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© Ana Michelot

INSOLITE: on a dormi au sommet d’un phare à 30 mètres de haut

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Si on connaissait les cabanes dans les arbres, les bus scolaires aménagés ou encore la maison de Hobbit, ce logement insolite les bat tous en termes d’originalité. En Bretagne, à quelques heures de train de la Belgique, se trouve le Phare de Kerbel, le seul phare de France dans lequel on peut dormir au sommet.

Avis aux fans de l’océan, de bateaux et d’évasion, cette expérience est faite pour vous ! Si de nombreux phares se sont désormais transformés en logement pour les aventuriers qui veulent profiter d’un séjour hors du commun, dans la plupart des cas, c’est la maison du gardien qui est à votre disposition et non le phare en lui-même. En effet, il est extrêmement difficile d’aménager un phare pour y héberger des visiteurs en raison de son architecture extrêmement étroite. Mais il existe un phare dans le Morbihan, le seul de France (il n’en existe pas en Belgique et il y en a bien un aux Pays-Bas mais son espace logement est aménagé sur trois étages et non en son sommet), dans lequel vous pouvez vivre le temps d’une ou plusieurs nuits dans la salle de la lanterne à 30 mètres au dessus du sol avec une vue à 360°.

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© Ana Michelot

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Comment c’est possible ?

Si le phare de Kerbel est aujourd’hui un adorable nid douillet, c’est grâce à des travaux conséquents ! En 2003, lorsque l’administration des phares et balises décide de vendre le phare, c’est Monsieur Jégat qui en devient propriétaire après un gros coup de cœur. Par la suite, il lui vient l’idée de le transformer en gîte afin de faire profiter d’autres personnes de ce bijou d’Histoire qui offre une vue imprenable sur la baie du Morbihan. Mais pour cela, il faudra deux années de travaux. Après la rénovation de la maison du gardien, c’est au tour du sommet du phare de subir de gros changements. L’ancienne tour à feu du phare est coupée à sa base et descendue sur le sol par une grue. Ce petit espace circulaire de béton qui pèse plus de 6 tonnes a été conservé, il est aujourd’hui au pied du phare à côté de la piscine et sert de cabine de sauna. Cette tour à feu a été remplacée au sommet du phare par une verrière bien plus grande qui abrite aujourd’hui les voyageurs. Là-haut, une petite cuisine contenant un frigo, un évier, des plaques et tout le nécessaire pour cuisiner, une table et des chaises pour manger en profitant de la vue, un canapé-lit très confortable et une salle de bain, avec douche et toilettes sont à disposition. Des équipements installés en 2007, faisant du phare de Kerbel, « l’unique phare au sommet duquel un studio est installé ».

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Un phare gardé par une femme

Aujourd’hui, le phare appartient à Valérie Bergeron qui le loue comme le faisait Mr Jégat afin d’en faire profiter un maximum de personnes. Mais ce dernier, a vécu une tout autre vie avant de devenir ce havre de paix exceptionnel. C’est en 1913 que la construction du phare de Kerbel est achevée. Mis en place pour diriger les bateaux, il sera équipé d’une lentille de Fresnel qui permet l’éclairage du phare qui fonctionnera à la vapeur de pétrole. D’abord confié à Monsieur Brin, ancien maréchal des logis d’artillerie coloniale, le phare de Kerbel est ensuite entre les mains d’une femme, Honorine Le Guen, qui prend ses fonctions en 1925 à l’âge de 23 ans. Fille de gardien de phare, elle est initiée très tôt à ce métier qu’elle exerce officiellement depuis ses 18 ans.

Le phare vu de Port-Louis

Honorine Le Guen devient en acceptant ce poste dans le village de Riantec au phare de Kerbel, la seule femme en France gardienne d’un tel phare. Chaque jour, elle démonte, nettoie et remonte plusieurs pièces de la lentille et alimente l’éclairage avec deux bidons de huit litres de pétrole qu’elle monte sur les 126 marches, jusqu’à l’électrification du phare en 1932. Elle ne quittera les lieux qu’en 1972 pour prendre sa retraite, après avoir tenu tête aux nazis pendant la Seconde Guerre mondiale en refusant d’éteindre son phare qui selon eux guidait l’aviation alliée. Honorine Le Guen rétorque qu’elle n’obéit qu’au règlement des gardiens de phare qui lui incombe de garder le feu allumé tant que les navires la demandent en mer.

Notre expérience

C’est en 1989 que le phare de Kerbel s’est éteint définitivement, et pourtant, il continue d’illuminer le quotidien de centaines de personnes qui s’y rendent chaque année pour passer un moment hors du temps. De notre côté, nous sommes fascinées par les phares, les forts et les îles en tout genre, et dormir dans un tel monument relevait de l’impossible, ou alors, des histoires que l’on raconte dans les livres. Mais non, c’est bel et bien réel. 

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© Ana Michelot

Et c’est en arrivant devant la porte du phare de Kerbel qui affiche encore l’insigne des phares et balises que l’on réalise pleinement que pendant une nuit, ce sera nous les gardiens du phare. Mais pour cela, il faut d’abord gravir les 126 marches qui nous séparent de son sommet soit l’équivalent de sept étages, de quoi faire un peu de sport et mériter réellement la vue en arrivant. 

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© Ana Michelot

Pas d’inquiétude, des petits paliers sur lesquels faire une pause sont présents dans l’escalier en colimaçon au niveau des meurtrières qui offrent déjà une vue spectaculaire.

Une fois arrivés au sommet, on redevient enfant en découvrant cette cabane marine presque irréelle qui rassemble esthétisme, confort, mais aussi une certaine adrénaline au vu de sa hauteur. La verrière circulaire permet d’admirer le village de Riantec, mais aussi celui de Port-Louis, de Lorient, de la baie de Quiberon et de l’île de Groix. 

Mais ce qui reste le plus impressionnant est de voir les maisons si petites, les gens sur la plage qui ont l’air de playmobils, et cette eau qui s’étend à perte de vue peuplée de bateaux. Grâce à un système de plateforme qui s’élève et s’abaisse, l’escalier du phare est recouvert d’une plateforme circulaire revêtue de parquet qui se fond dans le sol une fois abaissée et permet l’espace nécessaire pour déplier le lit lorsque la nuit tombe, mais aussi d’aller et venir dans la pièce sans risque. 

La plateforme levée puis en train de s’abaisser

Une petite cuisine dotée de tous les ustensiles couverts et équipements nécessaires comme un frigo, un micro ondes ou un grille-pain se trouve dans un coin de la pièce, de quoi se préparer un petit apéritif dinatoire autour de la bouteille de champagne qui nous attend en arrivant.

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Des délicieuses spécialités bretonnes sucrées sont également sur la table pour notre petit-déjeuner du lendemain. À l’autre extrémité, la ravissante salle de bains digne d’un hôtel étoilé, nous fait presque douter d’où nous sommes. Mais ce qui nous le rappelle, ce sont les jumelles laissées à disposition qui permettent de voir ce qui se passe au loin, d’observer en détail les bateaux et les bâtiments alentour à la manière d’une capitaine.

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© Ana Michelot

Un moment inoubliable

Une fois la nuit tombée, l’euphorie ne retombe pas puisqu’un tout autre paysage apparaît à l’horizon. Dans le noir, les lumières de toutes les couleurs éclairent les côtes et les villages environnants et si le temps est clair, on peut même admirer les étoiles. 

La vue la nuit

Un spectacle somptueux que l’on peut aussi observer du lit une fois couchés. Bien évidemment, nous avons choisi de ne pas baisser les stores pendant la nuit pour profiter au maximum de la vue et surtout ne pas rater le lever de soleil.

À l’aube, un calme olympien règne sur la baie, seul le vent souffle sur les vitres. Dès que le jour se lève, on sort sur la balustrade qui permet de faire le tour de la verrière, en s’accrochant bien au garde-corps et on prend une grande bouffée d’air frais et iodé. La marée est haute et les vagues surplombées par les mouettes nous offrent un spectacle unique. 

On se croit presque seul au monde en dévorant le petit-déjeuner. Après de nombreuses photos pour immortaliser cet instant magique, on quitte avec un pincement au cœur le phare, en ayant tout de même profité du sauna juste avant. Rappelez-vous, ce dernier n’est autre que la tour à feu d’origine du phare qui repose maintenant à côté de lui sur la terre ferme, aux côtés de la piscine dont on peut aussi profiter quand le temps le permet et de la maison du gardien qui se loue pour les groupes ou les familles puisque le sommet du phare ne peut abriter que deux personnes.

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Le phare de Kerbel, le sauna à gauche, la piscine et la maison du gardien © Ana Michelot

On part visiter les alentours, notamment la presqu’île de Quiberon et ses étendues de plages, avec l’avantage de ne pas être dans les bouchons des touristes à cette saison. Une chose est sûre, on se souviendra longtemps de cette nuit perchée au-dessus de l’Océan Atlantique dans l’une des 30 plus belles baies du monde.

Quiberon

En pratique

Pour votre séjour au phare, plusieurs options s’offrent à vous, vous pouvez louer le sommet du phare qui peut accueillir deux personnes, ou la chambre à huile qui a également une capacité de deux personnes. La maison du gardien est aussi disponible à la location pour maximum quatre personnes et enfin la partie extérieure sauna et piscine est accessible peu importe l’option que vous choisissez.

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 Il est aussi possible de louer plusieurs parties simultanément comme le sommet du phare et la maison du gardien à la fois, comme le précise le site juste ici, où vous pourrez retrouver toutes les options et les tarifs correspondants. 

Lors de votre séjour au phare, il vous est aussi possible de découvrir la ville de Lorient, l’île de Groix ou la presqu’île de Gavres qui se trouvent tout près. Un séjour qui peut s’avérer être le cadeau idéal à offrir à votre moitié, vos amis ou des membres de votre famille si vous n’avez toujours pas d’idée pour Noël. Si vous ne connaissez pas leurs disponibilités, une carte-cadeau valable 18 mois est aussi disponible juste ici

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