Christine and The Queens: ““Les choses n’ont pas vraiment changé pour la femme””
Désormais sans ses Queens, Chris se réinvente, revendique son désir et exploite les 1001 facettes de la féminité dans un brillant second opus.
Pourquoi changer de nom de scène?
Je voulais marquer le passage d’un chapitre à un autre. J’ai grandi, quelque chose a changé en moi même si, au fond, je suis toujours la même femme. Je n’ai pas effacé le “… tine & The Queens”. J’ai barré ces deux mentions. Je ne renie pas ce que j’étais.
Ce changement de nom s’accompagne d’un changement de look…
A force de travailler sur scène, j’ai vu mon corps changer. J’ai réalisé que j’étais plus forte, plus courageuse que ce que je ne pensais. J’ai gagné en confiance en moi et je me suis épanouie dans une nouvelle forme de féminité. J’ai choisi un costume qui m’intéressait. J’ai un look plus macho, presque androgyne qui, paradoxalement, me permet de montrer mon corps de femme. Une femme qui porte une chemise ouverte à travers laquelle on devine la naissance de ses seins, je trouve ça beau.
Accepter qui l’on est, ça change une vie. On peut aimer plus librement, on s’autorise plus de choses.”
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Ce nouvel album, c’est celui de l’affirmation de soi?
Oui, parce qu’à côté de cette force physique, je me suis découvert une vraie force de caractère. C’est la fin de la honte, de la peur. Le début de quelque chose qui va me permettre de me libérer. Accepter qui l’on est, ça change une vie. On peut aimer plus librement, on est plus indulgent avec soi-même, on s’autorise plus de choses.
#MeToo, c’est la conférence de presse d’une violence patriarcale qui s’abat sur nous depuis qu’on est nées. Depuis que j’ai 13 ans, je me fais emmerder dans la rue.”
Sur ce disque, vous évoquez sans détours votre sexualité et votre désir…
Parce que la femme ne doit pas uniquement se sentir désirée. Désirer l’autre, c’est une façon d’exister différemment. Les choses n’ont pas vraiment changé pour les femmes. On nous refuse toujours une certaine complexité, une forme de frontalité. On se sent toujours obligées de s’excuser. On a l’impression de devoir rendre des comptes. Chez l’homme, la sexualité, le désir actif, fécond sont valorisés. On m’a dit que mon album surfait sur la vague du mouvement #MeToo mais je suis née dans ce mouvement. Le mouvement #MeToo, c’est la conférence de presse d’une violence patriarcale qui s’abat sur nous depuis qu’on est nées. On a rendu public ce qu’on vit depuis toujours. Depuis que j’ai 13 ans, je me fais emmerder dans la rue.
Mon côté androgyne effraye certains hommes, qui se sentent émasculés, et en attire d’autres qui se sentent déstabilisés et excités par une femme qui leur semble plus puissante qu’eux.”
Sur le titre Bruce est dans le brouillard, vous prenez aussi le parti des hommes…
Oui, parce que si les femmes sont enfermées dans des cases, les hommes le sont aussi. Ils doivent taire leur sensibilité, ils ne peuvent pas pleurer. J’ai eu des histoires d’amour intéressantes avec des gars très machos qui, à mes côtés, s’autorisaient à explorer leur féminité. Mon côté androgyne effraye certains hommes, qui se sentent émasculés, et en attire d’autres qui se sentent déstabilisés et excités par une femme qui leur semble plus puissante qu’eux.
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Votre rapport à l’argent a également changé…
L’argent est entré dans ma vie et m’a rappelé, encore davantage, d’où je venais. Mes parents sont issus de la classe ouvrière. Ils se sont émancipés grâce à l’école et sont devenus professeurs. Il me semblait important de parler de la circulation de l’argent, de sa façon de transformer la sincérité des rapports. Qui achète quoi? Pour qui? Jusqu’à quand? Je me suis retrouvée au restaurant avec des hommes qui refusaient de me laisser payer l’addition parce qu’ils ne voulaient pas se faire inviter par une fille… Alors qu’on savait tous les deux que je pouvais payer plus qu’eux. J’avais envie de lui dire: “Laisse-toi aller, laisse-toi te faire inviter!” Je ne suis pas une flambeuse, je suis allergique aux soirées mondaines, au côté “entre soi”.
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Chris, par Christine and the Queens est disponible partout. En concert le 12/10 à Forest National. Infos et rés.: ici.
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