Les journées raccourcissent, la bruine et le froid arrivent… Quand l’hiver pointe le bout de son nez, certaines personnes préfèrent s’envoler vers des endroits exotiques. Elles nous expliquent ce qui les as amenées à faire ce choix de vie.
Élisa, 23 ans, et Isa, 26 ans, se rendent au Sri Lanka cet hiver pour développer tous leurs talents.
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Isa et Élisa sont en couple et possèdent une agence qui aide les marques à développer leur image créative. Jusqu’à récemment, Isa travaillait également dans un magasin de bricolage et Élisa exposait des photos et organisait des défilés de mode. « Nous sommes très impulsives, nous vivons au jour le jour, nous réalisons beaucoup de projets différents et comme nous travaillons principalement en ligne, ça nous permet de travailler n’importe où dans le monde », expliquent-elles. « Nous voulons pouvoir vivre de la manière la plus flexible possible et faire ce que nous avons envie de faire. Un job fixe et à long terme ne nous convient pas vraiment. Nous préférons les missions courtes », ajoute Isa. « Nous faisons le choix de partir durant l’hiver, car nous sommes de vraies estivantes qui vivons beaucoup à l’extérieur. En hiver, on s’ennuie rapidement parce qu’il fait vite nuit ici. C’est chouette pendant un moment, mais ça ne dure pas longtemps et ça joue sur notre humeur », explique Élisa. Ainsi, ces dernières années, elles se sont rendues au Portugal et au Maroc pour faire du surf. « Une fois au soleil, nous nous sentons à nouveau pleines d’énergie. »
Tout quitter
Au cours de l’année écoulée, elles ont mis de l’argent de côté pour voyager. Au moment où nous publions cet article, elles se trouvent au Sri Lanka. « Nous avons quitté notre appart’ et j’ai démissionné de mon emploi à temps partiel. J’ai trouvé ça très difficile, mais mon employeur l’avait vu venir. Il s’est dit que ce serait déjà bien si je restais 2 ou 3 ans, et que je repartirais ensuite voyager. Il avait vu juste. » Élisa a surtout fait plusieurs petits boulots. Elle a travaillé dans un musée, où elle montait et démontait des expos, a fait de petits travaux, pris des photos pour des clients, fait du mannequinat et travaillé en tant que freelance dans le studio qu’elles partageaient. « Au Portugal et au Maroc, nous avons rendu visite à des amies qui possédaient leur club de surf, pour surfer, mais aussi pour bosser un peu, en échange du gîte et du couvert. Le projet sur lequel nous allons travailler maintenant, Sea Sisters au Sri Lanka, apprend aux femmes locales à surfer et leur donne les moyens d’agir. Nous leur avons envoyé un e-mail pour devenir profs de natation et nous travaillerons aussi comme créatrices de contenu pour leurs réseaux sociaux », explique Isa. « Nous avons acheté une caméra sous-marine pour l’utiliser à titre expérimental. Nous espérons que nous trouverons le temps nécessaire pour mettre en place nos propres projets sur place », ajoute Élisa.
On ne sait pas si ça va marcher, mais on peut toujours revenir, on n’a rien à perdre.
Faites pour ça
« Il y a un autre club de surf à proximité, qui appartient à un couple d’Autrichiens. Ils cherchaient un photographe et quelqu’un pour accueillir les invités. C’est une mission pour nous. Lorsque vous voyagez, vous vous contentez vite de n’importe quel emploi, mais nous avons maintenant la chance de pouvoir utiliser nos talents », déclare Isa. « De tels projets, où nous pouvons contribuer à la durabilité, à la conservation de la nature et aux droits de l’homme grâce à nos compétences en matière d’illustration, de conception et de photographie, sont tout à fait dans nos cordes », approuve Élisa. Quels conseils donneraient-elles aux personnes qui aspirent à un mode de vie similaire? De ne pas avoir peur et d’oser abandonner certaines choses. De ne pas trop réfléchir et de se lancer. « Nous ne savons pas si tout ça va marcher, mais de toute façon la Belgique est un chouette pays. On peut toujours revenir, nous n’avons rien à perdre. Nous serons au Sri Lanka pendant les 6 prochains mois et nous verrons bien », concluent-elles.
Chinook, 28 ans, dirige sa propre entreprise de restauration, mais s’arrange pour faire 3 voyages lointains l’hiver prochain.
Il y a quelques années, Chinook et son petit ami travaillaient dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration lorsqu’ils ont quitté leurs emplois respectifs et leur appartement, vendu toutes leurs affaires et sont partis pour 6 mois avec leurs économies. « Nous avons voyagé en Espagne, en Afrique du Sud, en Thaïlande, aux Philippines et en Malaisie. Voyager le plus longtemps possible et vivre le moins cher possible, tel était notre défi. Revenir ensuite sans travail, sans argent et sans endroit où vivre était, bien sûr, assez stressant », raconte Chinook.
Un resto venu d’Hawaï
« C’est en Thaïlande que nous avons commencé à préparer notre retour. En Belgique, nous avons loué une chambre d’étudiant et commencé à travailler dans le secteur de la restauration. C’est alors que l’idée de créer notre propre entreprise a commencé à germer, car mon petit ami et moi sommes très complémentaires. Il est chef de cuisine et fort en chiffres, je suis douée pour le contact avec les clients, le service et le marketing. Après avoir longtemps rêvé et calculé, nous avons décidé d’ouvrir un restaurant pop-up centré sur le poké bowl. Et comme nous voulions que tout soit parfait, nous nous sommes rendus à Hawaï afin de tout mettre au point dans les moindres détails.
Notre pop-up Aloha a ouvert ses portes, il y a quelques années à la mi-mai et nous y avons travaillé 6 jours sur 7 jusqu’à la fin du mois d’août. Les journées de travail étaient longues, chaudes et intenses, mais notre concept a tout de suite fonctionné. En 3 mois et demi, nous avions économisé assez d’argent pour voyager à Ibiza et Majorque, en Égypte, au Cambodge, en Thaïlande, à Tel Aviv et à Chypre pour le reste de l’année. Tout ce que nous avons gagné, nous l’avons dépensé. Nous avons fait ça 2 années de suite. L’année suivante, nous sommes allés à Rome, à Santorin, à Singapour et à Bali en hiver. Lorsque la Covid est arrivée, notre concept de pop-up n’a pas pu continuer et nous avons loué une cuisine pour y préparer des barbecues exotiques et ainsi apporter une ambiance de fête dans les maisons de nos clients. »
Tout ce que nous avons gagné avec notre restaurant pop-up, nous l’avons dépensé pour nos voyages.
Changer d’avis
« Nous ne voulons pas gérer une entreprise car nous voulons rester libres’, voilà ce qu’on avait l’habitude de crier sur tous les toits. Mais vers la fin de la crise sanitaire, nous sommes tombés sur un établissement de rêve, dans lequel nous avons ouvert notre propre restaurant Ohana by Aloha. C’est là que toutes nos expériences de voyage se sont rencontrées. Nous proposons un menu exotique, mais accessible et des cocktails de différents pays. Lorsque nos clients nous disent: ‘J’ai l’impression d’être en vacances’, c’est le plus beau des compliments. Nous savons faire preuve de créativité et ne pas nous conformer à des règles tacites. En tant qu’entreprise de restauration, il n’est pas nécessaire d’être ouvert 6 jours sur 7. Nous avons délibérément choisi de n’ouvrir que du mercredi au samedi et de toujours être présents au restaurant.
Cet hiver, nous fermerons 3 fois une semaine, ce qui nous permettra de voyager 10 jours d’affilée. C’est aussi une bonne nouvelle pour nos clients, car pendant toutes les autres semaines, nous serons prêts à les servir pleins d’énergie tout en leur racontant quel voyage nous a inspiré pour leur plat ou leur cocktail préféré. Bientôt, nous nous rendrons en Grèce et en Turquie, entre Noël et le Nouvel An, nous prévoyons d’aller au Vietnam et en février, nous nous rendrons en Afrique du Sud. C’est justement grâce aux voyages que nous faisons pendant la basse saison du restaurant que nous pouvons faire en sorte que les gens se sentent eux-mêmes en vacances lorsqu’ils mangent chez nous. S’il est financièrement possible de faire 3 voyages pendant l’hiver, pourquoi ne pas le faire? Mon conseil: trouvez un bon comptable et cherchez des conseils auprès de personnes que vous estimez. Zappez les autres conseils, même s’ils sont bien intentionnés. »
Yenkim , 34 ans et Misha, 41 ans, gèrent une auberge au Costa Rica durant l’hiver. À partir de novembre, les journées deviennent grises et brumeuses.
J’avais l’habitude de séjourner dans les Alpes, où il fait plus froid, mais plus ensoleillé », explique Misha. Yenkim ajoute: « Ça ne m’a jamais vraiment dérangée. J’ai toujours aimé vivre ici, même en hiver. Mais cette opportunité s’est présentée au Costa Rica. » Le couple souhaitait s’installer au Portugal ou en Espagne pendant quelques années, « pour ne pas se contenter de rouiller ici », précise Misha. Lors d’un dîner avec le père de Misha, ils ont mis l’idée sur la table. Ce dernier leur a dit qu’il avait un contact au Costa Rica. Ils s’y sont rendus tous les 3, et Yenkim et Misha sont tout de suite tombés amoureux. Le village rural dans la jungle et les vagues pour surfer à proximité les ont séduits. Il y a 8 ans, ils ont ouvert l’auberge Alouatta. Depuis le début du mois d’octobre, ils sont au Costa Rica, où ils passent 8 mois par an. « Nous vivons et travaillons dans un endroit paradisiaque, mais c’est aussi un travail très dur, explique Misha. Nous sommes indépendants dans une région très rurale et nous devons tout gérer nous-mêmes. Il y a toujours plein de choses à faire, mais heureusement, nous pouvons les faire à notre propre rythme. » Ils vivent en pleine nature et reçoivent quotidiennement la visite de plein d’animaux. « Nous en sommes très reconnaissants. »
Nous avons le meilleur des 2 mondes: le Costa Rica qui est un petit paradis et notre ville, qui a tout à offrir.
L’été au pays
De début juin à début octobre, le couple reviendra et Misha travaillera dans le secteur festivalier. Il s’occupera notamment du montage et du démontage des scènes. Yenkim a choisi un emploi à temps partiel dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration l’été dernier, car cela lui permet de voir souvent sa famille et ses ami·e·s.« Ce n’est pas que nous ne travaillons que pendant l’été pour survivre le reste de l’année », explique Misha, « En fait, ces 4 mois ici ressemblent plus à des vacances », ajoute Yenkim. Mais manger au restaurant et profiter de la vie culturelle n’est pas bon marché. Les billets d’avion sont également assez chers. C’est aussi pour ça que nous travaillons quand nous revenons. »« Nous avons l’impression d’avoir le meilleur des 2 mondes, déclare Yenkim. Le Costa Rica est devenu notre maison. Nous y avons 2 petits chiens, nous faisons du surf l’après-midi et nous sommes toujours en mouvement pour l’auberge. Il est parfois difficile de quitter notre maison pendant 4 mois et de trouver une dog sitter, mais nous revenons ensuite dans notre ville, qui a vraiment tout à offrir, et que nous adorons. De cette façon, nous continuons à profiter de ces 2 mondes, encore et encore. »
Un nouveau regard
« C’est justement parce que nous changeons souvent d’environnement qu’on arrive toujours à regarder ces 2 endroits d’un œil nouveau, explique Misha, mais il me faut toujours 2 semaines pour me réhabituer au bruit et au rythme d’ici ». Yenkim rit. « Et il porte toujours un bonnet », ajoute-t-elle avant de se moquer d’elle-même. « Moi, chaque fois que je vois une ficelle dans la rue, je me dis: oh, un serpent! »« Sommes-nous toujours heureux? Si nous voulons un jour un enfant, resterons-nous vivre ici? » s’interroge Yenkim. « Ce n’est pas parce que nous suivons une trajectoire différente que n’avons pas de tels projets en tête. Nous recevons aussi régulièrement des enfants. Nous aimerions vraiment élever un enfant ici pendant 4 ou 5 ans, puis nous verrons bien », poursuit-il. « Quoi qu’il en soit, le Costa Rica semble un environnement fantastique pour y passer les premières années de sa vie. » Misha conclut: « Nous avons confiance. Même quand ça arrivera, nous trouverons une solution qui nous conviendra. »
Texte d’Arkasha Keysers et Emilie Van de Poel
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