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5 questions à Charlotte Abramow sur son clip pour Brassens #GirlPower

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Charlotte Abramow, photographe et réalisatrice belge, sort aujourd’hui le clip du magnifique titre “Les Passantes” de Georges Brassens. Une ode à toutes les femmes qu’on aime!


 

Quelle folie… réaliser le clip d’un artiste défunt, du cultissime George Brassens. Mais qui mieux que Charlotte Abramow, talent brut de tout juste 24 ans (qu’on connaît notamment pour avoir conçu les 2 premiers clips d’Angèle), pour relever le challenge de dédier une vidéo “à toutes les femmes qu’on aime”? Toutes, dans leur diversité la plus totale, leurs beautés multiples, leurs particularités, leurs charmes et leurs bizarreries. Sans jamais se dérober de la poésie et de la sensualité du texte d’Antoine Pol, Charlotte réussit toutefois à l’envelopper d’un féminisme contemporain, en montrant ce qu’une société peine encore à montrer de la femme: la femme et sa peau d’orange, la femme et ses règles, la femme et sa ride du lion, la femme et ses gants de boxe. Car plus que jamais, ce sont aussi ces attributs qui font de nous de si belles passantes, qui passent pour ne jamais s’arrêter dans une case. Rencontre avec Charlotte Abramow.

 

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Comment est né ce clip?


“Le cerveau qui a eu l’idée de ce projet est celui de Christophe Coffre, qui est le Président de Création du groupe Havas Paris. Il avait, depuis plusieurs années, cette idée de faire revivre de vieilles chansons françaises mythiques un peu oubliées dans les tiroirs. Constatant qu’à l’heure actuelle, la musique se consommait beaucoup de manière visuelle pour nos générations (le clip a une vraie importance aujourd’hui, la musique s’écoute sur Youtube,…), il s’est dit qu’il serait intéressant de donner à de jeunes réalisateur.rice.s l’opportunité d’interpréter visuellement les chansons de l’époque et a soumis l’idée à Universal. Je trouve que c’est une idée fantastique, moi qui fantasmais des clips sur des chansons du siècle passé ! J’aime beaucoup cette initiative car il y a un retour au passé, une ré-interprétation du passé. On ré-injecte cela dans le monde d’aujourd’hui et on constate quel hybride artistique et social cela peut donner, et quel écho cela peut avoir aujourd’hui. Cela donne également un nouveau souffle aux chansons et permet de les faire (re)découvrir aux plus jeunes.

La première chanson de la liste qui a été choisie fut « Les Passantes » de Georges Brassens. Elle semblait évidente en terme d’actualité pour les femmes et par rapport au harcèlement et à la prise de conscience générale qui s’opère en ce moment.


Les groupes Havas et Universal étaient à la recherche d’une réalisatrice afin de lui donner la parole en images et de lui laisser carte blanche. Je suis très heureuse d’avoir pu honorer cette carte blanche et je remercie tout le monde pour la confiance qui m’a été attribuée.”

 

Réaliser un clip pour un artiste défunt est une démarche particulière. En quoi était-elle différente?


“C’est vrai que ça n’est pas anodin ! C’est même surprenant, déroutant. J’ai toujours aimé les clips où l’artiste n’est pas forcément présent et laisse place à une histoire, à des images,… J’ai beaucoup aimé les clips de Sia, « Chandelier » et « Elastic Heart » où la place était laissée à cette fabuleuse jeune danseuse, Maddie Ziegler. Ici, je me suis vraiment concentrée sur ce que m’évoquait la chanson avant tout, et le thème de la femme. Pour moi, la présence de Brassens est très forte dans le clip car c’est sa voix qui nous narre l’histoire et nous guide de tableau en tableau… Je suis honorée d’avoir pu faire un clip d’un artiste aussi intéressant et reconnu, bien que les années nous séparent et qu’il n’est malheureusement plus de ce monde.

Au final, j’ai même un pincement au cœur de savoir qu’il ne verra jamais le clip. Je me suis en quelque sorte réapproprié la chanson et j’ai mis les femmes en avant, dans des tableaux symboliques, esthétiques et engagés.


 

 

Avais-tu un objectif particulier, un message à faire passer avec ce clip?


“C’était important pour moi de représenter un maximum de femmes possibles sur quatre minutes et quelques. De les montrer aussi dans l’action, de montrer différents métiers,… L’objectif de ce clip est une invitation à s’ouvrir l’esprit et à la tolérance. Déconstruire certains clichés avec humour, et titiller certains mécanismes de pensées que l’on peut tous avoir sans s’en rendre compte, des préjugés, et inviter les gens à se questionner sur ces schémas de pensées.

Pourquoi trouve-t-on dérangeant de voir des corps gros ? Ou des femmes qui se battent ? Ou des taches de règles ?


Mon but est de questionner, faire sourire, faire réfléchir, et proposer un regard bienveillant et tolérant sur la Femme.”

 

 

Comment as-tu choisi les différentes intervenantes?


“Je fonctionne vraiment au coup de coeur, à des visages qui m’inspirent, m’intriguent,… La diversité m’inspire, et j’adore voir beaucoup de gens, beaucoup de femmes, beaucoup de physiques différents. J’ai presque un côté collectionneur je crois ! Pour les filles et femmes du clip, c’est un mélange de pleins de choses.

D’abord, il y a des femmes que je connaissais personnellement, et que j’ai même déjà pris en photo, notamment Claire Laffut, Marion Séclin ou encore Claudette, la vieille dame qui danse à la fin de la vidéo. Il y avait tout un tas de femmes avec qui j’avais envie de faire quelque chose depuis longtemps, même un simple portrait, dont une fille que j’ai castée dans le métro.


Et puis j’ai lancé des appels à candidature sur Facebook et Instagram concernant tous types de femmes, tous âges. Ça laisse le champ des possibles plutôt ouvert ! J’ai reçu énormément de mails, et j’ai retenu les filles et femmes qui m’inspiraient le plus et qui pouvaient élargir mon panel de diversité. Il y a plusieurs filles qui sont venues de Belgique pour le tournage (qui avait lieu à Paris). Tous les personnages du clip sont venus bénévolement, prouvant leur implication dans le projet et je les remercie tous ici pour leur générosité et leur présence. Ça a vraiment été une expérience humaine incroyable, cela a permis plein de chouettes rencontres entre les filles sur les plateau, il y avait une super ambiance et beaucoup d’émotions. Une vraie chaleur humaine. ”

 

Te décris-tu comme féministe?


“Je suis féministe, oui. Le féminisme me tient très à coeur car je le considère comme un combat de société pacifique qui ne cherche qu’à faire le bien autour de lui. Il est important de préciser qu’il existe en fait plusieurs féminismes car il existe des divergences entre les féministes sur les raisons des inégalités et sur les moyens de lutter contre.

Mais c’est au final une affaire qui nous lie tous, quel que soit notre genre, car c’est un mouvement qui veut faire évoluer les liens sociaux pour parvenir à un monde libre, égalitaire et tolérant.


C’est important pour moi car les femmes sont encore victimes d’une dévalorisation générale, et surtout de violences sexuelles. Le féminisme défend les droits humains tout simplement.”

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