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Flair Book Club: « Chavirer » de Lola Lafon, un buzz mérité?

Julie Braun
Julie Braun Journaliste

« Chavirer » de Lola Lafon était l’un des romans les plus attendus de la rentrée littéraire. À sa sortie, il a fait le buzz, porté par la vague #MeToo. On a voulu en savoir plus en se plongeant dans sa lecture. 

Le résumé


Nous sommes en 1984. Cléo, 13 ans, vit en banlieue parisienne. À son cours de modern jazz, elle est approchée par une femme élégante. Celle-ci lui confie l’avoir repérée. Elle lui propose de tenter de décrocher une bourse de la mystérieuse Fondation Galatée. Seuls les talents d’exception, qui en veulent vraiment, ont la possibilité de l’obtenir. Elle lui donne un aperçu d’un monde de luxe et de culture auquel la jeune fille n’a habituellement pas accès. Elle la couvre de cadeaux. Mais ensuite vient le temps du jury. Cléo rencontre des hommes mûrs, lors de “déjeuners”. Et ce qui devait être une fabuleuse opportunité se révèle un piège tendu par des pédophiles. Ces hommes la trouvent « à croquer ». Et puis, il y a les doigts « comme des insectes agacés exaspérés de ne pas réussir à aller là où ils s’acharnaient à aller quand même. »

Cléo sent que ce n’est pas normal, mais elle n’ose pas parler, dévorée par la honte. Elle devient alors un rouage de cet horrible engrenage : elle attire elle-même d’autres victimes. Des années plus tard, Cléo est danseuse. Mais le passé la hante.

Et en 3 mots-clés ?


#MeToo

#viol

#puissant

Pourquoi on a adoré “Chavirer”


Lola Lafon aborde le sujet grave de la pédophilie, du viol, avec beaucoup de sensibilité et de pudeur. Sans tomber dans le graveleux ou le voyeurisme. Elle décrit magnifiquement bien les mécanismes mis en place. Comment on abuse d’un enfant. Comment on le fait chavirer dans le doute. Comment on peut le pousser à une sorte de complicité coupable. Mais aussi comment s’ancre la culpabilité et comment on peut vivre avec ce poids. C’est magnifiquement bien écrit. On est tenu en haleine. Buzz absolument mérité.

À qui ça va plaire ?


À celles qui ont envie d’entendre la voix de celles que l’on n’entend pas : les victimes « imparfaites » et qui se sentent coupables. Mais aussi à toutes celles qui aiment les ambiances profondes, les personnages à la psychologie riche, qui ne sont pas tout noirs ou tout blancs.

« Chavirer » est paru chez Actes Sud – 352 pages – 20,50 €. Vous pouvez lire les premières pages sur le site de l’éditeur.

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