7 raisons de foncer dévorer la série The Crown sur Netflix (même si on se fiche de la monarchie britannique)
Immense succès auprès du public et véritable perle télévisuelle, The Crown est un ovni Netflix à ne surtout pas laisser filer. Jeu d’acteurs aussi juste que profond, lumière et décors époustouflants et scénario brillant, la série fascinera les dingues d’intrigues historiques et, plus impressionnant encore, même ceux qui n’éprouvent pas le moindre intérêt pour le trône britannique.
Car Elisabeth, c’est nous
La série commence en 1947, la princesse Élisabeth a 21 ans et s’apprête à épouser Philip Mountbatten, un prince grec. Elle est jeune, presque insouciante malgré son héritage royal et se réjouit de s’unir à l’homme qu’elle aime et de fonder une famille dans l’opulence de la noblesse britannique. Les premières années passent et l’avenir s’annonce doux à mesure que le couple devient parent de leurs deux premiers enfants Charles et Anne et redécore la maison royale de Clarence House. Élisabeth ignore que son père, le roi George VI est atteint d’un cancer en phase terminale. Lorsque celui-ci meurt brutalement en 1952, la princesse se retrouve alors investie souveraine et soumise à l’étiquette imposée par son statut avec une extrême violence. Terminée l’époque des choix, de la légèreté et de l’existence personnelle. Elle est progressivement broyée par le protocole et étouffée par le symbole. Et on ne peut que s’imaginer à sa place, subissant le poids d’un destin que l’on n’aurait pas choisi et ne pouvant se dérober à un rôle dont on ne veut pourtant pas.
Car les questions posées y sont féministes et modernes
Derrière le statut de monarque du Royaume-Uni qu’a Élisabeth II, il y a le dilemme auquel toute femme pourrait être soumise. Comment concilier vie de femme, de mère et vie professionnelle? Surtout quand celle-ci implique d’immenses responsabilités et de nombreux devoirs. Comment trouver le temps, comment ne pas céder à la culpabilité ou au contraire ne pas finir par délaisser totalement ceux que l’on aime, emporté par l’emprise de la mission que l’on s’est fixée? La Reine est d’ailleurs confrontée aux reproches de son mari qui la trouve trop distante, trop peu impliquée, trop absorbée par son rôle, au mépris de leur famille. Élisabeth doit aussi faire face au regard hautain et parfois méprisant des hommes de pouvoir qui l’entourent, elle qui évolue dans des cercles intellectuels et politiques encore exclusivement masculins ou presque. Et qui se voit traitée avec condescendance du fait de son jeune âge comme de son identité de femme. Et si plus de 70 ans séparent son époque de la nôtre, force est de constater que la réalité n’a pas tant évoluée.
Car c’est l’histoire de tout un pays
En toile de fond comme au premier plan des deux premières saisons de The Crown, il y a la Grande-Bretagne de l’après Seconde-Guerre mondiale. Un état victorieux mais marqué et blessé par la guerre, qui peine à se remettre financièrement. Et un gigantesque Empire qui progressivement tombe en ruine. On y découvre donc un pays qui se débat entre modernité et gloire passée et entre amour de la monarchie et envie de renouveau. Un pays qui découvre la télévision et qui veut dépoussiérer les traditions y compris ce qui concerne ses souverains. On assiste aussi à des crises et des accidents dramatiques, comme le grand smog de Londres, qui recouvrit la ville et ses alentours d’un brouillard toxique, chargé de dioxyde d’azote causant près de 12.000 morts en 4 jours. Une fenêtre sur le passé par laquelle il est fascinant de regarder.
Car couronne ou pas, les difficultés sont celles de toutes les familles
Disputes conjugales, peur d’être abandonné, trahi ou trompé, crainte d’être moins aimé par l’un de ses parents, conflits entre sœurs, perte d’un être aimé... Une fois retiré le vernis monarchique et enlevé robes d’apparats et étiquette guindée, les membres des Windsor souffrent et se débattent comme tout à chacun, entre amour et désavoeu, mesquinerie et générosité, doutes et solitude. En une foule de sentiments universels, qui nous touchent tant ils font écho à ce que l’on peut vivre.
Car on a tous grandit avec Lady Di, Charles ou William
Que l’on se soit intéressé aux intrigues de la famille royale britannique ou pas, les figures de ses membres sont une part de notre patrimoine personnel. Qui n’a pas découvert les images de la voiture de Diana encastrée dans le tunnel de l’Alma? Qui n’a pas, même vaguement, vu grandir les princes William et Harry? Or, les drames comme les réussites des Windsor ces vingt dernières années prennent leur source dans le cheminement parcouru par la monarchie depuis le début du règne d’Élisabeth II. Si aujourd’hui, elle nous évoque surtout une vieille souveraine un brin folklorique avec ses chapeaux et tenues couleurs bonbons, elle a incroyablement contribué à transformer et moderniser la couronne. La connaître à vingt ans, c’est aussi l’opportunité de mieux comprendre le désastre qu’a pu signifier pour elle la rébellion de Lady Di lorsqu’elle a choisi de quitter Charles qui la trompait depuis des années. Et la possibilité de percevoir d’où vient ce côté froid et austère qui la caractérisent aujourd’hui. C’est aussi lever le voile sur le vécu de Charles, fils aîné de la reine, souvent critiqué pour son manque d’empathie et que l’on découvre comme un petit garçon délaissé par des parents absents, partis parfois durant de très nombreux mois et forcé de se construire seul. Une vision inédite et sans fards de la monarchie.
Car sans cette époque, il ne pourrait y avoir Meghan et Harry
Aujourd’hui personne ne s’émeut de voir le fils cadet du Prince Charles et frère du futur monarque britannique épouser une roturière et qui plus est une divorcée. Mais il n’en a pas toujours été ainsi et les scandales amoureux ont agités la famille Windsor, manquant a plusieurs reprises de la détruire. La série nous raconte ainsi le destin d’Edouard VIII, le frère de George VI père d’Élisabeth, à qui l’Eglise et le gouvernement refusaient d’épouser Wallis Simpson, une divorcée américaine qu’il aimait et qui préféra abdiquer plutôt que d’accepter de la perdre. Elle nous montre aussi le drame vécu par Margaret, sœur d’Élisabeth, qui dû renoncer à s’unir au capitaine Peter Towsend, lui aussi divorcé. Et plus récemment Charles qui dût patienter trente ans avoir d’avoir enfin le droit de se marier avec Camilla Parker Bowles, sa maitresse de toujours qui avait connu un autre union. Le vent de modernité actuel symbolisé par le mariage de Meghan et Harry a été durement acquis par toutes ces histoires sentimentales brisées ou contrariées sur l’autel des traditions et de l’étiquette.
Car c’est un bijou esthétique
Tout dans The Crown semble se jouer entre lumière et ombre. Entre un éclat qui s’attache aux personnages et leur offre leur sublime et une obscurité qui semble par moment leur seule compagne. On se laisse aussi entrainé presque hypnothisé à travers ces décors d’un autre temps, qui semblent figé dans le luxe et le passé. Dans les coulisses d’un monde lointain qui continue de susciter curiosité et questions. Et l’on se surprend a se demander si tout y est resté en place depuis. Si le papier peint est le même, si les lieux font toujours aussi froids et peu chaleureux. A imaginer ce que c’est que de vivre dans les meubles de ses parents, grands-parents et arrières-grands-parents.
On reste encore un peu devant notre télé:
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