humour et de messages sociaux forts. Un film unique, qui ne s’inscrit dans aucun genre, mais laissera une trace dans votre coeur.

On a rencontré le comédien à Gand, où il présentait L’Amour Ouf dans le cadre du Film Fest Gent 2024.

Jackie et Clotaire, votre personnage, tombent amoureux à l’adolescence et rien, pas même les dix années qu’il va passer en prison, ne pourra éteindre le feu qui brûle entre eux. Vous croyez qu’un 1er amour peut réellement durer toujours?

J’ai envie d’y croire en tout cas. Je trouve ça beau. Je pense qu’on a tous eu un premier amour qui nous a bouleversés, chamboulés. Les premières fois, c’est toujours très fort. Puis, ça s’estompe, on se sépare. Mais, on y repense souvent dans nos têtes. On se dit qu’on est peut être passé à côté de quelque chose, on a des regrets, des remords. Dans la vraie vie, c’est plus compliqué, mais je crois qu’au cinéma c’est très jouissif pour le spectateur de voir deux amoureux se retrouver.

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Clotaire joue les durs à cuire, mais avec Jackie, il tombe le masque. C’est ça l’amour? Pouvoir être réellement soi-même avec l’autre?

Je crois que c’est le regard que l’autre pose sur nous qui permet d’être réellement soi-même. Clotaire est flamboyant, il a de l’énergie, de l’humour, des envies, mais il est enfermé dans une condition sociale compliquée. Très jeune, son père lui dit de ne pas s’attacher à ce qui est beau au risque d’être déçu. Il se sent en rupture avec le système classique. Il se sent obligé de jouer le rebelle que les autres veulent qu’il soit. Ce déterminisme social est très présent dans le film. Et, je trouve ça beau d’imaginer que l’amour puisse nous permettre de s’émanciper de ça. Jackie lui dit qu’il a le choix, qu’on s’en fout du regard des autres. Mais, Clotaire lui répond: ‘Non, personne s’en fout du regard des autres’. C’est désarmant de sincérité et de fragilité.

S’affranchir du regard des autres, ce n’est pas possible, selon vous?

Moi, en tout cas, ça me met dans un stress énorme. Et, ce qui est bizarre et paradoxal, c’est que j’ai choisi le pire métier possible pour quelqu’un pour qui le regard des autres compte autant. Faudrait peut-être que j’en parle à un psy. Je ne sais pas trop ce que je fous là (rires). Peut-être que le truc, c’est de sélectionner les regards des gens qui comptent. Je ne crois pas du tout aux gens qui se fabriquent tout seuls. Pour moi la vie, c’est la société, c’est se regarder, s’écouter, faire les choses ensemble, aller vers l’altérité pour mieux se comprendre, être plus empathique.

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Ado, je ne comprenais pas ma propre colère. C’était juste un état.

Clotaire est un ado en colère, qui réprime ses émotions. Et vous, vous étiez comment à cette époque-là?

J’ai pu être nerveux, colérique aussi. Mais, ce que je trouve terrible, c’est qu’à cet âge-là, on ne comprend pas sa propre colère. Si on m’avait demandé pourquoi je claquais ma porte, pourquoi je parlais mal à mes parents, j’aurais été incapable d’expliquer pourquoi. C’est juste un état. Il y a plein de trucs qui s’accumulent à l’adolescence. On change physiquement. On a des complexes. On se découvre. On a d’énormes espérances et on peut vivre de grandes désillusions. C’est cruel.

Le film se découpe en deux parties: l’adolescence justement, et l’âge adulte. Ce n’est pas vous qui jouez Clotaire ado, mais le talentueux Malik Frikah. Vous avez travaillé avec lui à la construction de votre personnage?

Avant le début du tournage, on a passé une semaine ensemble à Marseille avec Adèle (Exarchopoulos, ndlr), Malik et Mallory (Vanecke, ndlr, qui joue Jackie ado). On devait être coachés par une compagnie de danse pour réaliser une chorégraphie dans le film. Finalement, il n’y a que les jeunes qui ont dansé, parce qu’Adèle et moi, on était nuls (rires). Mais, au moins, on a essayé! Bref, durant cette semaine à Marseille, on s’est observé et on a beaucoup parlé de Clotaire.

Clotaire est quelqu’un de plutôt taiseux. Il préfère les grands gestes aux grandes déclarations. Mieux vaut prouver son amour à travers ses actes qu’à travers ses mots?

Je suis assez d’accord avec ça. Les mots peuvent être creux, on peut les prononcer sans les penser. Alors que les actes, les gestes, on ne peut pas les travestir. Même si, l’un des grands gestes de Clotaire à l’égard de Jackie, ça va être de dompter ces mots qui lui sont un peu étrangers pour lui prouver combien il l’aime. Durant ses dix années de prison, il va noter 457 mots sur une feuille de papier pour lui déclarer son amour.

Cette feuille de mots existe vraiment. Elle a été écrite par l’accessoiriste du film, mais vous en avez ajouté quelques-uns. Lesquels?

Je ne peux pas vous les dire! Ils appartiennent à Clotaire. J’aurais l’impression de le trahir. Mais, c’est vrai que je m’étais acheté un petit Larousse, un petit dictionnaire que je trimballais partout dans mon sac à dos sur le tournage et, dès que je pensais à un mot un peu loufoque, je le notais dans un coin. À la fin, je devais avoir entre 50 et 100 mots... que je garderai donc pour moi (sourire).

Et on le respecte tout à fait! Peut-être, qu’à la place, vous pourriez nous citer les mots qui vous viennent à l’esprit quand vous pensez à L’Amour Ouf?

Ouf – évidemment -, grandiose et joyeux.

Un journal intime du film, écrit par Eric Libiot, vient de paraître. C’est assez rare qu’on sorte un livre sur les secrets de tournage d’un long-métrage. Vous avez senti qu’il avait quelque chose d’extraordinaire?

Oui. Ça n’était jamais arrivé que les planètes s’alignent à ce point. Gilles (Lellouche, ndlr), en tête de gondole, s’est révélé être un très grand réalisateur, inspiré, vivant, dans l’urgence, fédérateur, pointu, généreux. Et puis, ce scénario, qui m’a renversé d’émotions. J’ai été bouleversé. Je voulais absolument faire partie de cette histoire. Ce rôle de Clotaire, c’était nouveau pour moi. Je n’avais jamais eu à jouer l’amour et la violence en même temps. Et enfin, le reste du casting: Adèle Exarchopoulos, Raphaël Quenard, Jean-Pascal Zadi, Alain Chabat, … J’ai pu avoir des scènes avec ces gens-là. Je me suis senti tellement gâté et chanceux.

Qu’est-ce qui vous a le plus ému à la lecture du scénario?

J’ai fondu en larmes en lisant la scène de l’hôpital, qui est celle des retrouvailles de Jackie et Clotaire après qu’il est sorti de prison. Elle est chamboulée de le voir. Ils n’arrivent pas à se parler tout de suite. C’est une scène qui parle du destin, de la fatalité, de se tirer vers le haut.

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Clotaire et Jackie sont très différents. Les opposés s’attirent?

Oui. Mais, qui se ressemble, s’assemble aussi. Car, il faut des fondations communes. Il faut que les valeurs soient les mêmes. Si tu discutes avec l’autre et que, tout à coup, tu réalises qu’il est raciste, bon bah, ça ne marchera pas. C’est-à-dire que même si on cherche la différence, l’exotisme, il faut à un moment donné que la pulsation soit la même dans la vie.

L’Amour Ouf, actuellement au cinéma.

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