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314 professeurs s’engagent à ne plus enseigner que le masculin l’emporte sur le féminin

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

En France, 314 membres du corps professoral ont décidé de ne plus enseigner à leurs élèves que le masculin l’emportait sur le féminin, au nom de l’écriture inclusive. Génial ou ridicule?


 

Cela fait un moment que l’écriture inclusive, ou le fait de rendre le genre féminin plus visible dans la langue française – fait débat en France. En 2015, le Haut Conseil à l’égalité entres femmes et hommes recommandait une communication publique (et donc scolaire) sans stéréotype de sexe, grâce à l’écriture inclusive. Des recommandations entendues par les éditions Hatier, qui ont publié un manuel scolaire utilisant ce type d’écriture. Selon ce type d’écriture, le point milieu permet par exemple d’accorder en genre et en nombre les noms des fonctions, ou les titres. Par exemple: chroniqueur·euse”, “chercheur·e”, “président·e”.

 

314 professeurs s’engagent


Selon les défenseurs de l’écriture inclusive, la langue influencerait notre schéma de penser. Du coup, en apprenant que le masculin l’emporte toujours sur le féminin, l’enfant intégrerait également cette idée en général… C’est la raison pour laquelle 314 membres du corps professoral français ont décréter cesser d’enseigner cette règle, en signant une tribune publiée par Slate.

 

D’autres solutions existent


A la place, les signataires ont décidé d’enseigner l’accord de proximité (on accorde avec le substantif le plus proche), de majorité (on accorde selon la majorité) ou l’accord au choix (bah… on choisit). Leur motivation? Cette règle, récente, du masculin qui l’emporte sur le féminin, a été créée pour des raisons politiques, et non pas selon une volonté de faciliter la langue. D’ailleurs, dans la Grammaire Générale de Beauzée, publiée en 1767, on pouvait lire

Le masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle.


Un argumentaire qui a de quoi hérisser les poils, n’est-ce pas?

De plus, continuer à enseigner cette règle revient à créer des schémas qui encouragent les inégalités hommes-femmes. Ce qui peut avoir de lourdes conséquences sur la santé mentale des jeunes. Ainsi, selon une étude menée sur 450 préadolescents dans 15 pays, ces stéréotypes de genre ancrés chez les enfants d!s l’âge de 10 ans, peuvent augmenter le risque de dépression, de suicide ou de violence chez les adolescents.

 

Et en Belgique?


Chez nous, le débat fait également son bout de chemin. Depuis 1993, un décret impose aux autorités publiques francophones de féminiser leurs textes officiels. La Fédération Wallonie-Bruxelles encourage l’écriture inclusive au sein de ses services, à travers un guide réédité en 2014 pour la troisième fois. Pour la ministre francophone des Droits des femmes, Isabelle Simonis, interviewée par Le Soir:

Le langage et la communication font partie intégrante de l’instauration d’une égalité réelle entre les femmes et les hommes. La féminisation par la forme est nécessaire mais pas suffisante: il faut aussi et surtout éduquer les enfants et les jeunes à l’égalité.


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