Un personnage gay dans la filmographie Disney: pourquoi c’est nécessaire
Dans les Disney, personne ne voit rien à redire quand les personnages s'envolent, parlent avec les animaux ou transforment des citrouilles en carosse d'un coup de baguette magique. Par contre, intégrez dans l'histoire un personnage gay, et là, c'est le tollé.
L'amour fou
Dans la ligne de mire des puritains: le personnage du Fou, incarné par Josh Gad dans l'adaptation de La Belle et la Bête. Comme dans le dessin animé, il est le fidèle acolyte de Gaston et le suit comme son ombre. La différence: dans la version 2017 de l'histoire, tantôt il veut lui ressembler, et tantôt il rêve de l'embrasser... Une ambiguité inacceptable pour certains.
Ainsi, aux Etats-Unis, certains cinémas ont refusé de diffuser le film, tandis que le pasteur évangéliste Franklin Graham a appellé au boycott du remake, au motif qu’il essayerait "d’imposer le point de vue LGBT dans le cœur et l’esprit de nos enfants". En Russie, le député russe Vitaly Milonov a demandé au ministre de la Culture qu’une séance de visionnage spéciale soit organisée pour déterminer si le film contenait des "éléments de propagande homosexuelle", et le cas échéant, interdire sa diffusion dans le pays.
Au grand jour
De quoi indigner Baptiste Beaulieu, le médecin généraliste français à l’origine du site Alors Voilà, où il raconte avec empathie et drôlerie son quotidien et celui de ses patients. Au cœur du problème, selon lui: le fait que pour certains, l’homosexualité devrait rester cachée. Une manière de penser complètement destructrice, comme l’explique ce médecin engagé. "L’insulte la plus proférée dans les cours de récré, c’est PD. Quelle assise narcissique auront les jeunes homosexuels dans une société où l’insulte la plus proférée au cours de leur construction identitaire sert à désigner péjorativement ce qu’ils sont et n’ont pas choisi d’être?".
"Homophobe et criminel"
Une construction compliquée, aux conséquences tragiques: en France, comme Baptiste Beaulieu le souligne, les jeunes homosexuels se suicident en moyenne 7 fois plus que leurs pairs hétérosexuels. "Refuser une meilleure visibilité des minorités sexuelles au cinéma, c’est inacceptable. C’est homophobe, mais c’est surtout criminel. Les gens qui se plaignent qu’il existe des personnages gays devraient être les premiers à se réjouir, parce que ces personnages de dessin animé assurent ce que ces parents sont incapables de faire. Ils transmettent un message que trop de familles sont incapables de transmettre. Ils disent aux enfants qu’on peut être différent, mais respecté, accepté et important". Un message nécessaire, et un peu magique aussi, pile dans la lignée de l’esprit Disney.
Non à l'homophobie:
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